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Focus sur le Magal de Touba : Entre surenchère politicienne, satisfécits de troubadours et la réalité sociale du citoyen lambda.

Dimanche 4 Novembre 2018

Touba, la cité du mouridisme nous montre à l’occasion de chaque Magal l’image d’un pays réconcilié avec lui – même le temps d’une ferveur religieuse. Touba, également  la cité de Cheikhoul Khadim où tous les politiciens se donnent rendez –vous en vue d’une partd e montrer au peuple et quoique ce dernier puisse penser d’eux,  qu’ils restent à jamais enracinés dans les valeurs du mouridisme et d’autre part solliciter auprès du khalife général des prières tout en espérant obtenir sa bénédiction, un gage de succès à la veille d’une élection capitale, la présidentielle du 24 Février 2019.Ne nous y trompons pas, cette valse des politiciens à Touba peut être considérée toute proportion gardée à un exercice de communication politique afin de s’attirer la sympathie des talibés mourides.
 
Derrière chaque entrevue avec les dignitaires mourides se cache une volonté politicienne d’essayer de convaincre de leur disponibilité à l’égard de Touba et ce qu’il représente aux yeux des dépositaires du legs de Cheikhoul Khadim, pour accompagner le khalife général à résoudre tous les problèmes existentiels de ses habitants. Et chacun y livre une litanie de promesses au-delà même du possible afin de séduire l’élite mouride comme si cette dernière n’est pas en mesure de comprendre le jeu de dupes des politiciens sur le dos du peuple.
 
Formuler des engagements fermes  et pourquoi pas ne pas les honorer sur le tard pour qui connaît la versalité de nos politiciens professionnels en vue d’obtenir les faveurs du Khalife général pour un second mandat ou pour son élection au soir du 24 Février 2019 n’est en aucune manière conforme à l’esprit républicain ni aux charges de droiture, d’équité et de loyauté à l’ensemble du corps social sénégalais qui incombent à n’importe quel aspirant à la magistrature suprême du pays.
 
Cette surenchère politicienne pitoyable en vue de tromper le peuple sur vos motivations profondes est le summum de l’indécence et de l’irresponsabilité. Un président de la République ou un quelconque autre candidat ne peut pas se contenter de la satisfaction d’une élite n’importe laquelle eu égard aux privilèges qu’elle bénéficie alors que la majorité de nos compatriotes ne se retrouve pas dans sa gestion clientéliste du pouvoir.
 
Les troubadours et autres thuriféraires zélés du président Macky Sall sautent de joie à travers leurs différentes sorties intempestives sur l’autoroute ILA Touba pour magnifier sa vision et sa volonté de doter la Cité de Cheikhoul Khadim d’une infrastructure routière de nouvelle génération et s’hasardent même à l’instar du transhumant Mamadou Bamba Ndiaye en vue d’en tirer une conclusion hâtive sur la réélection du président Macky Sall. Soit ! Les jeux ne sont pas encore faits et la réélection du président Macky Sall ne saurait reposer uniquement sur l’ouverture de l’autoroute ILA Touba. D’autres critères d’appréciation vont inéluctablement impacter le choix des électeurs de Touba même et au-delà de l’ensemble du corps social sénégalais.
 
En effet, au-delà de l’instrumentalisation du l’ouverture de l’autoroute ILA Touba à la veille du Magal et à titre gratuit, d’autres citoyens sénégalais s’interrogent à juste titre sur son coût exorbitant comparé à d’autres infrastructures du même genre construites au Maroc par exemple dans une zone de montagne et d’autres sur sa rentabilité financière.  Des questions simples de gestion efficiente de nos ressources publiques que nos autorités ne parviennent  pas sans langue de bois à éclairer la lanterne des citoyens. La mouvance présidentielle et ses répondeurs automatiques qui pullulent le net évitent ce débat et se focalisent uniquement sur la visibilité de l’infrastructure. Et pourtant, le président Macky Sall et ses hommes de main savent pertinemment que le montage financier de l’autoroute ILA Touba sera passé  au crible comme d’autres de ses projets comme le TER une fois son départ de la tête du pays afin de mettre à nu sa gestion scabreuse de nos ressources publiques.
 
Et sur les critères d’appréciation de l’action du président Macky Sall, les citoyens sénégalais ne vont pas manquer de mettre en relief sa légèreté à quémander sa réélection au près du khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké au point d’oublier de solliciter des prières pour la Paix et l’entente cordiale entre les différentes communautés en vue d’assurer le développement socio-économique du pays de la Teranga.  Mais non ! Le président Macky n'est en vérité intéressé  que par sa réélection. Pourtant, un Chef de l’Etat qui a bien travaillé et qui a bien géré le pays de manière éthique et responsable ne doit nullement se soucier de son bilan. Cela doit sauter aux yeux. Les citoyens sénégalais ne sont pas insouciants au point de sanctionner un homme et un régime qui se sont dévoués corps et âme pour préserver les intérêts supérieurs de la nation et qui ne militent pas en faveur d’une gestion clanique du pouvoir.
 
En attendant, le sort du citoyen lambda peut attendre hélas encore et longtemps même !
Pourtant, ce même citoyen et parfois disciple de Cheikhoul Khadim peut être meurtri par les fausses notes qui ont marqué la visite du président Macky Sall à Touba.
 
Son ignorance en tant que talibé mouride de la signification du Magal de Touba en passant par son audace de travestir les écrits de Cheikhoul Khadim pour quelqu’un qui lit de surcroît un discours devant le khalife et devant d’autres dignitaires.  Pourquoi diable, le président Macky Sall ne se contente pas de ce qu’il  sait faire ? Pourquoi vouloir coûte que coûte réciter un vers du khassaide de Serigne Touba en arabe alors qu’il en ignore même les bases au point d’être la risée de nos compatriotes sur les réseaux sociaux ? Pourquoi d’ailleurs lire un discours préparé par ses conseillers à Touba ? Est–ce par méconnaissance ou par peur de faire hors sujet ? De toutes façons, ce moment de son discours restera à jamais gravé dans la mémoire des disciples même  de Cheikhoul Khadim qu’il tente de séduire par tous les moyens. Pourquoi se priver de discourir tout simplement  dans la langue de cokk barma afin d’exprimer la quintessence de sa pensée sur le fondateur du mouridisme. L’assistance ne demandait pas mieux pour qui sait lire entre les liens et n’est nullement intéressée par votre érudition. Les talibés et autres citoyens sénégalais vous attendent sur d’autres questions liées à la santé publique, à l’insalubrité grandissante dans nos villes, à l’accès à l’eau potable, au chômage endémique des jeunes, aux assassinats sauvages perpétrés sur nos compatriotes au Sénégal même et également à l’étranger,  aux crises récurrentes dans les secteurs de l’enseignement et de la santé. Discourir, c’est bien. Mais, il faut savoir de quoi on parle afin de ne pas s’en mêler les pinceaux.
 
Pourtant, les mots ne manquent pas et le président Macky Sall est entouré de conseillers qui connaissent parfaitement l’histoire de Cheikhoul Khadim pour qui veut se passer pour un vrai mouride…. La fourberie ne saurait en aucune manière prendre le dessus sur la simplicité  et l’humilité.
Et que dire de son gestuel inapproprié à monsieur Mor Ngom qui lui a juste rappelé un code de conduite ancré dans la conscience de chaque talibé mouride qui consiste à retirer ses chaussures dans le périmètre de la mosquée de Touba et même le porte parole du khalife général, le marabout Serigne Bass Abdou Khadre n’a pas dérogé à la règle au lieu de gesticuler pour montrer son mécontentement et de continuer allègrement son chemin comme si sa conduite en l’occurrence était normale. Un président de la République ne doit en aucune manière se donner des ailes au point de manifester un comportement qui ressemble à bien des égards à un mépris ou à un je-m’en-foutisme inqualifiable qui ne sied pas au lieu. Un hôte doit toujours garder à l’esprit qu'il reste toujours un hôte en dépit de sa position dans la stratification sociale afin de ne pas dépasser les limites de l’acceptable.
 
Autre fait majeur marquant le Magal de Touba et largement relayé par les réseaux sociaux,  la voiture présidentielle en panne de carburant dans une zone mal éclairée et surtout pour un Sénégal Émergent.  Et la planification dans tout ça ? Personne ne vérifie si les conditions matérielles sont réunies pour assurer un bon déplacement du président de la République. Une telle erreur n’est possible que dans nos républiques bananières en raison même d’un laxisme déplorable qui sévit à tous les niveaux de la société.
 
En marge également du Magal de Touba et à la suite du rappel à Dieu de sa défunte mère,  que le Seigneur des mondes lui couvre de sa miséricorde,  le marabout Serigne Modou Kara Mbacké ne s’est pas privé devant une assistance venue partager sa douleur de se lancer également dans une surenchère politicienne pour annoncer sa volonté de réunir 1 million de parrains le 11 Novembre 2018 en vue d’assurer la victoire au candidat Macky Sall dès le premier tour avec 60% des voix. Collecter autant de parrains en si peu de temps est matériellement impossible. Et si le marabout Serigne Modou Kara Mbacké détenait réellement un million de parrains prêts à suivre ses consignés de vote, pourquoi ne se présente-t-il pas directement à l’élection présidentielle du 24 Février 2019 en vue de matérialiser sa vision  ou son programme BAMBA FEPP au lieu de faire la promotion d’un homme qui ment de manière éhontée au peuple et qui ne cesse de revenir sur ses engagements les plus solennels pour se maintenir encore au pouvoir. Cherchez l’erreur.
 
Autre image de bétail qui se dirige vers le fief de Bethio Thioune et les repas à perte de vue pour montrer ses moyens financiers exorbitants à la face du monde pour un pays où des citoyens sénégalais surtout dans le Ferlo vivent dans des conditions humiliantes et où la famine frappe à nos portes. Il faut savoir raison garder et de ne pas se lancer dans la surenchère. Offrir de la nourriture à ses compatriotes en ces moments de ferveur religieuse est certes une bonne chose, mais tout excès est nuisible et en porte à faux avec les enseignements du Seigneur des mondes. Toute cette manne financière pouvait permettre de résoudre beaucoup de problèmes dans la Cité même de Touba. L’esprit de partage est encore fortement ancré dans la conscience de chaque habitant de Touba.
 
Malgré tous ces écarts et toute cette volonté de puissance de certains politiciens ou autres responsables, le discours de clôture du porte parole du khalife général des mourides Serigne Bass Abdou Khadre reste centré sur la bonne vie que chaque personne doit s’évertuer à suivre afin de se conformer à l’enseignement de Serigne Touba qui n’est autre que l’accomplissement de son devoir envers Dieu, envers ses semblables, à la communauté,  au don de soi, à la bonté, à l’amour de la vérité, au partage, au respect de la parole donnée,  à la compassion envers les plus démunis de la société, à assurer la garantie d’une justice impartiale pour ainsi rappeler à l’attention  des disciples et au-delà à l’ensemble des citoyens sénégalais,  mieux à nos gouvernants que la voie du succès est dans la recherche de la satisfaction des recommandations du Seigneur des mondes et non dans les combines et autres tractations infâmes sur le dos du peuple des sans voix.
 
Ce peuple des sans voix et aux conditions de vie insupportables doit être au cœur de l’attention  des autorités de la République pour une répartition plus juste et plus équitable de nos ressources publiques.  On ne peut pas vouloir s’ériger en disciple de Cheikhoul Khadim tout en continuant à bafouer les droits les plus élémentaires de ses compatriotes. C'est ignorer réellement le sens de la doctrine de Serigne Touba.
 
massambandiaye2012@gmail.com
 
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