Toujours pas de premier ministre un mois et demi après les élections législatives en France : le président Emmanuel Macron a exclu lundi l’option d’un gouvernement de gauche et annoncé de nouvelles consultations « avec les responsables des partis » et des « personnalités ».
À l’issue d’une première série de rencontres depuis vendredi avec les partis politiques, M. Macron a écarté l’option d’un gouvernement « sur la base du seul programme et des seuls partis » du Nouveau Front populaire (NFP).
Un tel exécutif « serait immédiatement censuré par l’ensemble des autres groupes représentés à l’Assemblée nationale » et « la stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option », écrit la présidence dans un communiqué.
M. Macron a exhorté socialistes, écologistes et communistes à « coopérer avec les autres forces politiques », sans nommer La France insoumise (LFI, gauche radicale) avec laquelle ces derniers ont formé l’alliance de gauche du NFP, arrivée en tête des élections législatives mais sans majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Une façon de leur demander de se désolidariser de LFI. Aussitôt, le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a jugé sur X que le président venait de « créer une situation d’une exceptionnelle gravité ».
« La réplique populaire et politique doit être rapide et ferme » et une « motion de destitution » de M. Macron « sera déposée » à l’Assemblée, a-t-il ajouté.
Autre dirigeant des Insoumis, Manuel Bompard a dénoncé sur la chaîne BFMTV « un coup de force antidémocratique tout à fait inacceptable qui se fait sur la base d’une argumentation qui n’a aucun sens », assurant qu’ils n’iront « pas participer à une nouvelle tentative de consultation ».
Pas plus que les communistes, leur dirigeant Fabien Roussel appelant à « une grande mobilisation populaire » dans « les jours prochains ».
Le président français a pourtant bien annoncé lundi soir « un nouveau cycle » de discussions à partir de mardi pour trouver un premier ministre, avec les responsables des partis et « des personnalités se distinguant par l’expérience du service de l’État et de la République ».
« Ma responsabilité est que le pays ne soit ni bloqué, ni affaibli. » (Emmanuel Macron, président français, dans un communiqué)
Menaces de censure
Combien de temps vont durer ces prolongations ? La désignation d’un premier ministre n’est « pas exclue » cette semaine, mais pas garantie non plus, glisse désormais un conseiller de l’exécutif.
Le calendrier est serré : Emmanuel Macron, qui a plusieurs rendez-vous diplomatiques cette semaine, doit assister mercredi à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, avant de s’envoler pour une visite en Serbie jeudi et vendredi.
L’hypothèse d’un gouvernement de gauche a été écartée du fait des menaces de censure des autres formations politiques.
Les représentants du camp présidentiel, de la droite et de l’extrême droite, après avoir répété des semaines qu’ils ne voulaient pas de ministres insoumis, admettent désormais que c’est le programme même du NFP qu’ils rejettent.
Celui-ci prévoit notamment la hausse du salaire minimum, de nouveaux impôts pour les plus riches et surtout de revenir sur la réforme des retraites, texte phare du deuxième quinquennat Macron.
L’hypothèse alternative d’un gouvernement de centre droit, privilégiée par le président, se heurte elle aussi à de nombreux obstacles et demeure tributaire de l’abstention des députés d’extrême droite à l’Assemblée.
Un blocage qui dure alors que le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, gère les affaires courantes depuis déjà 41 jours, du jamais-vu en France depuis l’après-guerre. Et que l’exécutif devra présenter un budget avant le 1er octobre et le faire voter avant la fin de l’année. [AFP]