«Il ne faut jamais dire jamais!» Dès la cérémonie d’investiture d’Emmanuel Macron, en mai dernier, François Hollande avait prévenu. Qu’on ne compte pas sur lui pour disparaître. Quatre mois après ce qui n’était donc qu’un au revoir, on va revoir l’ancien locataire de l’Elysée dans un décor flashy qui a de quoi ringardiser les ors du palais d’Evreux. Comme aurait pu dire François Mitterrand, c’est dans la très «chébran» Station F que l’ancien chef de l’Etat fait son retour. Dans cet incubateur parisien, au milieu des start-up pouponnées par le patron de Free Xavier Niel, François Hollande ne va pas jouer les «jeunes pousses», non. A 63 ans, dont quarante passés à faire de la politique, l’ex-chef de l’Etat vient plutôt écrire la première page d’un site qui pourrait s’appeler «Le retour.fr».
François Hollande y prend la présidence de «La France s’engage», une fondation qu’il avait lui-même mise sur orbite il y a trois ans avec deux de ses proches, les anciens ministres Patrick Kanner et Martin Hirsch. L’objectif: promouvoir, grâce à des subsides et des fonds privés, des projets sur l’éducation, le développement durable, la solidarité, la santé. Une manière surtout pour «l’ex» de continuer à exister.
Autopromo
Il n’aura pas fallu que s’écoule un été pour qu’il sorte de son silence. A Arles, en juillet, il cède à l’autopromo: «Je laisse une situation qui, je crois, pourra être utile à mon successeur.» Alors que les indicateurs économiques repassent au vert, le Corrézien joue de la métaphore agricole en observant le champ de la reprise: «Le temps de la récolte arrive!»
A Angoulême, en août, il en remet une couche, à destination directe d’Emmanuel Macron cette fois. «Il ne faut pas demander aux Français des sacrifices qui ne seraient pas utiles», professe-t-il, alors que son ancien élève s’apprête à dégainer sa réforme du travail. Au moment du départ, Nicolas Sarkozy mimait la seringue que l’on retire du bras. «Pas d’addiction», jure au contraire Hollande. Quoique? «Quand on a eu de telles responsabilités, on ne décroche pas», concède Didier Guillaume, patron du groupe PS au Sénat.
Depuis qu’il a quitté le pouvoir, l’ancien président crèche dans un grand bureau qui domine le jardin des Tuileries, à Paris. A sa disposition, sept collaborateurs, deux chauffeurs, un service de protection et une retraite de 15 000 euros. Mais l’argent ne l’excite pas davantage que l’appartement ou la maison que ses proches cherchent pour lui à Paris ou en Corrèze pendant qu’il loge chez sa compagne, Julie Gayet. Ses visiteurs racontent que seule la politique continue de l’enivrer. Il passe des coups de fil, suit les premiers pas des nouveaux députés. Le PS, en ruine depuis la déflagration électorale, fait aussi l’objet de toutes ses attentions.
Revenir à la tête de ce parti qu’il a dirigé pendant onze ans? Pas question, bien sûr. Quand on a été à la barre du bateau France, on ne redescend pas dans la cale. L’accueil qui lui avait été réservé au moment de son départ augure d’ailleurs du peu d’enthousiasme que cela déclencherait. Depuis, le concert des amabilités n’a d’ailleurs pas cessé. «Est-ce que je souhaite qu’il revienne? Non!» a évacué Benoît Hamon. «Pas spécialement!» a balayé tout aussi sèchement Anne Hidalgo, la maire de Paris que beaucoup voient postuler à la présidentielle de 2022.
«Etre utile à la gauche»
Au dire de ses proches, Hollande ne se verrait pas revenir à l’Elysée mais voudrait seulement être utile à la gauche. «Pour lui, la social-démocratie ne doit pas disparaître», dixit son ancien conseiller Vincent Feltesse. Alors que le PS jouera sa survie lors d’un congrès au début de l’an prochain, l’ancien président n’entend tout simplement pas laisser le parti dans n’importe quelles mains. Mieux vaudrait à ses yeux l’un de ses héritiers (les anciens ministres Matthias Fekl ou Najat Vallaud-Belkacem, mais l’un comme l’autre ont perdu leur mandat aux dernières législatives) qu’un «gauchiste» frondeur.
Dans l’immédiat, François Hollande prépare un livre pour, dit-on, réhabiliter son quinquennat. Persuadé que l’histoire lui rendra hommage. Il donnera aussi des conférences à l’étranger dont la première aura lieu au Portugal début novembre. Il y croisera un autre vétéran de la vie politique, l’ancien vice-président américain Al Gore, candidat malheureux à la Maison-Blanche en 2000. Des conférences bénévoles, fait savoir son entourage. Une manière automatique de se démarquer de son adversaire épidermique de toujours, Nicolas Sarkozy. © Le Soir
François Hollande y prend la présidence de «La France s’engage», une fondation qu’il avait lui-même mise sur orbite il y a trois ans avec deux de ses proches, les anciens ministres Patrick Kanner et Martin Hirsch. L’objectif: promouvoir, grâce à des subsides et des fonds privés, des projets sur l’éducation, le développement durable, la solidarité, la santé. Une manière surtout pour «l’ex» de continuer à exister.
Autopromo
Il n’aura pas fallu que s’écoule un été pour qu’il sorte de son silence. A Arles, en juillet, il cède à l’autopromo: «Je laisse une situation qui, je crois, pourra être utile à mon successeur.» Alors que les indicateurs économiques repassent au vert, le Corrézien joue de la métaphore agricole en observant le champ de la reprise: «Le temps de la récolte arrive!»
A Angoulême, en août, il en remet une couche, à destination directe d’Emmanuel Macron cette fois. «Il ne faut pas demander aux Français des sacrifices qui ne seraient pas utiles», professe-t-il, alors que son ancien élève s’apprête à dégainer sa réforme du travail. Au moment du départ, Nicolas Sarkozy mimait la seringue que l’on retire du bras. «Pas d’addiction», jure au contraire Hollande. Quoique? «Quand on a eu de telles responsabilités, on ne décroche pas», concède Didier Guillaume, patron du groupe PS au Sénat.
Depuis qu’il a quitté le pouvoir, l’ancien président crèche dans un grand bureau qui domine le jardin des Tuileries, à Paris. A sa disposition, sept collaborateurs, deux chauffeurs, un service de protection et une retraite de 15 000 euros. Mais l’argent ne l’excite pas davantage que l’appartement ou la maison que ses proches cherchent pour lui à Paris ou en Corrèze pendant qu’il loge chez sa compagne, Julie Gayet. Ses visiteurs racontent que seule la politique continue de l’enivrer. Il passe des coups de fil, suit les premiers pas des nouveaux députés. Le PS, en ruine depuis la déflagration électorale, fait aussi l’objet de toutes ses attentions.
Revenir à la tête de ce parti qu’il a dirigé pendant onze ans? Pas question, bien sûr. Quand on a été à la barre du bateau France, on ne redescend pas dans la cale. L’accueil qui lui avait été réservé au moment de son départ augure d’ailleurs du peu d’enthousiasme que cela déclencherait. Depuis, le concert des amabilités n’a d’ailleurs pas cessé. «Est-ce que je souhaite qu’il revienne? Non!» a évacué Benoît Hamon. «Pas spécialement!» a balayé tout aussi sèchement Anne Hidalgo, la maire de Paris que beaucoup voient postuler à la présidentielle de 2022.
«Etre utile à la gauche»
Au dire de ses proches, Hollande ne se verrait pas revenir à l’Elysée mais voudrait seulement être utile à la gauche. «Pour lui, la social-démocratie ne doit pas disparaître», dixit son ancien conseiller Vincent Feltesse. Alors que le PS jouera sa survie lors d’un congrès au début de l’an prochain, l’ancien président n’entend tout simplement pas laisser le parti dans n’importe quelles mains. Mieux vaudrait à ses yeux l’un de ses héritiers (les anciens ministres Matthias Fekl ou Najat Vallaud-Belkacem, mais l’un comme l’autre ont perdu leur mandat aux dernières législatives) qu’un «gauchiste» frondeur.
Dans l’immédiat, François Hollande prépare un livre pour, dit-on, réhabiliter son quinquennat. Persuadé que l’histoire lui rendra hommage. Il donnera aussi des conférences à l’étranger dont la première aura lieu au Portugal début novembre. Il y croisera un autre vétéran de la vie politique, l’ancien vice-président américain Al Gore, candidat malheureux à la Maison-Blanche en 2000. Des conférences bénévoles, fait savoir son entourage. Une manière automatique de se démarquer de son adversaire épidermique de toujours, Nicolas Sarkozy. © Le Soir