De nombreuses personnes franchissant illégalement la frontière entre le Mexique et son voisin américain tombent entre les mains de puissantes organisations de trafic de drogue, qui les dépouillent ou les contraignent à travailler pour elles.
Au-delà du drame humanitaire, le flux ininterrompu de migrants qui traversent le Mexique pour gagner les États-Unis met en lumière un trafic d’êtres humains qui génère des milliards de dollars. Ils arrivent à pied pour certains, en camions ou en train pour d’autres, après avoir échappé à de multiples embûches sur leur longue route.
Des rapports des Nations Unies font état de centaines de milliers de personnes qui franchissent illégalement la frontière longue de 3200 km entre le Mexique et son voisin américain.
Un «commerce» juteux puisque les revenus annuels engrangés par ceux que l’on surnomme les «coyotes» se chiffrent à quelque 4,2 milliards de dollars, selon des données de l’ONU réunies en 2018. En 2010, l’organisation estimait cette activité à 6,6 milliards de dollars.
Contrôle total des cartels
Dans cette région, cette activité lucrative est assujettie au contrôle total des puissantes organisations de trafic de drogue, même si celui que l’on nomme «enganchador», le premier maillon de la chaîne de migration, est souvent un simple voisin, dans un village reculé d’Amérique centrale.
Très pauvre, Juan Macías, un Hondurien de 35 ans, a dû verser 7000 dollars (environ 6400 francs) en mars à l’un de ces réseaux, une somme qu’il a pu réunir en empruntant à la famille et à des proches. «Tout passe par des organisations qui contactent des guides. Et puis, à la frontière, ce sont les cartels qui apparaissent», explique Juan à l’AFP, à l’abri dans un refuge de Ciudad Juarez au Mexique depuis qu’il a été refoulé hors des États-Unis.
Dans son groupe figurent une trentaine d’autres migrants. Pendant leur périple, ils sont passés entre les mains de huit personnes qui leur remettaient un code d’identification. «Ils ne disent rien d’autre que «Voici le code… Suivez-moi», raconte Juan, qui croule sous les dettes.
Des espoirs douchés par Biden
Mais Juan et ses compagnons d’infortune se refusent à baisser les bras. L’espoir de traverser la frontière par tous les moyens, y compris avec une échelle, reste vivace. Même s’il vient d’être douché par le président américain Joe Biden, qui a annoncé le retard de son projet d’augmenter le nombre de réfugiés admis aux États-Unis. De fait, le président américain a décidé de conserver le plafond historiquement bas de son prédécesseur Donald Trump, suscitant un tollé inédit chez les démocrates.
Les passeurs avaient trouvé dans le discours de Joe Biden dès son arrivée à la Maison-Blanche, «un prétexte à faire entrer davantage de personnes», notamment des femmes et des enfants, déclare Oscar Hernandez, un expert du Northern Border College. Le nombre de mineurs non accompagnés a ainsi doublé pour atteindre près de 19’000 le mois dernier.
Selon des statistiques publiées le 8 avril aux États-Unis, plus de 172’000 personnes ont été appréhendées en mars par les gardes-frontières américains entre le Mexique et les États-Unis, un record en 15 ans.
À l’origine, entre 1942 et 1964, ce trafic était contrôlé par des Mexicains qui aidaient les migrants à aller travailler aux États-Unis par des chemins de traverse illégaux. Mais au fil des ans, ceux-ci ont été remplacés par des organisations criminelles spécialisées qui ont mis en place «toute une chaîne allant de l’Amérique centrale aux États-Unis», explique Oscar Hernandez.
«Un commerce fondé sur l’offre et la demande»
Au cours de ce long et tortueux voyage, les migrants, véritables marchandises vivantes, sont «marqués» avec des bracelets de couleur portant leur nom et des inscriptions telles que «livraisons» ou «arrivées», selon l’ONU.
Osmerin Sarmiento, une Hondurienne de 24 ans et sa fille d’un an ont reçu un de ces bracelets, violet pour «voyage spécial». «Ils vous les mettent sur vous avant d’arriver à la rivière, et après votre passage, vous devez les enlever vous-même», ajoute-t-elle dans un refuge de Ciudad Juárez. Arrivée à Reynosa, Osmerin a finalement été expulsée le 12 avril avec 156 autres mères et leurs enfants.
Les narcos ont pris en main le trafic des migrants en 2009, en pleine opération militaire anti-drogue lancée par le président mexicain Felipe Calderón (2006-2012).
«C’est un commerce et, en tant que tel, il fonctionne sur la base de l’offre et de la demande», explique Javier Urbano, universitaire à l’Université ibéro-américaine. Les gangs dépouillent les migrants, se livrent à des extorsions ou les contraignent à travailler pour eux. «Nous avons répertorié aussi des cas extrêmes de meurtres», ajoute l’universitaire.
En 2010, 72 migrants ont été massacrés à San Fernando (Tamaulipas, est) apparemment pour avoir refusé de servir le gang sanguinaire Los Zetas, tandis que 16 Guatémaltèques et trois Mexicains ont été tués dans le même État en janvier dernier. (AFP)
Au-delà du drame humanitaire, le flux ininterrompu de migrants qui traversent le Mexique pour gagner les États-Unis met en lumière un trafic d’êtres humains qui génère des milliards de dollars. Ils arrivent à pied pour certains, en camions ou en train pour d’autres, après avoir échappé à de multiples embûches sur leur longue route.
Des rapports des Nations Unies font état de centaines de milliers de personnes qui franchissent illégalement la frontière longue de 3200 km entre le Mexique et son voisin américain.
Un «commerce» juteux puisque les revenus annuels engrangés par ceux que l’on surnomme les «coyotes» se chiffrent à quelque 4,2 milliards de dollars, selon des données de l’ONU réunies en 2018. En 2010, l’organisation estimait cette activité à 6,6 milliards de dollars.
Contrôle total des cartels
Dans cette région, cette activité lucrative est assujettie au contrôle total des puissantes organisations de trafic de drogue, même si celui que l’on nomme «enganchador», le premier maillon de la chaîne de migration, est souvent un simple voisin, dans un village reculé d’Amérique centrale.
Très pauvre, Juan Macías, un Hondurien de 35 ans, a dû verser 7000 dollars (environ 6400 francs) en mars à l’un de ces réseaux, une somme qu’il a pu réunir en empruntant à la famille et à des proches. «Tout passe par des organisations qui contactent des guides. Et puis, à la frontière, ce sont les cartels qui apparaissent», explique Juan à l’AFP, à l’abri dans un refuge de Ciudad Juarez au Mexique depuis qu’il a été refoulé hors des États-Unis.
Dans son groupe figurent une trentaine d’autres migrants. Pendant leur périple, ils sont passés entre les mains de huit personnes qui leur remettaient un code d’identification. «Ils ne disent rien d’autre que «Voici le code… Suivez-moi», raconte Juan, qui croule sous les dettes.
Des espoirs douchés par Biden
Mais Juan et ses compagnons d’infortune se refusent à baisser les bras. L’espoir de traverser la frontière par tous les moyens, y compris avec une échelle, reste vivace. Même s’il vient d’être douché par le président américain Joe Biden, qui a annoncé le retard de son projet d’augmenter le nombre de réfugiés admis aux États-Unis. De fait, le président américain a décidé de conserver le plafond historiquement bas de son prédécesseur Donald Trump, suscitant un tollé inédit chez les démocrates.
Les passeurs avaient trouvé dans le discours de Joe Biden dès son arrivée à la Maison-Blanche, «un prétexte à faire entrer davantage de personnes», notamment des femmes et des enfants, déclare Oscar Hernandez, un expert du Northern Border College. Le nombre de mineurs non accompagnés a ainsi doublé pour atteindre près de 19’000 le mois dernier.
Selon des statistiques publiées le 8 avril aux États-Unis, plus de 172’000 personnes ont été appréhendées en mars par les gardes-frontières américains entre le Mexique et les États-Unis, un record en 15 ans.
À l’origine, entre 1942 et 1964, ce trafic était contrôlé par des Mexicains qui aidaient les migrants à aller travailler aux États-Unis par des chemins de traverse illégaux. Mais au fil des ans, ceux-ci ont été remplacés par des organisations criminelles spécialisées qui ont mis en place «toute une chaîne allant de l’Amérique centrale aux États-Unis», explique Oscar Hernandez.
«Un commerce fondé sur l’offre et la demande»
Au cours de ce long et tortueux voyage, les migrants, véritables marchandises vivantes, sont «marqués» avec des bracelets de couleur portant leur nom et des inscriptions telles que «livraisons» ou «arrivées», selon l’ONU.
Osmerin Sarmiento, une Hondurienne de 24 ans et sa fille d’un an ont reçu un de ces bracelets, violet pour «voyage spécial». «Ils vous les mettent sur vous avant d’arriver à la rivière, et après votre passage, vous devez les enlever vous-même», ajoute-t-elle dans un refuge de Ciudad Juárez. Arrivée à Reynosa, Osmerin a finalement été expulsée le 12 avril avec 156 autres mères et leurs enfants.
Les narcos ont pris en main le trafic des migrants en 2009, en pleine opération militaire anti-drogue lancée par le président mexicain Felipe Calderón (2006-2012).
«C’est un commerce et, en tant que tel, il fonctionne sur la base de l’offre et de la demande», explique Javier Urbano, universitaire à l’Université ibéro-américaine. Les gangs dépouillent les migrants, se livrent à des extorsions ou les contraignent à travailler pour eux. «Nous avons répertorié aussi des cas extrêmes de meurtres», ajoute l’universitaire.
En 2010, 72 migrants ont été massacrés à San Fernando (Tamaulipas, est) apparemment pour avoir refusé de servir le gang sanguinaire Los Zetas, tandis que 16 Guatémaltèques et trois Mexicains ont été tués dans le même État en janvier dernier. (AFP)