Ce mardi 22 septembre, la Gambie a peut-être enterré une part essentielle des espoirs de renouveau démocratique nés de la chute de son ex-Président Yahya Jammeh. Une puissante «minorité» dite de blocage au sein de l’Assemblée nationale a en effet rejeté le projet de nouvelle Constitution qui était censé tourner la page de la dictature et installer le pays dans une troisième République. L’article 100 alinéa 2 de la nouvelle charte fondamentale qui devait limiter à deux le nombre de mandats du Président de la République est l’une des principales causes du rejet du projet. Au même titre que les dispositions concernant la mise en place d’institutions de régulation indépendantes et fonctionnelles, l’impunité dans la gestion des affaires publiques et des mécanismes de bonne gouvernance.
«Ce sont plus de deux années de travail et de consultations publiques inclusives qui risquent d’être annihilées ainsi. Ce projet de nouvelle Constitution n’est certes pas parfait mais il est le résultat de compromis dynamiques capables de doter la Gambie d’un nouveau socle démocratique qui la fait entrer dans une ère nouvelle. Il devait donner à tous les Gambiens des garanties en termes de bonne gouvernance et de séparation des pouvoirs, avec un accent particulier sur la promotion des jeunes et des femmes aux instances de décision politique», explique à Sputnik, dépitée, Fatou Jagne Senghor, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest d’Article 19, une ONG de défense de la liberté d’information et d’expression.
Après plusieurs jours de débats laborieux, seuls 31 députés ont approuvé le projet de nouvelle Constitution, contre 23 qui ont voté non. Pour être adopté, le texte devait obtenir 42 voix, soit la majorité absolue des deux tiers dans un hémicycle qui compte 58 parlementaires, a rappelé Mariama Jack Denton, la présidente de l’Assemblée nationale. L’alliance entre le carré de fidèles du Président Barrow et le groupe de nostalgiques liés à son prédécesseur Jammeh a torpillé le projet.
«Le système n’a pas bougé»
Principal mis en cause, le Président en exercice, Adama Barrow. Installé au pouvoir par les forces de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2017 après le refus de Yahya Jammeh de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2016, Barrow avait pourtant approuvé le projet de Constitution en Conseil des ministres. Cela faisait suite aux consultations nationales menées par le juge de la Cour suprême Tierno Sulayman Jallow. S’il avait été approuvé par les députés, le texte aurait été soumis à un référendum populaire en juin 2021.
Depuis son départ en exil en Guinée Équatoriale, Yahya Jammeh n’a jamais été aussi présent dans la vie politique et institutionnelle gambienne. Le Président Adama Barrow est accusé d’avoir recyclé pour son service personnel des personnalités de l’ancien régime proches de son prédécesseur. Les plus en vue sont Mam Bury Njie, ministre des Finances et des affaires économiques, et Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères. Tous les deux occupaient les mêmes postes sous l’ancien régime.
«Le système est resté le même. Les mêmes personnes qui étaient aux commandes sont encore en place pour la plupart. Cela rend impossibles de vraies réformes. Cette situation est révoltante pour tous ceux qui ont souffert de la dictature et des atrocités de Yahya Jammeh», se désolait la directrice régionale d’Article 19 lors d’un entretien avec Sputnik en mai dernier.
Dans l’exercice du pouvoir, le Président Barrow s’est libéré de plusieurs engagements électoraux dont celui de faire une présidence de transition de trois ans avant une nouvelle élection présidentielle. À l’étroit dans sa famille politique d’origine (Parti démocratique unifié) qui lui avait donné l’investiture pour affronter Yahya Jammeh, il a fondé en décembre 2019 le Parti national du peuple (NPP) pour porter ses ambitions. Une posture qui l’aurait poussé justement à faire barrage au projet de nouvelle Constitution par l’entremise de ses partisans députés.
https://fr.sputniknews.com/afrique/202009251044482506-gambie-ce-que-dit-lavortement-de-la-nouvelle-constitution-sur-les-intentions-du-president/
«Ce sont plus de deux années de travail et de consultations publiques inclusives qui risquent d’être annihilées ainsi. Ce projet de nouvelle Constitution n’est certes pas parfait mais il est le résultat de compromis dynamiques capables de doter la Gambie d’un nouveau socle démocratique qui la fait entrer dans une ère nouvelle. Il devait donner à tous les Gambiens des garanties en termes de bonne gouvernance et de séparation des pouvoirs, avec un accent particulier sur la promotion des jeunes et des femmes aux instances de décision politique», explique à Sputnik, dépitée, Fatou Jagne Senghor, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest d’Article 19, une ONG de défense de la liberté d’information et d’expression.
Après plusieurs jours de débats laborieux, seuls 31 députés ont approuvé le projet de nouvelle Constitution, contre 23 qui ont voté non. Pour être adopté, le texte devait obtenir 42 voix, soit la majorité absolue des deux tiers dans un hémicycle qui compte 58 parlementaires, a rappelé Mariama Jack Denton, la présidente de l’Assemblée nationale. L’alliance entre le carré de fidèles du Président Barrow et le groupe de nostalgiques liés à son prédécesseur Jammeh a torpillé le projet.
«Le système n’a pas bougé»
Principal mis en cause, le Président en exercice, Adama Barrow. Installé au pouvoir par les forces de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2017 après le refus de Yahya Jammeh de reconnaître sa défaite à la présidentielle de décembre 2016, Barrow avait pourtant approuvé le projet de Constitution en Conseil des ministres. Cela faisait suite aux consultations nationales menées par le juge de la Cour suprême Tierno Sulayman Jallow. S’il avait été approuvé par les députés, le texte aurait été soumis à un référendum populaire en juin 2021.
Depuis son départ en exil en Guinée Équatoriale, Yahya Jammeh n’a jamais été aussi présent dans la vie politique et institutionnelle gambienne. Le Président Adama Barrow est accusé d’avoir recyclé pour son service personnel des personnalités de l’ancien régime proches de son prédécesseur. Les plus en vue sont Mam Bury Njie, ministre des Finances et des affaires économiques, et Mamadou Tangara, ministre des Affaires étrangères. Tous les deux occupaient les mêmes postes sous l’ancien régime.
«Le système est resté le même. Les mêmes personnes qui étaient aux commandes sont encore en place pour la plupart. Cela rend impossibles de vraies réformes. Cette situation est révoltante pour tous ceux qui ont souffert de la dictature et des atrocités de Yahya Jammeh», se désolait la directrice régionale d’Article 19 lors d’un entretien avec Sputnik en mai dernier.
Dans l’exercice du pouvoir, le Président Barrow s’est libéré de plusieurs engagements électoraux dont celui de faire une présidence de transition de trois ans avant une nouvelle élection présidentielle. À l’étroit dans sa famille politique d’origine (Parti démocratique unifié) qui lui avait donné l’investiture pour affronter Yahya Jammeh, il a fondé en décembre 2019 le Parti national du peuple (NPP) pour porter ses ambitions. Une posture qui l’aurait poussé justement à faire barrage au projet de nouvelle Constitution par l’entremise de ses partisans députés.
https://fr.sputniknews.com/afrique/202009251044482506-gambie-ce-que-dit-lavortement-de-la-nouvelle-constitution-sur-les-intentions-du-president/