Le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (GIABA) a lancé, vendredi à Dakar, un projet régional de « Renforcement des capacités de lutte contre le blanchiment de capitaux en Afrique de l'Ouest » (Samwa, en anglais), d'un montant de plus de deux milliards FCFA.
Destiné à renforcer l'efficacité des Cellules de renseignements financiers et des assujettis en matière d'analyse des informations financières, le projet Samwa est financé par le l'Union européenne dans le cadre de son 10ème Fonds européen de développement (Fed) à hauteur d'un milliard 965 millions de FCFA pour la période 2015-2020. A la contribution de l'UE, s'ajoute celle du GIABA à hauteur de 393 millions de FCFA.
Les bénéficiaires de ce projet sont les 15 pays membres de la CEDEAO, notamment les acteurs du secteur financier, des institutions non financières, des entreprises et professions financières non-désignées des cellules de renseignements financiers, du secteur judiciaire, des organes de répression et de la société civile.
"Nous avons une claire compréhension que les enjeux sécuritaires et de paix de notre région, conjugués avec la forte aspiration de nos populations à un mieux-être social exigent de nous plus d'engagements, de dévouement, et surtout plus de responsabilité, de solidarité et un sens aigu du devoir de recevabilité », a indiqué Adama Coulibaly, Dg du GIABA.
« C'est pourquoi, a-t-il ajouté, j'invite les États bénéficiaires et Correspondants nationaux du Giaba à faire preuve de rigueur dans la gestion des activités qui leur seront confiées dans le cadre de ce projet".
Selon le GIABA, la lutte contre la criminalité financière et le financement du terrorisme nécessitent de solides systèmes juridique, réglementaire et institutionnel au niveau des États membres.
C'est pourquoi, le Samwa a été mis en place pour contribuer à l’installation de systèmes de lutte qui soient conformes aux normes internationales à travers notamment l'appui aux Cellules de renseignements financiers dans le processus d'adhésion au Groupe Egmont.
Il vise également à améliorer la qualité des dossiers et à accroître la sensibilisation des assujettis à leurs obligations de conformité.
Pour ce faire, le projet renforcera également la capacité des instances répressives et judiciaires à enquêter sur les affaires de blanchiment de capitaux et à recouvrer les avoirs illicites.
Pour Marc Boucey, chef de la coopération de l'UE au Sénégal, tous les pays ouest africains sont vulnérables au blanchiment de capitaux en raison notamment de l'importance de la corruption, de la place du secteur informel et de la prévalence des transactions en espèces dans l'économie.
"Indice visible de cette ampleur, les cellules de renseignements financiers d'Afrique de l'Ouest ont enregistré plus de 3000 déclarations de soupçons en 2015. Sur la même année, seules six condamnations pour blanchiment d'argent ont été prononcées", a indiqué Marc Boucey.
Suffisant pour qu'il estime que les enjeux de la lutte contre ce fléau sont d'abord sécuritaires car ils génèrent une augmentation du niveau des activités criminelles comme la fraude fiscale, le trafic de drogues et d'armes, mais ensuite économiques et sociaux. (APA-Dakar)