Paris - Les corps intermédiaires le matin, puis "la Nation" toute entière: après un quatrième épisode de fronde des "gilets jaunes", Emmanuel Macron s'adresse lundi aux Français dans l'espoir de faire, enfin, déboucher la crise sur une phase de dialogue.
Ce sera sans doute l'allocution la plus importante depuis le début de son mandat. Le président, qui s'exprimera publiquement à 20H00, pour la première fois depuis plus d'une semaine, va devoir "trouver des mots qui apaisent", a affirmé lundi le ministre des Finances Bruno Le Maire.
Cette prise de parole du chef de l'État intervient au surlendemain de l'acte IV des "gilets jaunes", avec quelque 136.000 manifestants samedi, et aussi un nombre record d'interpellations, plus de 320 blessés et encore des dégâts dans de nombreuses villes, particulièrement à Paris, Bordeaux et Toulouse.
La crise fera perdre 0,1 point de croissance à la France sur le dernier trimestre de cette année, a estimé Bruno Le Maire. La Banque de France a divisé par deux, à 0,2% contre 0,4% précédemment, le taux de croissance du PIB français pour le quatrième trimestre. "Ce n'est pas rattrapable, a reconnu le ministre. C'est la réalité. Celle des commerçants, des indépendants, qui ont vu leurs magasins samedi abîmés, vandalisés, pillés."
Pour calmer la colère, la majorité plaide lundi pour "accélérer" les baisses de taxes déjà engagées et associer davantage les Français à la conduite des affaires de l'État.
"Notre mandat, c'est la baisse des taxes", a insisté Stanislas Guerini, nouveau délégué général de La République en marche, jugeant que la majorité devrait "peut-être accélérer" sur ce terrain face aux revendications des manifestants.
- "Nouveau contrat social" -
Gilles Le Gendre, le chef de file des députés LREM, a abondé en plaidant pour "des mesures d'apaisement immédiates", "pas forcément très nombreuses", mais qui permettent d'"accélérer un certain nombre de mesures déjà sur la table".
Il a en outre appelé à mettre en oeuvre le "nouveau contrat social pour la France" proposé par Emmanuel Macron début 2018 autour des objectifs d'un "accord collectif sur l'écologie", de l'"accès aux services publics", et d'une réforme fiscale qui concilie "compétitivité du pays et justice sociale": "on ne restaurera pas l'ISF car c'est anti-économique, mais tout le reste peut-être sur la table", a-t-il dit, citant l'impôt sur le capital ou le patrimoine via la succession, et l'impôt sur le revenu.
"Et il y a une deuxième revendication très forte: le besoin de s'exprimer et que la décision publique demain ne se fasse plus sans les Français. Le président de la République va évoquer ces deux aspects", a complété le secrétaire d'État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi.
Avant son allocution à 20H00, M. Macron, entouré d'une bonne partie du gouvernement, a réuni en milieu de matinée à l'Élysée les présidents des associations d'élus locaux, du Sénat Gérard Larcher, de l'Assemblée Richard Ferrand et du CESE Patrick Bernasconi, en même temps que les cinq syndicats représentatifs (CGT, CFDT, FO, CFE-CGE et CFTC) ainsi que trois organisations patronales (Medef, CPME et U2P).
"Il va falloir frapper très fort en termes de réponses, il va falloir aussi beaucoup d'empathie", a estimé lundi peu avant la réunion à l'Élysée le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, attendant des "des mesures concrètes en termes de pouvoir d'achat et de fiscalité".
- "Justice sociale" -
L'un des objectifs du chef de l'État est de montrer le retour dans le jeu des corps intermédiaires.
Proche du Premier ministre Édouard Philippe, le maire de Bordeaux Alain Juppé a invité le président à "répondre concrètement à certaines attentes légitimes", à tenir "un discours d'autorité", mais aussi "de compréhension, d'empathie".
Sur le fond, Emmanuel Macron a jusqu'à présent affirmé qu'il entendait "changer de méthode" mais pas de "cap" économique. Des "macronistes historiques" militent pourtant pour un "tournant social" face aux "orthodoxes" budgétaires de Matignon et Bercy.
Un collectif de maires des Yvelines reçus vendredi à l'Élysée a également dit à M. Macron "que la méthode était catastrophique par rapport à l'objectif poursuivi depuis 2017", a indiqué leur porte-parole Karl Olive, maire LR de Poissy, qui "souhaite plus de justice et de justesse sociales".
Les ministres de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, proposent aussi d'encourager les entreprises à verser à leurs salariés une prime exceptionnelle de fin d'année, qui serait exonérée d'impôt.
Alors que les revendications des "gilets jaunes", parties de la hausse des taxes sur le carburant, se sont rapidement étendues à la cause du pouvoir d'achat, un "coup de pouce" au SMIC, c'est-à-dire une augmentation du salaire minimum supérieure à l'indice de l'inflation, semble en tous cas exclu. Selon Mme Pénicaud, une telle mesure détruirait des emplois.
Samedi, le pouvoir est parvenu à enrayer l'escalade tant redoutée des violences, au prix toutefois d'une mobilisation policière rarement vue - et difficile à reproduire -, et de près de 2.000 interpellations, dont un grand nombre avant même les manifestations.
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), a appelé lundi à "arrêter de manifester, parce qu'il ne faut pas abîmer l'image de la France".
Ce sera sans doute l'allocution la plus importante depuis le début de son mandat. Le président, qui s'exprimera publiquement à 20H00, pour la première fois depuis plus d'une semaine, va devoir "trouver des mots qui apaisent", a affirmé lundi le ministre des Finances Bruno Le Maire.
Cette prise de parole du chef de l'État intervient au surlendemain de l'acte IV des "gilets jaunes", avec quelque 136.000 manifestants samedi, et aussi un nombre record d'interpellations, plus de 320 blessés et encore des dégâts dans de nombreuses villes, particulièrement à Paris, Bordeaux et Toulouse.
La crise fera perdre 0,1 point de croissance à la France sur le dernier trimestre de cette année, a estimé Bruno Le Maire. La Banque de France a divisé par deux, à 0,2% contre 0,4% précédemment, le taux de croissance du PIB français pour le quatrième trimestre. "Ce n'est pas rattrapable, a reconnu le ministre. C'est la réalité. Celle des commerçants, des indépendants, qui ont vu leurs magasins samedi abîmés, vandalisés, pillés."
Pour calmer la colère, la majorité plaide lundi pour "accélérer" les baisses de taxes déjà engagées et associer davantage les Français à la conduite des affaires de l'État.
"Notre mandat, c'est la baisse des taxes", a insisté Stanislas Guerini, nouveau délégué général de La République en marche, jugeant que la majorité devrait "peut-être accélérer" sur ce terrain face aux revendications des manifestants.
- "Nouveau contrat social" -
Gilles Le Gendre, le chef de file des députés LREM, a abondé en plaidant pour "des mesures d'apaisement immédiates", "pas forcément très nombreuses", mais qui permettent d'"accélérer un certain nombre de mesures déjà sur la table".
Il a en outre appelé à mettre en oeuvre le "nouveau contrat social pour la France" proposé par Emmanuel Macron début 2018 autour des objectifs d'un "accord collectif sur l'écologie", de l'"accès aux services publics", et d'une réforme fiscale qui concilie "compétitivité du pays et justice sociale": "on ne restaurera pas l'ISF car c'est anti-économique, mais tout le reste peut-être sur la table", a-t-il dit, citant l'impôt sur le capital ou le patrimoine via la succession, et l'impôt sur le revenu.
"Et il y a une deuxième revendication très forte: le besoin de s'exprimer et que la décision publique demain ne se fasse plus sans les Français. Le président de la République va évoquer ces deux aspects", a complété le secrétaire d'État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi.
Avant son allocution à 20H00, M. Macron, entouré d'une bonne partie du gouvernement, a réuni en milieu de matinée à l'Élysée les présidents des associations d'élus locaux, du Sénat Gérard Larcher, de l'Assemblée Richard Ferrand et du CESE Patrick Bernasconi, en même temps que les cinq syndicats représentatifs (CGT, CFDT, FO, CFE-CGE et CFTC) ainsi que trois organisations patronales (Medef, CPME et U2P).
"Il va falloir frapper très fort en termes de réponses, il va falloir aussi beaucoup d'empathie", a estimé lundi peu avant la réunion à l'Élysée le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, attendant des "des mesures concrètes en termes de pouvoir d'achat et de fiscalité".
- "Justice sociale" -
L'un des objectifs du chef de l'État est de montrer le retour dans le jeu des corps intermédiaires.
Proche du Premier ministre Édouard Philippe, le maire de Bordeaux Alain Juppé a invité le président à "répondre concrètement à certaines attentes légitimes", à tenir "un discours d'autorité", mais aussi "de compréhension, d'empathie".
Sur le fond, Emmanuel Macron a jusqu'à présent affirmé qu'il entendait "changer de méthode" mais pas de "cap" économique. Des "macronistes historiques" militent pourtant pour un "tournant social" face aux "orthodoxes" budgétaires de Matignon et Bercy.
Un collectif de maires des Yvelines reçus vendredi à l'Élysée a également dit à M. Macron "que la méthode était catastrophique par rapport à l'objectif poursuivi depuis 2017", a indiqué leur porte-parole Karl Olive, maire LR de Poissy, qui "souhaite plus de justice et de justesse sociales".
Les ministres de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, proposent aussi d'encourager les entreprises à verser à leurs salariés une prime exceptionnelle de fin d'année, qui serait exonérée d'impôt.
Alors que les revendications des "gilets jaunes", parties de la hausse des taxes sur le carburant, se sont rapidement étendues à la cause du pouvoir d'achat, un "coup de pouce" au SMIC, c'est-à-dire une augmentation du salaire minimum supérieure à l'indice de l'inflation, semble en tous cas exclu. Selon Mme Pénicaud, une telle mesure détruirait des emplois.
Samedi, le pouvoir est parvenu à enrayer l'escalade tant redoutée des violences, au prix toutefois d'une mobilisation policière rarement vue - et difficile à reproduire -, et de près de 2.000 interpellations, dont un grand nombre avant même les manifestations.
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), a appelé lundi à "arrêter de manifester, parce qu'il ne faut pas abîmer l'image de la France".