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Guerre en Ukraine - Jour de l’indépendance sous tension après six mois de guerre

Mercredi 24 Août 2022

Six mois jour pour jour après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré mercredi que son pays se battrait « jusqu’au bout » pour reconquérir tout son territoire, dans un discours à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance ukrainienne vis-à-vis de l’URSS.
 
Ce Jour de l’indépendance intervient dans un contexte de forte tension, l’Ukraine redoutant de possibles « provocations russes répugnantes ». L’ambassade des États-Unis à Kyiv a également mis en garde contre de possibles bombardements russes « ces prochains jours » et exhorté les citoyens américains à quitter immédiatement le pays.
 
« Nous allons nous battre pour (notre terre) jusqu’au bout », a déclaré le chef de l’État ukrainien en précisant qu’il s’agissait de « l’Ukraine toute entière […] sans aucune concession ni compromis », englobant le bassin du Donbass (est), en partie aux mains des séparatistes soutenus par Moscou depuis 2014, et la Crimée, annexée par la Russie la même année.
 
« Qu’est-ce qui signifie pour nous la fin de la guerre ? Avant on disait “la paix”. Maintenant on dit “la victoire” », a-t-il lancé.
 
Après un semestre de guerre, avec des dizaines de milliers de morts et d’immenses destructions, cet anniversaire de l’indépendance acquise en 1991 vis-à-vis de l’URSS ne donnera pas lieu à festivités.
 
Les autorités de Kyiv, où deux sirènes antiaériennes avaient déjà retenti dans la matinée, ont interdit tout rassemblement public de lundi à jeudi dans la capitale, et dans le nord-est le gouverneur de la région de Kharkiv a ordonné un couvre-feu de mardi soir à jeudi matin.
 
Dans les premières heures de ce 24 août, des explosions ont retenti dans plusieurs villes, comme Kharkiv, Zaporijjia et Dnipro (centre), selon les autorités locales.
 
À Bakhmout (est), un civil a été tué au cours des dernières 24 heures, selon le chef du district
du Donetsk.  
 
« C’est triste à dire, mais les gens ont commencé à s’habituer, ils essaient de continuer à vivre de la même façon », raconte Mykola un soldat de 33 ans rencontré à Mykolaïv, une grande ville du sud du pays sur laquelle les missiles pleuvent quotidiennement.
 
Depuis le retrait des forces russes des environs de Kyiv fin mars, l’essentiel des combats s’est concentré dans l’est, où Moscou a lentement gagné du terrain avant que le front ne se fige, et dans le sud, où les troupes ukrainiennes disent mener une contre-offensive, également très lente. La Russie continue cependant de régulièrement viser les villes ukrainiennes à l’aide de missiles de longue portée, même si Kyiv et ses environs sont rarement touchés.
 
Allié de Moscou, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui a ouvert le territoire de son pays aux troupes russes pour qu’elles lancent l’assaut sur l’Ukraine le 24 février dernier, a néanmoins adressé mercredi un message de félicitation au peuple ukrainien pour sa fête nationale, lui souhaitant « un ciel pacifique » et appelant à un « renforcement des contacts amicaux ».
 
Nouvelle aide américaine
 
C’est à cette date hautement symbolique que les États-Unis devraient annoncer une nouvelle aide militaire d’environ 3 milliards de dollars à l’Ukraine, selon un responsable américain. Cette aide, la plus importante accordée à Kyiv par Washington depuis six mois, provient d’un fonds du Pentagone qui peut être utilisé pour des opérations immédiates ou pour l’acquisition d’armements.
 
L’enveloppe est différente d’un autre fonds qui permet au président Joe Biden d’ordonner le transfert immédiat à l’Ukraine d’armes, matériel et équipements à partir des stocks existants.
 
Vendredi, le Pentagone avait annoncé y puiser 775 millions de dollars, pour une nouvelle aide comprenant notamment des missiles supplémentaires pour les systèmes américains d’artillerie de précision Himars, qui ont « changé la donne sur le champ de bataille ».
 
Mardi, les Européens ont réaffirmé leur soutien à Kyiv lors du sommet de la « plateforme de Crimée », pré-existante à l’invasion du 24 février et réunissant les principaux alliés de l’Ukraine.
 
Le président français Emmanuel Macron a exhorté à ne faire montre d’« aucune faiblesse, d’aucun esprit de compromission » face à la Russie. Les Européens sont prêts à soutenir le « combat » de l’Ukraine « dans la durée », a-t-il assuré.
 
« Nous ne reconnaîtrons jamais aucune tentative de changement de statut de quelque partie de l’Ukraine que ce soit », a aussi affirmé le chancelier allemand Olaf Scholz, dont le pays va livrer à Kyiv pour environ 500 millions d’euros de nouveaux armements.
 
« Nous devons continuer à fournir à l’Ukraine toute l’aide nécessaire jusqu’à ce que la Russie mette fin à cette guerre et retire ses troupes de toute l’Ukraine », a renchéri le premier ministre britannique Boris Johnson.
 
Le président russe Vladimir Poutine mise sur « la réticence » des Européens à supporter les conséquences de la guerre et l’unité des États membres doit être « maintenue au jour le jour », a souligné le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, dans un entretien avec l’AFP.
 
« Réalité parallèle »
 
À l’ONU, le secrétariat général a appelé les belligérants à cesser toute activité militaire autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia (centre), tandis que Moscou et Kyiv se sont mutuellement accusés mardi de la mettre en péril.
 
L’ambassadeur russe Vassily Nebenzia a fustigé les Occidentaux qui « vivent dans une réalité parallèle dans laquelle l’armée russe bombarde elle-même le site qu’elle protège ».
 
« Personne ne peut imaginer que l’Ukraine viserait une centrale nucléaire en créant un risque énorme de catastrophe nucléaire sur son propre territoire », a rétorqué son homologue ukrainien Sergiy Kyslytsya.
 
À la demande notamment de Washington, Paris et Londres, une autre réunion du Conseil de sécurité est prévue mercredi matin pour marquer les six mois de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
 
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a discuté avec son homologue russe Sergueï Lavrov d’une inspection par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) du site de la centrale nucléaire.
 
Cette visite, destinée à « diminuer le risque d’un grave accident nucléaire en Europe », pourrait se dérouler « d’ici à quelques jours si les négociations en cours aboutissent », a indiqué le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
 
À Rome, le pape François a appelé mercredi à « écarter le risque d’un désastre nucléaire à Zaporijjia », dénonçant une nouvelle fois la « folie de la guerre ». (AFP)
 
 
 
 
 
 
 
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