Le chef des putschistes guinéens a tenté lundi de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers ainsi que ses concitoyens en déclarant que les nouveaux maîtres de Conakry respecteraient les contrats économiques et miniers et se garderaient de toute « chasse aux sorcières ».
Le comité désormais à la tête de ce pays important producteur de bauxite et de minerais « assure les partenaires qu’il respectera toutes ses obligations [ainsi que les] conventions minières, et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans le pays », a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya lors de sa première apparition en public au lendemain d’un putsch éclair.
Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya est un officier aguerri et instruit, soucieux de se démarquer de l’image de soudard incontrôlable accolée à de précédents putschistes dans ce pays à l’histoire mouvementée.
Enveloppé dans un drapeau guinéen, entouré de militaires casqués et armés, il a promis, lors d’une allocution à la télévision nationale, une révision consensuelle de la Constitution imposée au forceps en 2020 par M. Condé et une « transition inclusive et apaisée ».
« Il y a eu beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes », déplore l’officier, en référence à la répression sanglante des manifestations de l’opposition et de la société civile.
Il a promis l’installation d’un « gouvernement d’union nationale » chargé de conduire une « transition » politique. Ce gouvernement sera issu d’une « concertation » dont il n’a pas précisé les modalités, pas plus que la durée de la « transition ».
Le commandant des forces spéciales s’adressait en uniforme aux anciens ministres et présidents des grandes institutions, sommés d’honorer ce rendez-vous sous une vaste tente à l’extérieur au Palais du peuple, siège du Parlement, sous peine d’être considérés en état de « rébellion ».
Le coup d’État a été condamné par une bonne partie de la communauté internationale. Mais le nouvel homme fort du pays a été salué à son arrivée au Palais du peuple par des centaines de Guinéens accrochés aux grilles et criant « liberté, liberté ! » ou « vive l’armée ! ».
« Poursuite normale des activités »
Habituellement bouillonnante, la capitale s’est réveillée sous couvre-feu, avec nombre de magasins fermés, un palais présidentiel et des accès au centre-ville surveillés par des soldats armés.
Les forces spéciales disent avoir capturé le président Alpha Condé pour mettre fin à « la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique » ou encore « l’instrumentalisation de la justice [et] le piétinement des droits des citoyens », affirmant vouloir rendre « la politique au peuple ».
Une vidéo saisissante de M. Condé, diffusée par les putschistes, le montre calme, mais défait, en jeans et chemise ouverte dans un canapé. Les putschistes ont assuré qu’il était en bonne santé et bien traité.
Ils ont dissout du gouvernement des institutions et aboli la Constitution qu’avait fait adopter M. Condé en 2020 et dont il s’était servi pour briguer la même année un troisième mandat, malgré des mois de contestation meurtrière.
Ils ont annoncé un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes. Un message lu à la télévision guinéenne lundi matin a cependant fait état de la réouverture des frontières aériennes.
Ce coup de force, dernier en date en un an en Afrique subsaharienne après ceux au Mali et au Tchad, plonge dans l’incertitude l’un des pays les plus pauvres du monde, suscitant l’inquiétude des anciens tenants du pouvoir et les interrogations des partenaires.
La Guinée est l’un des premiers producteurs mondiaux de bauxite, principal minerai pour la production d’aluminium. Elle possède des gisements de fer, d’or et de diamant. Beaucoup de compagnies étrangères sont liées par contrat à la Guinée et Alpha Condé se targuait d’avoir attiré nombre d’entre elles.
Le comité assure « les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays », a dit le lieutenant-colonel Doumbouya. Il a demandé aux compagnies minières de continuer à travailler ; « à cet effet les frontières maritimes restent ouvertes pour les activités d’exportation ».
Le coup de force surprise de dimanche parachève des mois de grave crise politique et économique, aggravée par la pandémie de COVID-19, sous la présidence très personnalisée, autoritaire selon ses détracteurs, de M. Condé, au pouvoir depuis 2010, mais de plus en plus isolé.
Avertissement américain
Ce coup d’État s’inscrit dans l’histoire tourmentée de ce pays éprouvé malgré ses ressources minérales et hydrologiques considérables, dirigé pendant des décennies depuis l’indépendance de 1958 par des régimes autoritaires ou dictatoriaux, et coutumiers des actions brutales de ses forces armées.
Aucun décès n’avait cependant été rapporté officiellement après le putsch, malgré le crépitement intense des armes automatiques dans le centre de Conakry dimanche matin.
Aucun incident majeur n’a été signalé depuis et le lieutenant-colonel Doumbouya s’est employé à tranquilliser ses concitoyens.
Il a tancé les anciens ministres en leur intimant de rendre leurs documents de voyage et leur véhicule de fonction. Mais, a-t-il ajouté, « il n’y aura aucun esprit de haine ni de vengeance […] il n’y aura pas de chasse aux sorcières ».
L’apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a suscité une large réprobation internationale, du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’Union africaine en passant par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union européenne et la France.
Les États-Unis ont également condamné le coup d’État qui, ont-ils prévenu, pourrait « limiter » la capacité américaine à soutenir la Guinée.
Le président Condé s’était de plus en plus tourné vers la Chine, la Russie et la Turquie ces dernières années.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a appelé la population de Conakry à aller accueillir ses membres « qui seront libérés à partir de 11 h 30 » (locales et GMT).
Le comité désormais à la tête de ce pays important producteur de bauxite et de minerais « assure les partenaires qu’il respectera toutes ses obligations [ainsi que les] conventions minières, et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers dans le pays », a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya lors de sa première apparition en public au lendemain d’un putsch éclair.
Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya est un officier aguerri et instruit, soucieux de se démarquer de l’image de soudard incontrôlable accolée à de précédents putschistes dans ce pays à l’histoire mouvementée.
Enveloppé dans un drapeau guinéen, entouré de militaires casqués et armés, il a promis, lors d’une allocution à la télévision nationale, une révision consensuelle de la Constitution imposée au forceps en 2020 par M. Condé et une « transition inclusive et apaisée ».
« Il y a eu beaucoup de morts pour rien, beaucoup de blessés, beaucoup de larmes », déplore l’officier, en référence à la répression sanglante des manifestations de l’opposition et de la société civile.
Il a promis l’installation d’un « gouvernement d’union nationale » chargé de conduire une « transition » politique. Ce gouvernement sera issu d’une « concertation » dont il n’a pas précisé les modalités, pas plus que la durée de la « transition ».
Le commandant des forces spéciales s’adressait en uniforme aux anciens ministres et présidents des grandes institutions, sommés d’honorer ce rendez-vous sous une vaste tente à l’extérieur au Palais du peuple, siège du Parlement, sous peine d’être considérés en état de « rébellion ».
Le coup d’État a été condamné par une bonne partie de la communauté internationale. Mais le nouvel homme fort du pays a été salué à son arrivée au Palais du peuple par des centaines de Guinéens accrochés aux grilles et criant « liberté, liberté ! » ou « vive l’armée ! ».
« Poursuite normale des activités »
Habituellement bouillonnante, la capitale s’est réveillée sous couvre-feu, avec nombre de magasins fermés, un palais présidentiel et des accès au centre-ville surveillés par des soldats armés.
Les forces spéciales disent avoir capturé le président Alpha Condé pour mettre fin à « la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique » ou encore « l’instrumentalisation de la justice [et] le piétinement des droits des citoyens », affirmant vouloir rendre « la politique au peuple ».
Une vidéo saisissante de M. Condé, diffusée par les putschistes, le montre calme, mais défait, en jeans et chemise ouverte dans un canapé. Les putschistes ont assuré qu’il était en bonne santé et bien traité.
Ils ont dissout du gouvernement des institutions et aboli la Constitution qu’avait fait adopter M. Condé en 2020 et dont il s’était servi pour briguer la même année un troisième mandat, malgré des mois de contestation meurtrière.
Ils ont annoncé un couvre-feu et la fermeture des frontières terrestres et aériennes. Un message lu à la télévision guinéenne lundi matin a cependant fait état de la réouverture des frontières aériennes.
Ce coup de force, dernier en date en un an en Afrique subsaharienne après ceux au Mali et au Tchad, plonge dans l’incertitude l’un des pays les plus pauvres du monde, suscitant l’inquiétude des anciens tenants du pouvoir et les interrogations des partenaires.
La Guinée est l’un des premiers producteurs mondiaux de bauxite, principal minerai pour la production d’aluminium. Elle possède des gisements de fer, d’or et de diamant. Beaucoup de compagnies étrangères sont liées par contrat à la Guinée et Alpha Condé se targuait d’avoir attiré nombre d’entre elles.
Le comité assure « les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays », a dit le lieutenant-colonel Doumbouya. Il a demandé aux compagnies minières de continuer à travailler ; « à cet effet les frontières maritimes restent ouvertes pour les activités d’exportation ».
Le coup de force surprise de dimanche parachève des mois de grave crise politique et économique, aggravée par la pandémie de COVID-19, sous la présidence très personnalisée, autoritaire selon ses détracteurs, de M. Condé, au pouvoir depuis 2010, mais de plus en plus isolé.
Avertissement américain
Ce coup d’État s’inscrit dans l’histoire tourmentée de ce pays éprouvé malgré ses ressources minérales et hydrologiques considérables, dirigé pendant des décennies depuis l’indépendance de 1958 par des régimes autoritaires ou dictatoriaux, et coutumiers des actions brutales de ses forces armées.
Aucun décès n’avait cependant été rapporté officiellement après le putsch, malgré le crépitement intense des armes automatiques dans le centre de Conakry dimanche matin.
Aucun incident majeur n’a été signalé depuis et le lieutenant-colonel Doumbouya s’est employé à tranquilliser ses concitoyens.
Il a tancé les anciens ministres en leur intimant de rendre leurs documents de voyage et leur véhicule de fonction. Mais, a-t-il ajouté, « il n’y aura aucun esprit de haine ni de vengeance […] il n’y aura pas de chasse aux sorcières ».
L’apparent épilogue de plus de dix années de régime Condé a suscité une large réprobation internationale, du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’Union africaine en passant par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union européenne et la France.
Les États-Unis ont également condamné le coup d’État qui, ont-ils prévenu, pourrait « limiter » la capacité américaine à soutenir la Guinée.
Le président Condé s’était de plus en plus tourné vers la Chine, la Russie et la Turquie ces dernières années.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de mouvements politiques et de la société civile qui a mené la contestation contre le troisième mandat, a appelé la population de Conakry à aller accueillir ses membres « qui seront libérés à partir de 11 h 30 » (locales et GMT).