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Hamon veut s'attaquer à la concentration dans les médias

Jeudi 2 Mars 2017

PARIS (Reuters) - Le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon a déclaré jeudi qu'il s'attaquerait à la concentration dans les médias en France s'il était élu en mai, avec une loi fixant des plafonds de détention du capital et imposant une plus grande transparence.
 
Lors d'un colloque de l'Udecam (Union des entreprises de conseil et achat médias), Benoît Hamon a détaillé ses propositions pour un secteur des médias confronté selon lui à des difficultés économiques et à une crise de confiance face à la défiance croissante du grand public vis-à-vis du travail des journalistes.
 
Il a pris pour cible le rachat d'un nombre croissant de médias par de grands groupes industriels, dont certains dépendant de la commande publique de l'Etat.
 
Dans l'Hexagone, le milliardaire Patrick Drahi, propriétaire de l'opérateur SFR, a engagé une vaste offensive dans les médias en mettant notamment la main sur Libération, L'Express, BFM TV ou RMC, tandis que l'industriel Vincent Bolloré (Bolloré) a pris la tête de Vivendi, propriétaire des chaînes Canal+.
 
Le groupe de BTP et de construction Bouygues détient la première chaîne privée TF1, Dassault est propriétaire du Figaro et le groupe de luxe LVMH possède Les Echos et Le Parisien.
 
"Nous ne pouvons pas continuer si nous voulons améliorer la confiance qui est celle de nos concitoyens dans les médias et la qualité de l'information qu'ils délivrent avec des phénomènes de surconcentration des médias", a expliqué Benoît Hamon.
 
ÉLARGIR L'ASSIETTE DE LA REDEVANCE AUDIOVISUELLE
Il prévoit une loi anti-concentration, antitrust et transparence qui empêcherait qu'un groupe détienne plus de 40% du capital d'une entreprise de médias. Dans l'éventualité où un même groupe détiendrait plus de deux médias, la part au capital serait alors limitée à 20% pour ses autres actifs dans le secteur.
 
"Je souhaite que nous luttions contre la concentration dont on a bien vu les conséquences", a-t-il ajouté en ciblant à plusieurs reprises la direction de Canal+ et Vincent Bolloré.
 
"Je ne trouve pas que l'année fut particulièrement exemplaire de la part du groupe Bolloré à l'égard de Canal+ et d'iTélé", a-t-il dit.
 
Cette loi obligerait par ailleurs les médias à se montrer transparents sur leurs actionnaires, a précisé Benoît Hamon, en prenant à nouveau pour exemple un actif de Vincent Bolloré, le quotidien gratuit Direct Matin et ses articles fréquents sur Autolib, propriété du milliardaire breton.
 
Benoît Hamon s'est par ailleurs dit favorable à une suppression de la publicité à France Télévisions, tout en reconnaissant qu'elle était difficilement envisageable à court terme, et pour un élargissement de l'assiette de la redevance audiovisuelle.
 
Il a par ailleurs plaidé pour que Bpifrance contribue au financement de nouveaux médias, pour lequel il envisage un nouveau statut de société de média à but non lucratif.
"Où est la dimension économique dans le discours de Benoît Hamon ?", s'est interrogé le directeur général de Canal+ Maxime Saada lors du même colloque.
 
Il a souligné que les groupes français de médias étaient confrontés à la concurrence de groupes internationaux puissants et qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes fiscales et réglementaires.
 
"Moi, j'ai peur que le jardin à la française devienne un cimetière à la française", a abondé Gilles Pélisson, le PDG de TF1. "C'est-à-dire qu'il soit impeccablement rangé mais que petit à petit nos entreprises défaillent parce que la notion du champion français qui doit se battre dans un univers mondialisé apparaît très peu dans cette campagne."
 
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