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Il faut mettre l'euro en avant au plan international, déclare Centeno

Vendredi 12 Avril 2019

WASHINGTON (Reuters) - L'Europe se doit de mettre en avant le caractère international de l'euro pour se protéger de la domination du dollar et stabiliser le système monétaire international, a déclaré vendredi Mario Centeno, le président de l'Eurogroupe, organe des ministres des Finances de la zone euro.
 
"La tendance qu'a Washington à utiliser le dollar comme un complément des sanctions économiques et pour servir des ambitions internes et étroites ne laisse pas d'inquiéter", a dit Centeno vendredi au Reinventing Bretton Woods Committee.
 
"Les fondations du système monétaire international vacillent car les monnaies servent d'appui à des intérêts nationaux à la définition restrictive; pour certains observateurs, ce système où le dollar détient une position dominante et incontestée ne demande plus qu'à être réformé".
 
L'Union européenne (UE) a poussé la réflexion plus loin l'an passé sur le rôle de l'euro après que le président américain Donald Trump eut décidé de dénoncer l'accord sur le nucléaire iranien passé en 2015; les sanctions internationales sur l'Iran avait été levées en échange d'une limitation de son programme nucléaire.
 
Même si la décision de Washington est unilatérale, la conséquence directe est que les entreprises européennes ne peuvent faire des affaires avec l'Iran au risque de se retrouver écartées des marchés américains et des systèmes de paiement internationaux en représailles.
 
Pour Centeno, on pourrait imager un système à monnaies de réserve multiples où le dollar serait mis en concurrence par exemple avec l'euro et le yuan chinois.
 
Un tel dispositif améliorerait le fonctionnement du système monétaire international et serait moins exposé aux fluctuations du dollar car il offrirait la possibilité de diversifier les réserves de change, estime le président de l'Eurogroupe.
 
L'euro représente 36% environ des paiements internationaux, juste derrière le dollar qui est à près de 40%, mais pour ce qui est des transactions de change, il est loin derrière le dollar, avec des parts respectives de 16% et 44%, a observé Centeno.
 
Le dollar est la monnaie de réserve par excellence, représentant 62% des réserves de change mondiales, tandis que l'euro est à 20%.
 
"On craint de plus en plus en Europe d'être exposé au risque que le pouvoir du dollar dominant puisse être employé contre nos intérêts; la conséquence évidente de l''America First' est que les autres arriveront second au mieux", a encore dit Centeno.
 
"Nous avons le sentiment que nous ne pouvons nous fier qu'à nous-mêmes et à notre monnaie et c'est ce qui motive cette volonté sans cesse affirmée de renforcer le rôle international de l'euro".
Mais pour cela, les 19 pays de la zone euro doivent d'abord réaliser leur union bancaire en acceptant un mécanisme européen de garantie des dépôts et en mettant en place une union des marchés de capitaux, a poursuivi Centeno.
 
Il faut aussi un budget pour la zone euro, actuellement en discussion, et créer un instrument de dette ayant la garantie de tous les pays de la zone euro et dont le marché soit suffisamment liquide, idée qui suscite actuellement l'opposition farouche de plusieurs pays de la zone euro.
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