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Inquiets d’un repli de l’aide américaine, les Européens envoient un signal à Zelensky

Jeudi 5 Octobre 2023

Zelensky avec Borrel, le Haut représentant de la diplomatie de l'Union européenne
Zelensky avec Borrel, le Haut représentant de la diplomatie de l'Union européenne

Réunis à Grenade autour de Volodymyr Zelensky, les dirigeants européens ont envoyé jeudi un signal sur un accroissement de l’aide militaire à Kyiv face aux craintes d’une réduction du soutien américain en raison de la crise politique à Washington.

 

Enchaînant les réunions bilatérales, le président ukrainien a reçu de son homologue français Emmanuel Macron la promesse d’un soutien « sans faille […] aussi longtemps qu’il le faudra » et de Berlin celle d’un nouveau système américain de défense antiaérienne Patriot.

 

Mais même s’ils promettent plus d’aides, les Européens n’ont pas vocation à se substituer aux Américains, a averti le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, en arrivant à ce troisième sommet de la Communauté politique européenne.  

 

« L’Europe augmente son aide », avec un paquet de 50 milliards d’euros en discussions, mais « est-ce que l’Europe pourra combler le vide laissé par les États-Unis ? Évidemment, l’Europe ne peut remplacer les États-Unis », qui sont de loin les premiers fournisseurs d’armement à l’Ukraine, a insisté l’Espagnol.

 

Seule note discordante dans cette unanimité européenne autour du président ukrainien, la Slovaquie a annoncé jeudi geler ses décisions sur l’aide militaire à l’Ukraine, dans l’attente de la constitution du futur gouvernement de Robert Fico, considéré comme prorusse.

 

« Situation dangereuse »

 

Dans un entretien avec quelques médias, dont l’AFP, Volodymyr Zelensky a reconnu que la crise politique aux États-Unis était « dangereuse » pour l’Ukraine, mais que Kyiv était « prête à (l’)affronter ».

 

Il a toutefois assuré disposer d’un soutien « bi-partisan » à Washington et indiqué « espérer que les États-Unis et l’Europe soient de nouveau aux côtés de l’Ukraine » en vue de sortir de cette crise.

 

La poursuite de l’aide américaine à Kyiv est suspendue à l’issue de la crise politique en cours à Washington, qui a entraîné mardi l’éviction du chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, en raison d’une fronde de l’aile droite de son parti opposée au déblocage de fonds pour l’Ukraine.

 

Car si le Congrès n’adopte pas, d’ici un mois et demi, un budget annuel comportant une nouvelle enveloppe pour l’Ukraine, Washington ne pourra la soutenir que « quelques mois » encore, selon la Maison-Blanche.  

 

Le président russe Vladimir Poutine a, lui, estimé que l’Ukraine n’aurait qu’« une semaine à vivre » sans les livraisons d’armes occidentales.

 

Flop sur le Haut-Karabakh

 

Très attendu sur le Haut-Karabakh, deux semaines après l’offensive éclair des forces azerbaïdjanaises qui a poussé la quasi-totalité de la population arménienne à fuir, ce sommet de la Communauté politique européenne n’aura pas tenu ses promesses.

 

Une rencontre entre le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, devait en être l’un des points d’orgue.

 

Mais l’homme fort de Bakou, agacé par les marques de soutien européennes à l’Arménie, a fait savoir mercredi qu’il ne viendrait pas. Son principal soutien, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a également fait faux bond.

 

Une absence, en forme de revers pour la CPE, qu’Emmanuel Macron a indiqué « regretter profondément ».  

 

Il « nous faut continuer de discuter », a ensuite relevé le président français, selon qui le « temps n’est pas aux sanctions » contre l’Azerbaïdjan, tandis que le président du Conseil européen, Charles Michel, a indiqué avoir invité MM. Aliev et Pachinian à Bruxelles d’ici fin octobre.

 

L’objectif de la CPE, imaginée par Emmanuel Macron, est de rassembler beaucoup plus large que l’Union européenne : au-delà des 27 membres du bloc, 20 pays ont été invités à ce sommet.

 

Derrière cet acronyme, on trouve des pays aux trajectoires radicalement différentes vis-à-vis de l’UE : des candidats déclarés (et impatients) à l’adhésion, des pays qui savent que la porte leur est fermée pour longtemps et le Royaume-Uni, qui a choisi il y a sept ans de quitter l’UE avec fracas.

 

Crise migratoire

 

Son premier ministre Rishi Sunak a choisi ce forum pour tenter de placer, avec son homologue italienne Giorgia Meloni, la crise migratoire au cœur des débats.

 

En attendant la finalisation d’une laborieuse réforme du système migratoire européen, l’Italie et le Royaume-Uni, qui ont rencontré en marge du sommet les dirigeants français, belge, albanais et néerlandais pour prendre des engagements communs en la matière, veulent agir au plus vite.

 

« Lutter contre l’immigration illégale est un défi européen commun. Les chiffres sont en hausse partout. Et je pense, comme d’autres leaders européens, qu’il nous revient de décider qui doit venir dans nos pays et pas aux groupes criminels » de passeurs, a déclaré le premier ministre britannique à l’AFP.

 

 

 

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