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Italie: Giovanni Tria, un ministre de l'Economie proche de la Ligue mais pro-euro

Vendredi 1 Juin 2018

Giovanni Tria, nouveau ministre italien de l'Economie et des Finances, est un professeur d'économie politique proche des idées de la Ligue (extrême droite) sur la fiscalité mais favorable au maintien de l'Italie dans la zone euro.

Ce juriste de formation de 69 ans plaide pour la "flat tax", l'impôt sur le revenu uniforme que le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue ont promis de mettre en place avec deux taux de 15 et 20% en fonction des revenus.
 
 
"Ce qui compte, c'est de lancer le processus de simplification" du système fiscal italien, avait-il expliqué sur un site d'analyses auquel il collabore lors de la publication du programme commun des deux partis, en se prononçant parallèlement pour une augmentation de la TVA.

S'il soutient donc la "flat tax", cheval de bataille de la Ligue, il se montrait en revanche plus critique envers le revenu de citoyenneté, promesse phare du M5S.

"Nous ne savons pas encore ce que sera ce revenu de citoyenneté et donc les ressources qu'il nécessitera et le nombre de personnes concernées", ajoutait-il dans son commentaire, exprimant ses craintes de voir l'Italie devenir "une société dans laquelle une part de la population produit et l'autre consomme".

Il est également sceptique sur l'avancement de l'âge de la retraite, un des principaux points du programme M5S-Ligue, estimant qu'il faut examiner soigneusement les coûts de cette intervention alors que l'Italie est le deuxième pays le plus vieux au monde.

M. Tria n'est en revanche pas favorable à une sortie de l'euro, même s'il estime, comme plusieurs économistes de la Ligue, que la zone euro doit être modifiée.

"Avant de dire pourquoi je pense qu'il faut répondre +non+ à la question sur le sortie de l'euro, je partirais de la question +quelles sont les conditions pour la survie de l'euro ?+, afin d'aller dans la direction opposée de celle de l'éclatement" de la zone euro, a-t-il précisé.

- 'Volonté de fer' -

Carlo Cottarelli, l'ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) chargé de former un gouvernement d'experts qui s'est effacé jeudi soir pour permettre la nomination de Giuseppe Conte, assure avoir "un grand respect" pour le personnage.

"Il devra concilier la nécessité d'abaisser la dette publique avec l'exigence de faire certaines choses qui ont été promises" dans le programme M5S-Ligue, a estimé M. Cottarelli vendredi à la radio. "Ce ne sera pas une chose facile".

Né à Rome, Giovanni Tria a fait des études de droit et a été président de l'Ecole nationale d'administration italienne. Jusqu'à jeudi, il enseignait encore l'économie politique à l'université de Tor Vergata à la périphérie de Rome.

"Un ton courtois qui cache une volonté de fer", écrit le quotidien La Repubblica, le décrivant comme "un homme prudent, politiquement centriste".

Giovanni Tria est proche de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi (droite), et un grand ami de Renato Brunetta, député et principal économiste du parti du vieux milliardaire.

C'est ce dernier, ministre de la Fonction publique dans le dernier gouvernement Berlusconi de 2008 à 2011, qui avait nommé M. Tria en 2009 président de l'Ecole nationale d'administration.

Intéressé par les questions liées au sous-développement, M. Tria a exercé des activité de conseil pour la Banque mondiale.

Il a aussi été délégué italien au conseil d'administration du Bureau international du travail (BIT). Ses travaux de recherche récents concernent l'économie de la justice et du crime, le rôle des institutions dans l'économie ainsi que les migrations internationales et le développement.

Il a effectué des périodes de recherche à l'Université de Columbia (New York) ainsi qu'à l'Université Simon Fraser (Vancouver) et à celle de Pékin.
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