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Italie - Silvio Berlusconi, «Il Cavaliere» désarçonné

Dimanche 23 Janvier 2022

Le magnat des médias a renoncé à briguer la présidence italienne. Il a longtemps dominé la vie publique du pays mais son image s’est ternie sous une avalanche de scandales.
 
Eternel revenant de la politique dont l’histoire des 30 dernières années se confond avec celle de l’Italie, il voit définitivement s’évanouir son rêve de devenir chef de l’Etat. «Je continuerai à servir mon pays par d’autres voies», a-t-il déclaré samedi soir, assurant avoir le nombre de soutiens nécessaires pour être élu à la présidence mais y renoncer par esprit de «responsabilité nationale».
 
Les scandales dans lesquels il a été impliqué, ses gaffes devenues légendaires et ses procès à répétition, ont eu raison de son ultime ambition.
 
Au fil des ans, le sourire carnassier du «caïman», l’un de ses nombreux surnoms, s’est quelque peu figé et les opérations de lifting ont laissé des traces sur un visage au maquillage «épais comme le parquet», dixit un éditorialiste du quotidien de gauche La Repubblica.
 
Irrésistible ascension
 
Age et Covid obligent, il avait dû renoncer aux bains de foules dont il raffolait pourtant.
Fils d’un employé de banque milanais, né le 29 septembre 1936, Silvio Berlusconi a commencé à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière, où il chantait et racontait des histoires drôles. Armé d’une licence de droit, il s’est lancé dans les affaires, entamant une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l’origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.
 
Mais c’est surtout dans le secteur de la télévision que s’est exprimé le génie créatif de ce grand communicant, qui a saupoudré ses programmes de femmes dénudées pour plaire au grand public. La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, compte trois chaînes de télévision, des journaux, les éditions Mondadori et bien d’autres participations.
 
Fan de football, Silvio Berlusconi a également présidé pendant 31 ans l’AC Milan, qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de la vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois.
 
En 1994, affirmant redouter une prise de pouvoir de la gauche, il s’est lancé en politique et a créé son propre parti, Forza Italia, appuyé par son empire médiatique. Après une campagne-éclair, un modèle de marketing politique, il est devenu chef du gouvernement mais lâché par ses alliés au bout de sept mois.
 
Bunga-bunga
 
Il revient au pouvoir en 2001 pour cinq ans, un record depuis l’après-guerre. Battu d’un cheveu en 2006, il prend sa revanche deux ans plus tard, s’installant aux commandes pour la troisième fois. Mais en novembre 2011, il doit céder sous les huées les rênes d’une Italie en proie à une grave crise financière.
 
Toujours sans héritier politique, il ressurgit en 2013 sur la scène politique en raflant un tiers des voix aux législatives, contraignant la gauche à une alliance compliquée avec celui qu’elle a pourtant toujours considéré comme son ennemi historique.
 
Quelques mois plus tard, la longue litanie de ses déboires judiciaires aboutit à une première condamnation définitive, pour fraude fiscale: un an de prison --effectué sous forme de travaux d’intérêt général dans une maison pour personnes âgées-- et six ans d’inéligibilité.
 
Son goût assumé pour les jolies femmes, y compris des call-girls, a explosé avec le «Rubygate» et ses soirées «bunga-bunga». Il a été acquitté de prostitution de mineure, mais reste en procès pour subornation de témoin dans cette affaire.
 
Père de cinq enfants issus de deux mariages et plusieurs fois grand-père, en couple depuis 2020 avec une femme d’un demi-siècle plus jeune que lui, Silvio Berlusconi suscite chez ses compatriotes des sentiments contradictoires allant de l’adulation inconditionnelle à la haine viscérale. (AFP)
 
 
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