BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a infligé mercredi une amende record de 4,3 milliards d’euros à Google pour abus de position dominante avec son système d’exploitation mobile Android. Le groupe américain a immédiatement annoncé qu’il ferait appel. L’action était stable vers 15h05 GMT à Wall Street.
Cette amende est presque deux fois plus lourde que celle de 2,4 milliards d’euros imposée à Google l’an dernier par l’exécutif européen pour abus de position dominante avec son comparateur de prix. Il s’agissait déjà d’un record.
L’UE accuse Google d’imposer “des restrictions illégales aux fabricants d’appareils Android et aux opérateurs de réseaux mobiles, afin de consolider sa position dominante sur le marché de la recherche générale sur l’internet”.
Cette amende représente seulement un peu plus de deux semaines de chiffre d’affaires d’Alphabet, la maison mère de Google, et elle entamera à peine ses réserves de trésorerie de 102,9 milliards de dollars (88,56 milliards d’euros).
Ce jugement pourrait cependant attiser les tensions commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit rencontrer le président américain Donald Trump à Washington mercredi prochain pour tenter d’écarter la menace de nouveaux droits de douane américains sur les voitures européennes. Donald Trump dénonce plus globalement le déséquilibre des relations commerciales avec l’UE et il accuse Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, de “détester” les Etats-Unis. Cette dernière a assuré mercredi qu’elle “aim(ait) beaucoup les Etats-Unis”.
“Mais le fait est que cela n’a rien à voir avec ce que je ressens. Rien du tout. Simplement, en appliquant le droit de la concurrence, nous le faisons dans un monde donné mais nous ne le faisons pas en fonction d’un contexte politique”, a-t-elle dit.
Alphabet a annoncé dans un document financier qu’il allait inscrire le montant de cette amende dans ses comptes du deuxième trimestre 2018.
“Nous sommes préoccupés par le fait que la décision prise aujourd’hui va remettre en cause l’équilibre auquel nous sommes minutieusement parvenus avec Android et qu’elle envoie un signal troublant en faveur des systèmes propriétaires au détriment des plates-formes ouvertes”, écrit Sundar Pichai, directeur général de Google, dans un blog.
La Commission européenne exige aussi que Google mette fin à ses pratiques anticoncurrentielles dans un délai de 90 jours sous peine de recevoir des pénalités supplémentaires susceptibles d’atteindre 5% du chiffre d’affaires quotidien moyen d’Alphabet dans le monde.
“Google utilise Android comme un véhicule pour consolider la position dominante de son moteur de recherche”, affirme Margrethe Vestager dans un communiqué. “Ces pratiques ont privé ses concurrents de la possibilité d’innover et de lui livrer concurrence par leurs mérites. Elles ont privé les consommateurs européens des avantages d’une concurrence effective sur le marché important des appareils mobiles.”
Priée de dire si un démantèlement de Google pourrait constituer une solution, elle a répondu en conférence de presse: “Je ne sais pas si cela servira la cause d’une plus grande concurrence que Google soit démantelé. Ce qui servirait la concurrence, c’est qu’il y ait plus d’acteurs.” Quant au risque que Google puisse faire payer l’utilisation d’Android, elle a déclaré: “Ce n’est pas un jugement sur un modèle d’entreprise. Il y a toujours une possibilité de monétiser un système d’exploitation. Le chiffre d’affaires de sa boutique d’applications est assez substantiel.”
La Commission européenne rejette l’argument de Google selon lequel il est confronté à la concurrence d’Apple. Elle souligne notamment que les appareils Apple sont généralement plus chers que les mobiles fonctionnant avec Android et que le basculement d’Android à Apple implique aussi des coûts et des contraintes pour les utilisateurs.
Android, qui équipe environ 80% des appareils mobiles utilisés dans le monde, est le plus important des trois dossiers ouverts par la Commission européenne contre Google pour pratiques anticoncurrentielles. Outre le comparateur de prix, une troisième enquête ouverte en 2016 contre Google implique sa plate-forme publicitaire AdSense.
Samsung Electronics, Sony, Lenovo et TCL, qui comptent parmi les principaux fabricants de smartphones équipés d’Android, ont tous refusé de s’exprimer sur l’amende infligée par l’UE.
Les initiatives réglementaires prises contre les géants de la “tech” comme Google et Facebook, qui dominent largement leur marché, manquent probablement d’efficacité, pense Ben Rogoff, gérant de fonds chez Polar Capital, actionnaire de Google depuis son introduction en Bourse.
“La réalité, c’est que tant qu’elles sont d’une grande utilité pour les consommateurs, les consommateurs vont continuer à utiliser ces plates-formes. S’ils le font, les annonceurs seront aussi attirés vers ces plates-formes car les (retours sur investissements) sont très difficiles à reproduire ailleurs”, dit-il.
Pour Geoff Blaber, de CCS Insight, l’UE agit six à huit ans trop tard et ce sont les utilisateurs qui vont en payer le prix.
“Toute initiative de l’UE revient à fermer la porte de l’écurie alors que le cheval a déjà déguerpi”, juge-t-il. “Il y a un risque important de conséquences inattendues susceptibles de pénaliser le consommateur. Cela va d’une fragmentation accrue et d’une plus grande incohérence dans les applications à des augmentations des prix des appareils si Google décide de changer ou d’adapter le modèle d’Android.”
Le groupe de pression FairSearch, dont la plainte en 2013 est à l’origine de l’enquête de l’UE, a en revanche salué la décision annoncée mercredi.
Cette amende est presque deux fois plus lourde que celle de 2,4 milliards d’euros imposée à Google l’an dernier par l’exécutif européen pour abus de position dominante avec son comparateur de prix. Il s’agissait déjà d’un record.
L’UE accuse Google d’imposer “des restrictions illégales aux fabricants d’appareils Android et aux opérateurs de réseaux mobiles, afin de consolider sa position dominante sur le marché de la recherche générale sur l’internet”.
Cette amende représente seulement un peu plus de deux semaines de chiffre d’affaires d’Alphabet, la maison mère de Google, et elle entamera à peine ses réserves de trésorerie de 102,9 milliards de dollars (88,56 milliards d’euros).
Ce jugement pourrait cependant attiser les tensions commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit rencontrer le président américain Donald Trump à Washington mercredi prochain pour tenter d’écarter la menace de nouveaux droits de douane américains sur les voitures européennes. Donald Trump dénonce plus globalement le déséquilibre des relations commerciales avec l’UE et il accuse Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, de “détester” les Etats-Unis.
“Mais le fait est que cela n’a rien à voir avec ce que je ressens. Rien du tout. Simplement, en appliquant le droit de la concurrence, nous le faisons dans un monde donné mais nous ne le faisons pas en fonction d’un contexte politique”, a-t-elle dit.
Alphabet a annoncé dans un document financier qu’il allait inscrire le montant de cette amende dans ses comptes du deuxième trimestre 2018.
VESTAGER RÉCLAME “PLUS D’ACTEURS”
“Nous sommes préoccupés par le fait que la décision prise aujourd’hui va remettre en cause l’équilibre auquel nous sommes minutieusement parvenus avec Android et qu’elle envoie un signal troublant en faveur des systèmes propriétaires au détriment des plates-formes ouvertes”, écrit Sundar Pichai, directeur général de Google, dans un blog.
La Commission européenne exige aussi que Google mette fin à ses pratiques anticoncurrentielles dans un délai de 90 jours sous peine de recevoir des pénalités supplémentaires susceptibles d’atteindre 5% du chiffre d’affaires quotidien moyen d’Alphabet dans le monde.
“Google utilise Android comme un véhicule pour consolider la position dominante de son moteur de recherche”, affirme Margrethe Vestager dans un communiqué. “Ces pratiques ont privé ses concurrents de la possibilité d’innover et de lui livrer concurrence par leurs mérites. Elles ont privé les consommateurs européens des avantages d’une concurrence effective sur le marché important des appareils mobiles.”
Priée de dire si un démantèlement de Google pourrait constituer une solution, elle a répondu en conférence de presse: “Je ne sais pas si cela servira la cause d’une plus grande concurrence que Google soit démantelé. Ce qui servirait la concurrence, c’est qu’il y ait plus d’acteurs.”
La Commission européenne rejette l’argument de Google selon lequel il est confronté à la concurrence d’Apple. Elle souligne notamment que les appareils Apple sont généralement plus chers que les mobiles fonctionnant avec Android et que le basculement d’Android à Apple implique aussi des coûts et des contraintes pour les utilisateurs.
CONSÉQUENCES NÉGATIVES POUR LE CONSOMMATEUR?
Android, qui équipe environ 80% des appareils mobiles utilisés dans le monde, est le plus important des trois dossiers ouverts par la Commission européenne contre Google pour pratiques anticoncurrentielles. Outre le comparateur de prix, une troisième enquête ouverte en 2016 contre Google implique sa plate-forme publicitaire AdSense.
Samsung Electronics, Sony, Lenovo et TCL, qui comptent parmi les principaux fabricants de smartphones équipés d’Android, ont tous refusé de s’exprimer sur l’amende infligée par l’UE.
Les initiatives réglementaires prises contre les géants de la “tech” comme Google et Facebook, qui dominent largement leur marché, manquent probablement d’efficacité, pense Ben Rogoff, gérant de fonds chez Polar Capital, actionnaire de Google depuis son introduction en Bourse.
“La réalité, c’est que tant qu’elles sont d’une grande utilité pour les consommateurs, les consommateurs vont continuer à utiliser ces plates-formes. S’ils le font, les annonceurs seront aussi attirés vers ces plates-formes car les (retours sur investissements) sont très difficiles à reproduire ailleurs”, dit-il.
Pour Geoff Blaber, de CCS Insight, l’UE agit six à huit ans trop tard et ce sont les utilisateurs qui vont en payer le prix.
“Toute initiative de l’UE revient à fermer la porte de l’écurie alors que le cheval a déjà déguerpi”, juge-t-il. “Il y a un risque important de conséquences inattendues susceptibles de pénaliser le consommateur. Cela va d’une fragmentation accrue et d’une plus grande incohérence dans les applications à des augmentations des prix des appareils si Google décide de changer ou d’adapter le modèle d’Android.”
Le groupe de pression FairSearch, dont la plainte en 2013 est à l’origine de l’enquête de l’UE, a en revanche salué la décision annoncée mercredi.