La Bourse de Paris a été plombée lundi par un net recul des valeurs automobiles, avant une semaine riche en publications décisives pour la suite des politiques des baisses de taux en Europe et aux États-Unis.
L'indice vedette CAC 40 a reculé de 2%, soit 156,04 points, pour s'établir à 7.635,75 points.
Vendredi, il avait pris 0,64% et progressé de 3,89% sur la semaine, sa meilleure performance hebdomadaire depuis fin mars 2023.
L'indice avait été porté par les valeurs de l'automobile et du luxe qui bénéficiaient des perspectives de relance économique en Chine, où la demande est morose depuis plusieurs trimestres, après l'annonce d'une série de mesures de soutien par le gouvernement de Pékin.
La dernière en date dimanche, à savoir une baisse des taux hypothécaires pour l'achat de résidences principales et secondaires, a laissé la place parisienne de marbre lundi.
Le CAC 40 a souffert du recul des valeurs automobiles, après une série d'avertissements sur résultats de plusieurs constructeurs européens ces derniers jours, au premier rang desquels le franco-italo-américain Stellantis, coté à Paris.
Par ailleurs, "les marchés avaient besoin de souffler après une semaine de gains. Il y a des prises de bénéfices pour le dernier jour du mois", explique à l'AFP Lionel Melka, gérant chez Swann Capital.
Cette semaine, le regard des investisseurs devrait se tourner vers les Etats-Unis, avec l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab, qui mesure les créations d'emplois dans le secteur privé, avant le très attendu rapport sur l'emploi américain de vendredi.
Un marché du travail plus faible que prévu serait un signe que la Réserve fédérale (Fed) doit abaisser plus rapidement et davantage ses taux d'intérêts pour soutenir l'activité économique. Le cas contraire prouverait que l'institution mène une politique adaptée à la situation.
A ce titre, "les discours de certains responsables de la banque centrale américaine prévus cet semaine seront encore plus pris en compte", selon Andreas Lipkow, analyste indépendant.
En Europe, les chiffres de l'emploi en zone euro seront également regardés mercredi, avant les indices de l'activité du secteur privé PMI, alors que les investisseurs s'interrogent sur l'ampleur nécessaire de l'assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).
L'inflation en août est ressortie à son plus bas niveau depuis février 2021 en Allemagne, ce qui devrait renforcer la conviction des investisseurs que l'institution devrait accélérer le rythme de ses baisses de taux lors de ses prochaines réunions.
La présidente de la BCE Christine Lagarde a d'ailleurs exprimé lundi, lors d'une audition au Parlement européen, sa confiance quant à un prochain retour de l'inflation à 2%, laissant entendre qu'une nouvelle baisse des taux pourrait avoir lieu en octobre.
En dehors de ces données, les marchés attendent que le gouvernement de Michel Barnier dévoile son projet de budget 2025, fruit de difficiles discussions, alors que les tensions s'accumulent dans sa coalition sur la question des impôts.
Toutefois, "il n'y a pour l'instant pas de panique sur la dette française, on reste un pays vu comme sérieux", assure Lionel Melka.
Dans ce contexte, le taux de rendement français à dix ans atteignait 2.91%, au même niveau que sa clôture vendredi. L'écart avec le taux d'emprunt de référence allemand, appelé "spread", atteignait quant à lui 0,79 point, stable lui aussi.
Le secteur automobile en peine
Le titre Stellantis a chuté de 14,74% à 12,41 euros, après l'annonce d'une nette révision à la baisse de son objectif de marge opérationnelle pour l'année 2024. Le groupe l'estime désormais entre 5,5% et 7% contre un objectif à "deux chiffres" auparavant, pointant du doigt une "détérioration" globale du marché automobile.
Il a entraîné dans sa chute l'ensemble des valeurs du secteur, à l'instar de Renault (-5,57% à 38,99 euros), Valeo (-2,92% à 10,82 euros), OPmobility (-4,12% à 8,97 euros) et Forvia (-5,80% à 9,23 euros). [AFP]