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La Chine mise sur les pays de l'Est et les Balkans

Samedi 7 Juillet 2018

La Chine poursuit son offensive de charme sur les pays d'Europe centrale et orientale à l'occasion d'un sommet samedi en Bulgarie, nouvelle étape de son déploiement d'infrastructures dans cette région où certains la voient en concurrente de l'Union européenne.

Le contexte a toutefois changé depuis la dernière réunion de ce format dit 16+1, fin 2017 à Budapest: Chine et Etats-Unis viennent d'engager "la plus grande guerre commerciale" de l'histoire avec l'entrée en vigueur vendredi de droits de douane américains sur des dizaines de milliards de dollars de produits chinois et l'annonce d'une riposte symétrique de la Chine.
 
 
Pékin a donc à coeur de ne pas ouvrir un autre front avec l'Union européenne et "le Premier ministre chinois Li Keqiang adoptera un profil bas" au sommet de Sofia, prédit François Godement, chef du programme UE-Chine du think tank European Council on Foreign Relations (ECFR).

La Chine sait en effet que Bruxelles voit parfois d'un mauvais oeil sa volonté de renforcer sa présence économique dans le vaste espace allant des pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) à l’ex-Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie) en passant par le groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) et d’autres pays balkaniques (Albanie, Bulgarie et Roumanie).

D'où les propos rassurants de M. Li vendredi à Sofia où il a rencontré son homologue bulgare Boïko Borissov.

"Certains pourraient dire que la coopération 16+1 peut diviser l'Europe, mais ce n'est pas vrai. La coopération 16+1 n'est d'aucune façon une plateforme géopolitique", a souligné le Premier ministre chinois.

"La Chine soutient l'intégration européenne et l'unité de l'UE (...), force importante pour la prospérité globale et la paix" qui "soutient le multilatéralisme", a-t-il ajouté.

- "Mon frère l'ambassadeur chinois" -

La Chine est devenue "extrêmement polie et aimable envers l'UE ces derniers mois", note encore M. Godement.

Mais sans renoncer à ses ambitions à l'est et au sud de l'Europe.

Lors du dernier sommet 16+1, Li Keqiang avait annoncé l'octroi d'une ligne de crédit près de 3 milliards d'euros pour des projets dans les pays d'Europe centrale et orientale. A la clef, construction d'autoroutes, de ports, de parcs industriels, de centrales électriques, de réseaux de fibre optique et beaucoup de chantiers s'inscrivant dans le cadre de la "nouvelle Route de la soie", imaginée par Pékin pour faciliter le transport rapide des marchandises entre Europe et Extrême-Orient.

Le projet le plus symbolique est la construction d’une ligne de train à haute vitesse entre Athènes et Budapest, passant par la Macédoine et Belgrade, qui ouvrirait un corridor entre la mer Egée et le coeur de l'Europe.

Au sein des Balkans, la Serbie et ses 7,1 millions d’habitants sont le partenaire privilégié de l’empire du Milieu.

Nous nous rencontrons deux fois par semaine, discutant de divers projets", a vanté cette semaine le président serbe Aleksandar Vucic, selon l'agence de presse Beta.

En 2014, responsables serbes et chinois ont inauguré un nouveau pont sur le Danube à Belgrade, premier grand projet d'infrastructure de transport réalisé par la Chine en Europe.

De la promesse à la réalisation, il y a cependant un pas et "les pays de l'Est sont déçus du niveau actuel des investissements chinois", observe M. Godement qui note aussi "un manque d'intérêt pour les prêts" chinois.

Les investissements chinois ne constituent que 3% des investissements totaux en Europe centrale et orientale, relève encore un rapport de l'ECFR.

En revanche, le fait que la Chine rencontre séparément les pays d'Europe centrale et orientale, dont 11 sont membres de l'UE, dix jours avant un important sommet sino-européen à Pékin, n'est pas anodin.

"La Chine utilise le format 16+1 pour essayer de diviser l'Europe", estime François Godement.
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