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La Finlande va fermer une partie de sa frontière avec la Russie

Jeudi 16 Novembre 2023

La Finlande va fermer dans la nuit de vendredi à samedi la moitié de ses points de passage frontaliers avec la Russie, accusant Moscou de tenter de déstabiliser le pays en laissant des migrants sans papiers franchir la frontière.

 

La Finlande, qui partage une frontière de 1340 km avec la Russie, a constaté depuis fin août un afflux de migrants sans visa originaires du Proche-Orient et d’Afrique, en particulier d’Irak, Somalie et Yémen, selon ses gardes-frontières.

 

« Le gouvernement a pris la décision de fermer les points de passage de Vaalimaa, Nuijamaa, Imatra et Niirala », a dit jeudi la ministre de l’Intérieur, Mari Rantanen, au cours d’une conférence de presse.  

 

Cette fermeture des quatre points sur la frontière sud-est sera effective à minuit dans la nuit de vendredi à samedi, quatre passages restant ouverts plus au nord. Elle durera jusqu’au 18 février 2024, l’étude des demandes d’asile étant concentrée dans deux centres.

 

Le gouvernement finlandais avait prévenu mardi qu’il envisageait de fermer cette frontière, soupçonnant Moscou de tenter de déstabiliser le pays qui a adhéré en avril à l’OTAN.

 

« Nous nous sommes préparés à différentes sortes d’actions, d’actes de malveillance de la part de la Russie, donc la situation n’est pas une surprise », a déclaré le premier ministre Petteri Orpo.

 

« Nous voulons que ce phénomène cesse, nous voulons que l’activité frontalière revienne à la normale », a-t-il ajouté. « Si la situation s’étend à d’autres points de passage et devient plus difficile, nous prendrons les mesures nécessaires ».

 

Nouvelles « fractures »

 

« Cette évolution négative des évènements conduira naturellement à des mesures de rétorsion », a réagi le ministère des Affaires étrangères russe.  

 

« Il s’agit de l’émergence de nouvelles lignes de fracture en Europe qui ne résolvent rien, mais soulèvent de nouvelles questions, des questions problématiques », a dit sa porte-parole, Maria Zakharova, à l’agence Tass.

 

Pour Henri Vanhanen, chercheur au Finnish Institute of International Affairs, « la Finlande envoie le message qu’il y a une volonté politique de prendre des mesures supplémentaires si nécessaire […] un message important adressé à la Russie ».

 

Le Kremlin avait juré en avril de prendre des « contre-mesures » après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, qualifiant l’élargissement de l’alliance occidentale d’« atteinte à la sécurité » de la Russie.

 

L’éventail de ces contre-mesures « n’a de limite que l’imagination », a dit à l’AFP M. Vanhanen, citant des actions de désinformation, menaces de catastrophes environnementales ou entraves à la liberté de circuler en mer Baltique.

 

« Ces types d’actions malveillantes, qui restent en dessous du seuil de la guerre sont appliqués là où ils fonctionnent », selon l’expert.

 

Quelque 280 demandeurs d’asile se sont présentés à la frontière russo-finlandaise depuis septembre, selon les gardes-côtes, mais « les chiffres ne sont pas le problème », a relevé la ministre de l’Intérieur.

 

« Il ne s’agit pas d’une question normale sur la politique d’asile. Il s’agit d’un cas où nous disposons d’indications et d’informations selon lesquelles des personnes sont manipulées pour entrer en Finlande », a-t-elle souligné.

 

L’OTAN « surveille »

 

Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à rejoindre l’OTAN.

 

L’Alliance « surveille attentivement la situation » à la frontière, a assuré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. « Nous devons échanger des informations » puis « prendre les actions nécessaires si besoin », a-t-il dit lors d’une conférence de presse avec le président letton.

 

La Finlande a dévoilé fin 2022 un projet de vaste clôture sur 200 km de sa frontière.
 

Mardi, le Kremlin avait dit « regretter profondément » le projet d’Helsinki de fermer leur frontière commune.

 

La Norvège voisine, qui dispose d’un poste frontalier avec la Russie dans le Grand Nord, s’est dite prête, par la voix de sa ministre de la Justice Emilie Enger Mehl, à fermer sa frontière « au besoin, sous court préavis ». « Nous n’observons pas de trafic anormal », a dit la ministre à l’agence norvégienne NTB.

 

Pendant la crise migratoire de 2015, des milliers de migrants sans visa avaient franchi la frontière russo-norvégienne à vélo. Un afflux perçu par des spécialistes comme une tentative de déstabilisation alors que, côté russe, il est difficile d’entrer sans autorisation dans la zone frontalière, étroitement gardée par le FSB (la Sécurité d’État russe). [AFP]

 

 

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