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La RDC boycotte un appel de fonds organisé pour elle par l'Onu

Vendredi 13 Avril 2018

GENEVE (Reuters) - Les Nations unies ont lancé vendredi un appel de fonds international pour l'aide humanitaire en faveur de la République démocratique du Congo (RDC), où des millions de personnes vivent dans des conditions déplorables après une escalade des violences ethniques depuis plusieurs années.
 
Le gouvernement du président Joseph Kabila (photo) a choisi de ne pas prendre part à la conférence organisée à cette fin par l'Onu cette semaine à Genève.
 
Kinshasa conteste la gravité de la crise humanitaire rapportée par les Nations unies et accuse les puissances étrangères de vouloir décourager les investisseurs au moment où le gouvernement cherche à stabiliser une économie volatile.
 
Plus de 13 millions de Congolais ont besoin d'une aide humanitaire, soit deux fois plus que l'an dernier, et 7,7 millions de personnes dont plus de deux millions d'enfants sont confrontées à une insécurité alimentaire grave, a affirmé le mois dernier l'Onu dans un rapport.
 
Les Nations unies souhaitent recueillir 2,2 milliards de dollars (environ 1,8 milliard d'euros) afin de soutenir les activités humanitaires en RDC.
 
Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires, a ouvert la conférence sans mentionner l'absence du gouvernement congolais, mais a tout de même souligné "le rôle important" de ce dernier et évoqué une coopération approfondie à l'avenir.
 
"Les gens oublient parfois que de nombreuses choses se sont améliorées depuis quinze ans en RDC et cela s'est produit sous la direction du gouvernement", a-t-il dit.
 
"PIRES ABUS SEXUELS"
 
Le ministre congolais des Affaires étrangères, Leonard She Okitundu, a dit à Reuters que son pays restait ouvert aux discussions avec l'Onu tant que son opinion était prise en compte. Mais la RDC refuse de donner accès aux humanitaires soutenus par la Belgique, son ancienne puissance coloniale, avec laquelle les relations se sont dégradées.
 
Jean-Philippe Chauzy, à la tête de la branche congolaise de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a décrit le quotidien dramatique de familles congolaises après sa visite à un camp de fortune dans la cour d'une école de Kalemie, dans la province de Tanganyika.
 
"Cela m'a rappelé la première fois que j'ai lu 'L'Enfer' de Dante: c'était absolument effroyable. Les conditions de vie étaient absolument atroces", a-t-il déclaré à Reuters.
 
"Pas d'eau potable, des gens qui défèquent là où ils le peuvent, des abris fabriqués avec des morceaux de plastique ou avec des chiffons suspendus sur des bâtons."
 
Le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés a estimé que la situation ne retenait que très peu l'attention de la communauté internationale parce que les migrants congolais n'échouaient pas sur les côtes européennes et qu'aucune grande puissance n'était impliquée dans le conflit.
 
Jan Egeland a affirmé s'être rendu compte, lors d'une visite dans l'est du pays en février, que la plupart des organisations humanitaires étaient parties, par manque de financement et à cause de la centaine de milices présentes dans la région.
 
Femmes et enfants étaient exposés aux "pires abus sexuels", a-t-il dit, espérant que la campagne 'me too' ne soit pas seulement destinée à l'Occident.
 
"Si le mouvement 'me too' a réellement un sens alors nous devons vraiment aider les victimes des pires abus. C'est ici du jamais-vu", a ajouté Egeland.
 
Près de 4,3 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer depuis le début des violences, aggravées par le refus du président Kabila de démissionner à l'expiration de son mandat en 2016.
 
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