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La Turquie presse la France de choisir son camp dans le Nord syrien

Jeudi 5 Avril 2018

La Turquie presse la France de choisir son camp dans le Nord syrien
PARIS (Reuters) - La France doit choisir son camp dans le combat contre l’Etat islamique, entre la Turquie et les milices kurdes YPG, et faire “ce qui est nécessaire” à Manbij, dans le Nord syrien, pour déloger les combattants kurdes, déclare le ministre turc des Affaires européennes dans un entretien accordé jeudi à Reuters.
 
Les relations entre Paris et Ankara sont tendues depuis le lancement d’une offensive de l’armée turque, le 20 janvier, contre les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD) syrien, dans le canton d’Afrin (nord-ouest de la Syrie).
 
Les combattants des YPG, alliés de Washington, sont considérés comme terroristes par les autorités turques.
 
L’irritation d’Ankara a été portée à son comble lorsqu’Emmanuel Macron a reçu le 29 mars dernier à Paris une délégation des forces démocratiques syriennes (FDS) dont des représentants de l’YPG et du PYD pour l’assurer du soutien de la France dans la “zone de stabilisation” du nord-est de la Syrie.
 
“Nous avons ressenti un grand malaise quand les dirigeants du PYD et de l’YPG ont été accueillis de cette manière en France”, souligne Ömer Çelik, dont les propos étaient traduits du turc par un interprète.
 
“Nous avons été également déçus d’entendre des propos mentionner notre présence à Afrin comme une invasion alors que la seule lutte que nous menons est une lutte contre le terrorisme”.
 
Le ministre turc des Affaires européennes s’est entretenu jeudi à Paris avec le chef de la diplomatie française, qui avait notamment estimé le 13 mars dernier que rien ne justifiait “l’action en profondeur” des forces armées turques dans le canton tenu jusqu’ici par les Unités de protection du peuple.
 
“NOUS INTERVIENDRONS”
 
Jean-Yves Le Drian a réaffirmé lors de l’entretien la “préoccupation” de la France face aux opérations militaires turques à Afrin et que l’éradication totale de l’EI devait rester la “priorité commune”, selon un communiqué du Quai d’Orsay.
 
“J’ai souligné que nous attendions de la France qu’elle ne fasse rien qui puisse redonner courage aux YPG ni les appuyer. Il faudra que nos alliés fassent leur choix en faveur de la Turquie dans le cadre de la lutte contre Daech, pas en faveur du PYD-YPG”, a précisé Ömer Çelik à Reuters.
 
Le 29 mars dernier, le représentant des Kurdes syriens à Paris Khaled Issa avait évoqué l’envoi de troupes françaises en Syrie, notamment pour “dissuader” de toute progression les forces armées turques.
 
L’Elysée avait alors exclu toute nouvelle opération ou envoi de troupes supplémentaires à ce stade, sans toutefois écarter la possibilité de “reproportionner” la présence française dans la coalition internationale anti-EI.
 
“Nos alliés, qui nous disent de ne pas intervenir à Manbij, doivent faire le nécessaire pour que les organisations terroristes quittent les lieux”, déclare le ministre turc, évoquant les forces kurdes positionnées dans cette ville stratégique, à une trentaine de kilomètres de la frontière truque, où seraient stationnés quelque 350 soldats de la coalition, essentiellement américains et français.
 
“Si leur présence perdure à Manbij, dans ce cas nous interviendrons”, prévient Ömer Çelik.
 
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