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La détention de Karoui "entache" l'image de la Tunisie, dit le président par intérim

Samedi 5 Octobre 2019

TUNIS (Reuters) - La détention de Nabil Karoui, qualifié pour le second tour de l'élection présidentielle, "entache la crédibilité des élections et l'image de la Tunisie", a déclaré vendredi le président par intérim, Mohamed Ennaceur.
 
"Un des deux candidats arrivés en tête du premier tour est en prison et n'est pas libre de mener campagne ou de parler à ses électeurs", a-t-il déclaré lors d'une brève intervention à la télévision.
 
"Nous allons continuer de demander aux autorités de trouver une solution honorable, respectueuse du processus judiciaire, pour sortir de cette situation inhabituelle et étrange", a-t-il ajouté.
 
L'homme d'affaires Nabil Karoui, qui possède notamment la chaîne de télévision Nesma, est incarcéré depuis le 23 août dernier des faits présumés d'évasion fiscale et de blanchiment d'argent. Il s'est vu refuser à quatre reprises une remise en liberté.
 
Arrivé en deuxième position du premier tour de la présidentielle anticipée avec 15,6% des suffrages, il affrontera le 13 octobre prochain au second tour le juriste Kaïs Saïd, qui a obtenu 18,4%.
 
La commission électorale a en effet jugé cet été que Karoui, qui se défend de toute malversation, pouvait maintenir sa candidature tant qu'il n'était pas reconnu coupable.
Cette situation fragilise toutefois grandement les institutions de la jeune démocratie.
 
Si Nabil Karoui perdait l'élection, il disposerait de suffisamment d'éléments pour contester les résultats, estiment des experts de la Constitution tunisienne.
 
S'il gagnait, il n'est pas certain que la justice l'autorise à se rendre au Parlement pour la passation de pouvoirs, ou même lui accorde l'immunité présidentielle, s'il était reconnu coupable par la suite.
 
Mohamed Ennaceur dit être en contact avec le ministre de la Justice et le président de la commission électorale.
 
Nabil Karoui a créé une entreprise de médias avec son frère avant la révolution de 2011 mais s'est fait connaître sur la scène politique tunisienne quand sa chaîne de télévision Nesma a défendu les partis laïques contre les islamistes d'Ennahda avant les élections législatives de 2014 et contribué à leur victoire.
 
Nombreux sont ceux dans la classe politique tunisienne qui voient dans cet homme d'affaires âgé de 56 ans un démagogue utilisant sa chaîne de télévision à des fins politiques.
 
Ses partisans considèrent en revanche son arrestation comme le résultat d'une conspiration pour l'écarter du pouvoir et marginaliser les classes populaires dont il se dit le champion.
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