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La fin du règne autocratique des libéraux néocoloniaux, chaotique ou apaisée ?

Vendredi 14 Juillet 2023

Diagne Fodé Roland
Diagne Fodé Roland
 
Selon les nouvelles qui circulent, sur la route maritime de l’illusoire eldorado européen plusieurs dizaines de jeunes Sénégalais et Africains viennent encore de mortellement chavirer dans le cimetière océanique. Ce sont là l'un des soubresauts du désespoir persistant d'une jeunesse ayant perdu l’espoir de vivre mieux au pays alors qu'ils sont de plus en plus nombreux à espérer l'arrivée du patriote O. Sonko au pouvoir.
 
Terrible ce silence assourdissant des Etats néocoloniaux africains, notamment celui du Sénégal sur ces drames à répétition tout comme la tragédie de la cinquantaine de morts des révoltes populaires de 2021 à 2023 au Sénégal.
 
La politique de l’autruche sur les conséquences socialement désastreuses de la servilité néocoloniale fait partie du logiciel référentiel de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale tout comme le détournement des deniers publics.
 
Ce logiciel référentiel se manifeste encore une fois dans la tactique d’intégrer deux protagonistes à la course présidentielle de 2024 condamnés pour avoir abusé des deniers publics et d’éliminer celui qui, selon de multiples témoignages, a rejeté des tentatives de corruption en tant qu’inspecteur principal des impôts.
 
Ne trouve-t-on pas ce même logiciel dans l’illusoire auto-satisfaction affichée par le président après avoir reculé sur sa troisième candidature illégale quand il dit que « de nombreux soutiens d’élus qui m’ont supplié de sauter le pas (de la candidature 3). Dimanche 2 juillet, 512 élus m’ont remis une pétition allant dans ce sens » tout en ajoutant n’avoir « subi aucune pression » ?
 
Cette interview du président au journal des milliardaires français Le Monde est un « tas de nœuds de contradictions » (Karl Marx) à l’image du « ni oui, ni non » sur sa candidature qu’il a entretenu après 2019, et cela après avoir clamé que c’est son « second et dernier mandat » pour faire adopter son Référendum en 2016 et lors de sa campagne 2019 sans oublier son livre.
 
Le voilà qui assène que « La seule raison pour laquelle j’aurais pu me représenter, c’est si le pays avait été ­confronté à une menace sérieuse pour sa stabilité. Mais cette menace n’est pas arrivée ». Et pourtant cette « menace qui n’est pas arrivée » ne l’empêche pas d’accuser péremptoirement, sans jamais le nommer, le patriote candidat O. Sonko : « Oui. Certains appellent à l’insurrection, à prendre le pouvoir par des méthodes antidémocratiques pour saper les fondements de la République. Ce sont des dangers pour notre pays ».
 
Confondant sa propre posture insurrectionnelle de 2011 où il appelait à « aller déloger Wade du palais » avec l’appel à la résistance constitutionnelle de Sonko contre les complots et le verdict inique le visant, il attribue à ce dernier, sans jamais le nommer, d’être à l’origine des « tensions politiques de ces derniers temps (qui) n’ont rien à voir avec la question du troisième mandat. Le fond du problème, c’est une affaire judiciaire qui a débuté en mars 2021 avec l’arrestation d’un opposant (qui) a appelé les gens à descendre dans la rue pour protester contre la justice et il y a eu des morts. En juin, lors de son procès, les mêmes appels à l’insurrection ont été lancés avec les mêmes conséquences ».
 
En fait le président sème la confusion entre « menace pour le pays » et « danger pour son régime » néocolonial avant d’ajouter qu’ « une enquête est en cours, mais nous savons qu’il y a eu des complices qui ont tenté de ­déstabiliser le Sénégal. Parfois à l’étranger. En France, [le parti] La France insoumise (sic!) a soutenu ces violences ». « Le dialogue et la paix » version Macky Sall, c’est tout simplement sans attendre « l’enquête » annoncée, après « le dessert » de la soumission à la françafrique, insinuer que le parti antilibéral et antifasciste français est « complice (sic!) avec Sonko (resic!) de « tentative de déstabilisation » qui pourtant à l'en croire « n’est pas arrivée ». Et cela, tenez-vous bien, après avoir reçu le parti raciste fasciste français en la personne de Marine Le Pen pour ensuite se plaindre que «  J’ai, pour ma part, trouvé inélégant que Paris missionne [en mars] une conseillère [de l’Elysée] pour rencontrer mon opposant [Ousmane Sonko] ». Chacun voit allègrement où est le vrai danger pour le Sénégal et les peuples d’Afrique.
 
En réalité, c’est une demi-vérité que les « tensions politiques n’ont rien à voir avec le troisième mandat » qui n’est en effet qu’un facteur additionnel aggravant du fait indéniable que la jeunesse est descendue avant tout dans la rue pour signifier au pouvoir complotiste largement démasqué qu’elle n’accepte pas l’arrestation, la condamnation et l’exclusion arbitraires de son candidat à la présidentielle 2024. La révolte populaire de la jeunesse est une réponse massive à la dictature présidentialiste néocoloniale qui veut se donner par peur le pouvoir arbitraire de choisir à la place du peuple qui à droit de compétir ou pas à la prochaine présidentielle 2024.
 
En justifiant le « ni oui, ni non » par le fait que «  je ne pouvais pas dire plus tôt que je ne me représenterais pas. Sinon, le pays aurait cessé de travailler », le président Macky Sall se rend-t-il compte de la dévalorisation inacceptable, voire du mépris des travailleurs de l’État et de l’ensemble des travailleurs de ce pays ? Ne substitue-t-il pas aux « valeurs républicaines » une conception féodale du présidentialisme néocolonial héritée du rapport de la chicote et du paternalisme entre administration coloniale et peuples colonisés ?
 
On retrouve ce même féodalisme néocolonial quand il proclame autoritairement que « Ceux qui ont accepté de dialoguer au sein de l’opposition républicaine ont obtenu des avancées sur le processus électoral [le dialogue national a préconisé que Khalifa Sall et Karim Wade puissent être candidats]. Ceux qui l’ont refusé se sont exclus. Je ne vais pas leur courir après ». Non Monsieur le président, il faut savoir « courir après » tout ce qui permet d’éviter de faire « chuter le Sénégal dans le sillage de sa propre chute », c’est cela  « l'amour du pays, la patrie avant le parti, la famille, le clan ».
 
Même si vous dites qu’ « Il est trop tôt pour répondre à cette question. Le mandat de M. Guterres court jusqu’en 2026.  Attendons 2025 », n’est-il, peut être, pas temps pour espérer réaliser votre ambition mondialiste pro-occidentale que vous exprimez par «  j’aimerais me mettre au service de l’Afrique et du monde », après avoir renoncé à votre candidature anticonstitutionnelle, d’éviter une nouvelle confrontation mortifère avec la jeunesse qui souffre et se meurt de n’avoir aucun avenir au pays du fait de l’oppression impérialiste et de la gabegie de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale ?
 
Force est de constater, la négation assumée ou non par nos Etats et présidents néocoloniaux du lien direct de cause à conséquence entre françafrique, eurafrique et usafrique et la terrible prise de risque mortelle de notre jeunesse traversant désert et mers dans l’espoir d’aller gagner à la sueur de leur front une vie meilleure ailleurs qu’au pays.
 
C’est aussi le refus présidentialiste de voir cette principale cause de la radicalité de notre jeunesse de plus en plus décidée de vivre en travaillant à gagner décemment sa vie au pays qui se traduit par la brutalité hors la loi aveugle d’un pouvoir finissant qui croit pouvoir naïvement s’aménager une continuité et un après par l’élimination de l’un et l’adoubement d'autres.
 
La démocratie capitaliste néo-coloniale en tant que prolongement de la démocratie capitaliste impérialiste résulte à la fois des luttes démocratiques du peuple et de l’adaptation-singerie de l’État de classe comme dictature de la classe ou des classes sociales qui ont le pouvoir économique. Sa forme, pluralisme des partis, consultations électorales, lobbying patronal, même si elle ne laisse pas les classes laborieuses exploitées et dominées indifférentes, ne peuvent en cacher le contenu de classe, c’est-à-dire que les régimes politiques sont au service des patrons qui ont la possession des richesses produites par les travailleurs. 
 
Le système néocolonial consiste à associer à la domination des Monopoles, Multinationales des pays impérialistes en position subalterne celles des bourgeoisies bureaucratiques d’État et des bourgeoisies privées nationales jouant le rôle d’appendice des deux bourgeoisies précitées.
 
Le présidentialisme néocolonial consiste à concentrer des pouvoirs excessifs au président qui se soumet ensuite, dans les intérêts bourgeois, les pouvoirs législatif, judiciaire voire médiatique. C’est en cela que le régime parlementaire - parce qu’il concentre le pouvoir au parlement - est plus avantageux pour les classes laborieuses dans leur quête de pouvoir, elles aussi, influer sur les affaires de l’État selon leurs propres intérêts de classes comme nous l’avions exposé en son temps dans les débats des Assises Nationales.
 
Mais les conquêtes démocratiques qui ont permis deux alternances libérales après 40 ans de pouvoir social-libéral sont aujourd'hui piétinées au quotidien par la mise en branle d'un Etat hors la loi de fait.  
 
La posture « d’homme de dialogue et de paix » qu’affiche après coup Macky Sall pose la question à toute la classe politique et tous les candidats déclarés l’équation suivante à résoudre pour une élection présidentielle 2024 démocratique, transparente, apaisée : Satisfaire l’exigence sociale de l’inclusion de O. Sonko ou risquer d’entraîner le pays dans une instabilité durable par le rejet massif d’une jeunesse qui a troqué sa désespérance en son avenir en espoir que « Sonko est la solution ».
 
C’est pour toute la classe politique, en particulier le président Macky Sall, l’occasion d’arrêter momentanément de désespérer : 
Pikine/Guediawaye/KeurMassar/Podor/Bakel/Tamba/Ziguinchor/Bignona/Touba/Kaoloack/Fatick/Thiès.
14/07/23     
Diagne Fodé Roland
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