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La justice espagnole va demander l'arrestation de Puigdemont en Belgique

Vendredi 3 Novembre 2017

La justice espagnole va demander l'arrestation de Puigdemont en Belgique
La justice espagnole devait demander vendredi à la Belgique de lui livrer Carles Puigdemont, au lendemain de l'incarcération de membres de son gouvernement destitué qui a provoqué la colère des indépendantistes catalans, déterminés à répondre dans les urnes.

Un mandat d'arrêt européen devrait être émis dans la journée contre le président déchu de l'exécutif catalan par la juge madrilène chargée d'instruire le procès des dirigeants destitués.

Cela intervient une semaine après la proclamation unilatérale d'une "République de Catalogne", aussitôt suivie d'une mise sous tutelle de la région par Madrid.

Avec 13 membres de son exécutif et six membres du bureau du parlement régional, Carles Puigdemont était appelé à comparaître jeudi devant une juge d'instruction à Madrid, mais il est resté à Bruxelles où il se trouve depuis le début de semaine avec apparemment quatre de ses "ministres" pour, dit-il, alerter l'Europe sur "la répression" en Catalogne.

En revanche, le vice-président Oriol Junqueras et sept autres membres du gouvernement destitué ont comparu et ont été inculpés de sédition et de rébellion puis écroués à l'issue de leur audition.

Leur incarcération a été unanimement condamnée par les indépendantistes, qui font valoir le caractère "pacifique" de leur mobilisation depuis des années et du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre.

Jeudi soir, 20.000 personnes selon la police municipale se sont rassemblées devant le Parlement catalan à Barcelone pour exiger "la libération des prisonniers politiques".

Et vendredi, des manifestants ont bloqué des routes en Catalogne et occupé des voies dans une gare de Barcelone, provoquant des retards de trains, tandis que des étudiants bloquaient brièvement une artère de la métropole catalane.

- Risque de fuite -

La juge d'instruction a justifié par un risque de fuite la mise sous écrou des responsables indépendantistes, que le parquet accuse d'avoir encouragé "un mouvement d'insurrection active" pour atteindre leur objectif sécessionniste.

Seul un "ministre" régional - qui avait démissionné avant la proclamation de la "République" et a été le seul à répondre aux questions de la magistrate - a été libéré ce vendredi, sous caution.

Droit dans ses bottes, M. Puigdemont se dit disposé à répondre à la magistrate depuis Bruxelles, tout en "exigeant" la libération de ses ministres, "prisonniers politiques".

Il a estimé que la décision de la justice n'était "plus une affaire interne espagnole" et que la communauté internationale devait "se rendre compte du danger" qu'elle constituait.

La Commission européenne a pour sa part souligné que ce dossier relevait de la justice. Le gouvernement allemand a de son côté redit son soutien total à Madrid. "L'Espagne est un Etat de droit" et la chancelière Angela Merkel "soutient la position claire" de son homologue espagnol, Mariano Rajoy, selon son porte-parole.

- Redresser l'économie -

A moins de deux mois des élections régionales convoquées pour le 21 décembre par Mariano Rajoy, le tour judiciaire que prend le bras de fer entre Madrid et Barcelone pourrait profiter aux formations séparatistes.

La coordinatrice générale du PDeCAT (Parti démocrate européen catalan, conservateur indépendantiste), parti de Carles Puigdemont, a plaidé vendredi pour la constitution d'un front commun indépendantiste au scrutin.

Une autre formation, le CUP (indépendantiste et anticapitaliste), a appelé à répondre aux juges madrilènes par "une grève générale et une mobilisation massive", même si ses derniers appels en ce sens n'avaient pas été suivis.

Deux puissantes associations séparatistes, l'Assemblée nationale catalane et Omnium Cultural, ont appelé à de nouvelles manifestations. Les chefs de ces organisations sont écroués depuis la mi-octobre pour "sédition" en lien avec des manifestations d'indépendantistes.

Le recours formé par leurs avocats a été rejeté vendredi.

La Banque d'Espagne dit craindre "une récession" en cas de tension politique "sévère et prolongée" en Catalogne, d'où sont déjà parties 2.066 entreprises qui ont déménagé leur siège social vers d'autres régions depuis le début octobre.

Le porte-parole du gouvernement espagnol a estimé vendredi que le succès de l'organisation des élections du 21 décembre serait déterminant pour l'économie catalane, et en particulier le secteur du tourisme qui emploie 400.000 personnes et se ressent de façon "notable" de la crise institutionnelle.

Le scrutin doit permettre d'assurer "la sécurité, la stabilité et le redressement" de la région de 7,5 millions d'habitants, a déclaré le porte-parole, Inigo Mendez de Vigo.

La Catalogne est la région espagnole dont les chiffres du chômage ont été les plus mauvais en octobre, avec une hausse du nombre de chômeurs de 14.700 personnes.
 
 
 
 
 
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