Par Mamadou Sy Albert
La gestion de la régie financière de la ville de Dakar est au centre de l’emprisonnement accéléré du maire Khalifa Ababacar Sall. On soupçonnerait le maire d’avoir détourné des fonds publics, fait usage de faux et d’escroquerie. Il devra probablement se justifier à la barre. L’affaire aura pu pourtant être bien plus simple que la tournure actuelle annonçant des batailles politiques plus assassines au regard de la politisation de la gestion de la régie financière clientéliste par le grand banditisme.
Il aurait simplement suffi de retracer rationnellement la procédure administrative, financière et l’usage réel de l’argent public décaissé pour se faire une idée exacte de tous les contours de la gestion des moyens financiers utilisés et la finalité. On a préféré sciemment donner à l’affaire une dimension étatique : convocation à la direction des investigations criminelles, conférence de presse du procureur de la République, confrontation du maire avec ses collaborateurs.
La politique politicienne est ainsi capable de transformer tout fait et geste public anodin tenant d’une routine des actes les plus insignifiants dans la vie d’une collectivité locale en une affaire d’État. On est prêt à dépenser l’équivalent de l’argent introuvable pour se faire plaisir. La caisse d’avance ou fond politique, peu importe d’ailleurs le terme utilisé pour qualifier la ligne de crédits publics, obéit fondamentalement à la satisfaction d’une demande politique (sociale et économique) infernale dont tous les acteurs politiques connaissent et maitrisent parfaitement les rouages.
Ce sont des ressources financières mises au service de l’autorité pour subvenir aux besoins et aux urgences des populations déshéritées, des militants, des mouvements sociaux et culturels, pour ne dire, des dépenses urgentes et envahissantes les allées des pouvoirs publics nationaux ou locaux. L’ordonnateur est le maître absolu des règles du jeu dépensier de ces fonds et de l’utilisation finale de ce qui est devenu un véritable trésor de guerre de l’administration sénégalaise.
Toutes les institutions de la République bénéficient de cette largesse en raison de l’ampleur grandissante de la dimension sociale de la gouvernance publique. C’est à la limite une manière de sécuriser les budgets de fonctionnements des structures étatiques et une garantie supposée de l’exécution des programmes nationaux et locaux. Au-delà de cet aspect imprévisible du social que la politisation de l’affaire de la régie financière de la ville de Dakar tente maladroitement de masquer, la réalité des collectivités locales n’est point un mystère impénétrable. Les élus locaux tirent le diable par la queue.
Les élus locaux de la majorité présidentielle et de l’opposition ne cessent en attendant la seconde phase de l’Acte III de la décentralisation devant renforcer les capacités financières des collectivités locales de se lamenter au sujet des ressources financières budgétaires faibles et de la pression croissante de la demande sociale.
Dans l’écrasante majorité des structures où elle existe, la caisse d’avance est ce qui permet aux ordonnateurs de budgets publics de jouir encore de prestige social, de garder les militants de la première heure et de recruter des électeurs. Sans ce mécanisme, beaucoup de maires et Directeurs généraux auraient rendu le tablier depuis fort longtemps. C’est le levier fondamental du clientélisme politique dans toutes les mairies du pays et les administrations publiques. Il en est ainsi dans toutes les institutions de la République.
En cherchant sélectivement les trous noirs dans la régie financière de la ville de Dakar alors que les autres villes fonctionnent de la même manière qu’elle, sinon pire puisque cette dernière à un budget consistant de quelques milliards, le pouvoir met au grand jour les capacités de nuisance insoupçonnée de la puissance publique quand il faut salir, discréditer un adversaire imaginaire ou réel et le mettre hors d’état de nuire les ambitions du gouvernant. La justice est alors actionnée à partir d’un contrôle, d’une inspection et d’une mauvaise gestion difficile à établir suivant une procédure non partisane. L’affaire est pliée en quelques semaines. L’adversaire est enfermé. On tourne la page.
Quand la justice participe à une telle bataille politique entre des adversaires politiques déclarés et dépouille l’adversaire du gouvernant de ces biens, de ces moyens légaux de défense, de sa dignité et de son honneur, elle devient une justice dépendante de l’ordre régnant. C’est ce glissement qui a failli plonger le Sénégal dans le chaos en 2012.
La seconde alternance ne semble pas avoir tiré tous les enseignements sombres des histoires de règlement de comptes de la première alternance et du régime socialiste quarantenaire et de l’usage politicien des caisses d’avance. Le Sénégal a perdu des milliards et des milliards en raison des tensions politiciennes.
La pratique du grand banditisme constitue à la fois une menace sérieuse pour la démocratie et pour tout le système économique. Tant que les gouvernants continueront de dépenser à leur convenance des fonds publics pendant qu’ils exercent toutes les formes de pression imaginable de la puissance étatique sur des adversaires, le Sénégal ne sera point à l’abri de la violence politique aveugle.
La résistance de l’opposition se dessinant à l’horizon laisse croire que l’économie sera au ralenti par le fait du clientélisme à la veille des législatives de 2017 et de la raison du plus fort du moment. La démocratie sénégalaise pourra difficilement rompre avec le cycle de la vengeance, des règlements de compte et du piétinement des libertés des adversaires du régime.Les futurs gouvernants utiliseront naturellement des armes politiques quasi identiques à savoir le chantage, la pression clientéliste et la justice contre les anciens gouvernants du pouvoir défaits par les urnes.
La gestion de la régie financière de la ville de Dakar est au centre de l’emprisonnement accéléré du maire Khalifa Ababacar Sall. On soupçonnerait le maire d’avoir détourné des fonds publics, fait usage de faux et d’escroquerie. Il devra probablement se justifier à la barre. L’affaire aura pu pourtant être bien plus simple que la tournure actuelle annonçant des batailles politiques plus assassines au regard de la politisation de la gestion de la régie financière clientéliste par le grand banditisme.
Il aurait simplement suffi de retracer rationnellement la procédure administrative, financière et l’usage réel de l’argent public décaissé pour se faire une idée exacte de tous les contours de la gestion des moyens financiers utilisés et la finalité. On a préféré sciemment donner à l’affaire une dimension étatique : convocation à la direction des investigations criminelles, conférence de presse du procureur de la République, confrontation du maire avec ses collaborateurs.
La politique politicienne est ainsi capable de transformer tout fait et geste public anodin tenant d’une routine des actes les plus insignifiants dans la vie d’une collectivité locale en une affaire d’État. On est prêt à dépenser l’équivalent de l’argent introuvable pour se faire plaisir. La caisse d’avance ou fond politique, peu importe d’ailleurs le terme utilisé pour qualifier la ligne de crédits publics, obéit fondamentalement à la satisfaction d’une demande politique (sociale et économique) infernale dont tous les acteurs politiques connaissent et maitrisent parfaitement les rouages.
Ce sont des ressources financières mises au service de l’autorité pour subvenir aux besoins et aux urgences des populations déshéritées, des militants, des mouvements sociaux et culturels, pour ne dire, des dépenses urgentes et envahissantes les allées des pouvoirs publics nationaux ou locaux. L’ordonnateur est le maître absolu des règles du jeu dépensier de ces fonds et de l’utilisation finale de ce qui est devenu un véritable trésor de guerre de l’administration sénégalaise.
Toutes les institutions de la République bénéficient de cette largesse en raison de l’ampleur grandissante de la dimension sociale de la gouvernance publique. C’est à la limite une manière de sécuriser les budgets de fonctionnements des structures étatiques et une garantie supposée de l’exécution des programmes nationaux et locaux. Au-delà de cet aspect imprévisible du social que la politisation de l’affaire de la régie financière de la ville de Dakar tente maladroitement de masquer, la réalité des collectivités locales n’est point un mystère impénétrable. Les élus locaux tirent le diable par la queue.
Les élus locaux de la majorité présidentielle et de l’opposition ne cessent en attendant la seconde phase de l’Acte III de la décentralisation devant renforcer les capacités financières des collectivités locales de se lamenter au sujet des ressources financières budgétaires faibles et de la pression croissante de la demande sociale.
Dans l’écrasante majorité des structures où elle existe, la caisse d’avance est ce qui permet aux ordonnateurs de budgets publics de jouir encore de prestige social, de garder les militants de la première heure et de recruter des électeurs. Sans ce mécanisme, beaucoup de maires et Directeurs généraux auraient rendu le tablier depuis fort longtemps. C’est le levier fondamental du clientélisme politique dans toutes les mairies du pays et les administrations publiques. Il en est ainsi dans toutes les institutions de la République.
En cherchant sélectivement les trous noirs dans la régie financière de la ville de Dakar alors que les autres villes fonctionnent de la même manière qu’elle, sinon pire puisque cette dernière à un budget consistant de quelques milliards, le pouvoir met au grand jour les capacités de nuisance insoupçonnée de la puissance publique quand il faut salir, discréditer un adversaire imaginaire ou réel et le mettre hors d’état de nuire les ambitions du gouvernant. La justice est alors actionnée à partir d’un contrôle, d’une inspection et d’une mauvaise gestion difficile à établir suivant une procédure non partisane. L’affaire est pliée en quelques semaines. L’adversaire est enfermé. On tourne la page.
Quand la justice participe à une telle bataille politique entre des adversaires politiques déclarés et dépouille l’adversaire du gouvernant de ces biens, de ces moyens légaux de défense, de sa dignité et de son honneur, elle devient une justice dépendante de l’ordre régnant. C’est ce glissement qui a failli plonger le Sénégal dans le chaos en 2012.
La seconde alternance ne semble pas avoir tiré tous les enseignements sombres des histoires de règlement de comptes de la première alternance et du régime socialiste quarantenaire et de l’usage politicien des caisses d’avance. Le Sénégal a perdu des milliards et des milliards en raison des tensions politiciennes.
La pratique du grand banditisme constitue à la fois une menace sérieuse pour la démocratie et pour tout le système économique. Tant que les gouvernants continueront de dépenser à leur convenance des fonds publics pendant qu’ils exercent toutes les formes de pression imaginable de la puissance étatique sur des adversaires, le Sénégal ne sera point à l’abri de la violence politique aveugle.
La résistance de l’opposition se dessinant à l’horizon laisse croire que l’économie sera au ralenti par le fait du clientélisme à la veille des législatives de 2017 et de la raison du plus fort du moment. La démocratie sénégalaise pourra difficilement rompre avec le cycle de la vengeance, des règlements de compte et du piétinement des libertés des adversaires du régime.Les futurs gouvernants utiliseront naturellement des armes politiques quasi identiques à savoir le chantage, la pression clientéliste et la justice contre les anciens gouvernants du pouvoir défaits par les urnes.