Le Président français Emmanuel Macron arrivera le lundi 28 octobre à Rabat, pour une visite d’Etat de trois jours, à l’invitation du souverain Mohammed VI.
Cette visite sera l’occasion, pour les deux pays, de concrétiser leur « nouvelle ambition pour les décennies à venir » après une période de froid marquée par des tensions liées notamment à la crise des visas qui a semé la discorde entre la France et le Maroc.
Si fin 2023, l’Ambassadrice du Maroc à Paris, Samira Sitaïl, annonçait que la situation en matière de visas était revenue à la normale, la relation entre les deux pays a connu une nouvelle impulsion après l’évolution de la position française concernant la région du Sahara occidental.
C’est donc quelques semaines après le soutien franc d’Emmanuel Macron à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, qu’a été annoncé cette visite d’Etat qui permettra d’avancer sur les plans de développement respectifs du Maroc et de la France, comme l’a appris Anadolu auprès de l’Elysée.
Des « séries de feuilles de route ambitieuses »
La venue d’Emmanuel et Brigitte Macron à Rabat, va marquer le début de la mise en route d’une « série de feuilles de route qui ont été négociées ces derniers mois » notamment « en matière d’enseignement supérieur et de recherche, en matière d’éducation, en matière d’innovation et de culture, dans le cadre d’une francophonie de valeur ».
Souhaitant inscrire cette « dynamique dans la durée », l’Elysée affirme vouloir également répondre « à des nouvelles réalités, à la fois marocaines, en terme de développement mais également régionales et internationales pour inscrire » les relations bilatérales dans « un contexte de transformation rapide de la scène internationale ».
« Notre objectif est de pouvoir travailler à soutenir notre souveraineté respective: souveraineté économique, énergétique, sanitaire, et donc nous allons pouvoir illustrer cette complémentarité à travers des feuilles de route qui tracent une ambition pour l’avenir et de grands projets en commun » précise la présidence française.
Alors que le Maroc accueillera prochainement la CAN 2025 et la Coupe du Monde en 2030 (avec l’Espagne et le Portugal), la France entend « accompagner le Maroc dans son ambition » de faire de ces évènements « de grands succès ».
Paris, qui considère que « le Maroc a vocation à constituer un hub entre l’Europe et l’Afrique », estime avoir « une série de convergences et de complémentarités qu’il s’agit de dessiner en s’appuyant sur une série d’initiatives ».
Selon l’Elysée, cette visite d’Etat aux enjeux divers devrait par ailleurs permettre de « renforcer la coordination politique » entre Paris et Rabat et plusieurs accords dont la teneur n’a pas été précisée à ce stade seront signés dès lundi 28 octobre dans le secteur de « l’eau, l’énergie, l’éducation, le capital humain, mais également la sécurité intérieure ».
- Un programme dense prévu à l’agenda
Si l’agenda définitif de cette visite n’a pas été formellement validé à ce stade, l’Elysée fait savoir que plusieurs événements sont prévus durant ces trois jours.
A son arrivée au cœur de la capitale marocaine, le président de la République sera accueilli par le roi Mohammed VI avant un entretien « en tête à tête » entre les deux dirigeants. Cet échange sera suivi d’une cérémonie de signatures d’accords.
Le 29 octobre, Emmanuel Macron enchainera les « rencontres politiques » avec en premier lieu, un entretien prévu avec le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch.
Au terme de ces échanges, le chef de l’Etat se dirigera vers le Mausolée Mohammed V pour « un moment de recueillement » avant une allocution qui sera prononcée devant le Parlement marocain. Un dîner se tiendra ensuite à l’invitation du roi Mohammed VI en l’honneur d’Emmanuel et Brigitte Macron.
La visite sera en outre jalonnée par des rencontres avec des personnalités de divers secteurs sur lesquels la France et le Maroc souhaitent accentuer leur coopération.
Pour la journée de mercredi, Emmanuel Macron clôturera sa visite par une réception offerte à la communauté française du Maroc, qui compte 53 000 ressortissants.
- Le dossier du Sahara occidental évoqué
Interrogé par Anadolu, l’Elysée n’a pas souhaité préciser si certains des contrats qui vont être conclus entre les pays concernent la région du Sahara occidental mais assure que la visite d’Emmanuel Macron sera l’occasion « de réitérer » la position de la France et de son soutien à la souveraineté du Maroc sur cette région.
« Il est évidemment important pour nos amis Marocains que nous confirmions notre attachement à cette question essentielle pour leur sécurité nationale et ce sera le cas », est-il précisé.
Si à ce stade, l’ouverture d’un consulat à Dakhla comme l’ont déjà fait plusieurs pays « n’est pas d’actualité », la présidence assure qu’il est prévu de « travailler à la partie d’opérationnalisation de cette position » et que la France « est prête à accompagner le développement économique de ces régions au bénéfice des populations locales et conformément au droit international ».
Pour rappel, dans une lettre adressée au Roi Mohammed VI à l'occasion du 25e anniversaire de son accession au trône, Emmanuel Macron a annoncé qu’il considérait « que le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
« Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant », a-t-il poursuivi ajoutant que ce plan « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique, juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
L’évolution de la position d’Emmanuel Macron a immédiatement provoqué une nouvelle crise diplomatique entre la France et l’Algérie, qui a décidé le retrait immédiat de son Ambassadeur à Paris.
Pour sa part, le président Abdelmajid Tebboune a reporté sa visite (déjà reportée à deux reprises) en France, prévue fin septembre - début octobre, suite à cette évolution de la position de Macron.
À noter que le conflit entre le Maroc et le Front Polisario concernant la région du Sahara occidental dure depuis 1975. Il a commencé après que l'occupation espagnole a mis fin à sa présence dans la région, avant de se transformer en une confrontation armée qui a duré jusqu'en 1991, et a pris fin avec la signature d'un accord de cessez-le-feu qui considérait Guerguerat, une zone démilitarisée.
Le Maroc insiste sur son droit à la région du Sahara et propose une autonomie étendue sous sa souveraineté, tandis que le Front Polisario demande un référendum en application de la Résolution 690 du Conseil de sécurité des Nations unies pour déterminer le sort de la région, position soutenue par l'Algérie, qui accueille des réfugiés de la région contestée.
La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental a été officiellement reconnue en 2020 par les Etats-Unis et en 2023 par l'Espagne.
L'Algérie soutient fermement le Front Polisario et sa position en faveur d'un référendum d'autodétermination pour la population du Sahara occidental, conformément à la résolution 690 de l'ONU. Elle s'oppose à toute solution qui ne respecterait pas ce cadre, rejetant notamment le plan d'autonomie proposé par le Maroc sous sa souveraineté. [AA]