Tout le monde voyait venir car celui dont il est question dans ce texte est d’une prévisibilité électronique, presqu’enfantine. Son « dialogue national », tout le monde a pressenti, senti et su in fine que c’était un vague truc de pipeau destiné à un sombre projet au coeur, la destruction en miettes d’un processus électoral qui lui a échappé sous le nez. Une chimère crypto-populiste sans contenu autre que le management vital des envies ultimes d’une gouvernance roublarde qui, au crépuscule de sa douce et sanglante démocrature, tient à déminer à la hussarde le gigantesque terrain de ses forfaitures et trahisons.
Pendant douze ans, celui dont il est question a méthodiquement, obstinément tenté de fracasser la vitrine de fer qui protège tant bien que mal nos acquis démocratiques, entretient avec peine l’Etat de droit, maintient en l’état nos libertés fondamentales contre les agresseurs de notre réalité de peuple souverain, de femmes et d’hommes libres. Il est la tête de gondole d’un large spectre de clientèles diverses aux intérêts divergents : politiciens cramés jusqu’à la moelle, affairistes pris au piège de leurs magouilles, truands soucieux de protection, repris de justice recyclés dans l’exécution de sales besognes, trafiquants d’influence survivants de toutes les intempéries depuis plusieurs décennies, déçus d’un « Grand Soir » accrochés à l’arrière du dernier des wagons-subsides de président-fondateur et de la reine Simone… Ceux qui se ressemblent s’assemblent !
Sonné par l’échec face à une résistance populaire et institutionnelle pourtant de moyenne intensité, il s’en est remis finalement à de vieilles recettes incrustées dans sa mentalité et dans ses méthodes de manipulateur impénitent et introverti. C’est l’une de ces recettes qui a enfanté cette connerie de dialogue national que l’on a du mal à ne pas assimiler à un attentat terroriste dirigé contre la Constitution par un large spectre de politiciens d’hier et d’aujourd’hui désespérément emmitouflés sous diverses couvertures langagières pour donner le change. Qu’espérer de moins scandaleux d’un Président-scandale?
Auto-destruction
L’aventure autoritaire du Président-scandale est naturellement porteuse de sa propre destruction, de son délitement et de son évanescence. Sa militance effrénée et tragique pour le chaos permanent est symétrique au ‘’coup d’Etat permanent’’ dénoncé par François Mitterrand pour fustiger l’extrême pouvoir personnel dont il accusa Charles de Gaulle et la 5e République Française. Nous en avons une version pire au Sénégal, victimes que nous sommes d’un présidentialisme qui peut tourner en bourrique un Conseil constitutionnel dont les Décisions sont pourtant in-susceptibles de recours et, encore moins, de tergiversations. Ramené par 7 juges à son statut de mortel devant être au service exclusif de ses compatriotes et de la stabilité des institutions républicaines, celui dont il est question ici en a pris ombrage et lancé, en représailles, une guérilla monstrueuse pour se convaincre que sa ‘’sainteté’’ reste intouchable! Qu’espérer de moins scandaleux d’un Président-scandale qui s’est forgé une dangereuse (in)culture politique aux soubassements incandescents, avec des capacités opérationnelles et destructrices aussi effrayantes que celles pouvant être permises par des pouvoirs illimités ?
Que dire de plus du Président-scandale qui ne l’ait déjà été sur la place sénégalaise ? Douze ans de pollutions en tous genres déversées de force à tous les étages de la République, disséminées dans toutes les strates de la Nation, stockées dans toutes les interstices de la Société pour asseoir un esclavage démocratisé des populations et des institutions de ce pays ne lui ont pas permis de parvenir à ses fins ténébreuses. Il est en échec. Pour l’instant.
L'Échec d'une vie
Mais son mépris génocidaire pour les lois, pour l’éthique et la discipline républicaines dans un Etat de droit ne risquent pas de nous quitter si vite. Les stigmates et souvenirs d’une répression sauvage des libertés fondamentales resteront inoubliables pour le Peuple souffrant du Sénégal. L’insurrection judiciaire qu’il a institutionnalisée et instrumentalisée pour bafouer l’exercice démocratique et citoyen des droits et libertés dans ce pays demeurera un marqueur indélébile d’une gouvernance subversive et conspiratrice.
En fin de compte, celui dont il est question ici n’aura ouvert aucune perspective politique pour la démocratie sénégalaise après son arrivée au pouvoir en 2012. Ferrailler, se bagarrer, emprisonner, manoeuvrer… Son égoïsme défie l’entendement ! Tous les actes qu’il a posés ont servi ses desseins personnels d’une manière ou d’une autre. Et en 2024, nous en sommes à compter les coups tordus qu’il a infligés à cette architecture d’Etat de droit que bon nombre de pays nous envient en toute fraternité. Ce sera l’Échec de sa vie. Ses pairs de la Cedeao le lui ont d’ailleurs insidieusement signifié entre les lignes du communiqué publié à l’issue du Sommet des chefs d’Etat du bloc ouest-africain tenu le week-end dernier à Abuja. S’en est-il rendu compte ?Ecce homo !