Introduction
Nous saisirons cette opportunité pour rappeler que ce sont les effets et conséquences des pathologies et dysfonctionnements du système de la démocratie représentative qui est une des sources du populisme. Mais aussi pour comprendre un des aspects fondamentaux du populisme comme vision restrictive, simplificatrice et réductrice du concept de peuple « comme mise en forme et mise en scène d’un peuple dans sa différence aux élites » ( Rosanvallon).
C’est aussi une interprétation étroite de la souveraineté nationale recroquevillée sur ses frontières, caractérisée par le repli identitaire sur le plan économique et politique avec comme conséquence le rejet de l’Europe (le Brexit et les menaces de Frexit si Marine Le Pen remportait les élections en France). Rejet aussi de la mondialisation et des institutions régionales et internationales comme sources de maux de toute la planète (Banque Mondiale, FMI, Club de Paris, etc.). Rejet également des élites considérées comme les corps malades de la société, le cancer qu’il faut extirper, la haine de l’establishment politique qui ne pense qu’a ses intérêts. Rejet de toute forme de cosmopolitisme, rejet des étrangers et des migrants considérés comme ceux qui viennent voler le travail des nationaux. Vous trouvez les thèmes qui alimentent les campagnes électorales dans beaucoup de pays européens et américains par des partis populistes d’extrême droite. La campagne du Brexit en Grande-Bretagne fondée sur le rejet des étrangers et des migrants.
Une politique faite de murs, de barbelés, de clôtures, d’enclos, et de centres de rétention montrant délibérément les immigrés et les réfugiés comme des dangers pour la société. La situation de chaos créée par la guerre contre L’Etat islamique avec les réfugiés venant de Syrie et d’Irak ajoutent à la psychose et aux confusions liées à la menace terroriste. Bref, tous les ingrédients pour une pratique politique manichéenne du « eux » contre « nous » mais aussi de la diabolisation-‘démonisation’ de tout ce qui n’appartient pas au« peuple » dans le sens étroit et souvent identitaire et ethnique. Achille Mbembe parle de politiques d’inimitiés et de relations sans désir ou de déliaison.
Nous sommes en face d’un basculement historique et politique qui par sa brutalité et son ampleur mondial rappelle à bien des égards la chute du mur de Berlin en 1989. (Rosanvallon)
Ce défi est d'une rare complexité pour les organisations des droits de l’homme, les organisations intergouvernementales car portant sur la reconnaissance et la légitimité de leur action surdes questions relatives la crise des réfugiés et des migrants, ou les lois d'exception sur le terrorisme et leur impact sur la restriction des libertés fondamentales. Il porte aussi sur le parti pris politique de la répression et la montée vertigineuse de l’intolérance contre les défenseurs des droits humains. La critique de l’ONU par les Etats Unis qui diminuent leur contribution et récemment leur retrait de l’UNESCO.
Au regard de tous ces bouleversements qui minent la démocratie actuelle, de grands penseurs n'hésitent d'ailleurs pas à inscrire la démocratie des droits de l'homme et le primat accordé à l'individu parmi les dysfonctionnements du système actuel :
En fait, une phase de désenchantement global, d'insatisfaction existentielle et structurelle dont les causes sont multiples aujourd'hui.
« Si le populisme est à l'ordre du jour, c'est parce que la démocratie ne tient pas ses promesses. Nous assistons au déclin de la performance démocratique de l'élection, qui est moins qu'avant capable de légitimer le pouvoir issu des urnes. La classe politique s'est coupée de la société. Elle a pris le visage d'une partitocratie et d'une oligarchie gouvernante, et les citoyens ont le sentiment de ne plus être écoutés et encore moins représentés, d'être délaissés en matière économique et sociale. L'actualité du populisme est l'actualité d'une fatigue démocratique, c'est l'ombre noire des dysfonctionnements démocratiques. Au 20e siècle ceux-ci ont engendré le totalitarisme, au 21e siècle c'est le populisme. » Pierre Rosanvallon, L’Observateur Hors-série, Mai-Juin 2017.
En dehors des dysfonctionnements politiques, il faut citer :
L’Affaiblissement de la souveraineté des Etats d'une part importante de leurs prérogatives régaliennes en matière économique, politique et sociale avec l’intervention des institutions monétaires internationales (FMI, Banque mondiale, Union européenne, Conseil de Sécurité des Nations Unies etc.), mais aussi au plan diplomatique, en matière de sécurité et de justice etc.
Retenir ici, que le populisme est le résultat des pathologies et autres dysfonctionnements de la démocratie représentative, une conception réductrice du concept de peuple, sa simplification à la fois politique et sociologique, le peuple entendu comme une entité homogène sociologiquement dont on a déduit les corps malades que sont les élites, les étrangers et les migrants. (Pierre Rosanvallon).
Se mettent en place les principaux éléments constitutifs de la construction du bouc émissaire et de la diabolisation, c’est-à-dire les gens qui sont construits comme des démons sources de tous les maux de la société, le cancer qu’il faut extirper de la société pour la guérir, parmi ces gens figurent aussi dans certains cas, les indésirables que sont les opposants politiques, les défenseurs de droits de l’homme, les syndicalistes et les journalistes. D’où le relâchement normatif, moral et la banalisation des discours de haine, discours racistes, antisémites et islamophobes produits parfois par des acteurs politiques d’envergure. Pire l’existence des sites dans lesquels fleurissent cette propagande.
Il faut reconnaitre que tout cela n’est pas nouveau, le populisme a existé au 19eme et au 20siècle avec des conséquences énormes pour l’humanité. Aujourd’hui elle est globale et existe comme pratique politique dans les deux grandes puissances mondiales les USA et la Russie mais aussi de plus en plus en Europe et en Amérique Latine et en Afrique ou elle a toujours été présente et où elle revient avec force.
Le populisme de gauche est d’inspiration marxiste et se démarque toutefois du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de l’islamophobie. Il a ses idéologues et ses penseurs, ses leaders politiques en Grande Bretagne, en France avec la France insoumise, Syriza en Grèce, en Espagne avec Podemos, en Amérique Latine avec Chavez au Venezuela, Peron en Argentine.
C’est d’abord avec l’esclavage et la colonisation qui constituent des dénis absolus d’humanité que l’on a commencé pour la première fois à expérimenter les politiques de démonisation/diabolisation qui ont touché par la suite beaucoup de population dans le monde. La Déclaration universelle des droits de l’homme du citoyen de 1789 ne reconnaissait aucun droit aux populations des territoires et départements d’Outre-mer en France, de même que la Déclaration d’Indépendance des Etats Unis ne reconnaissait les droits aux esclaves.
Pratiquement tous les continents ont connu des politiques de demonisation/diabolisation considérant qu’il existe des êtres humains et des infrahumains avec des politiques d’apartheid, de discrimination d’exclusion et de marginalisation. Avec le discours de haine et parfois la commission de crimes de masse que nous avons connus avec le génocide du Rwanda, les conflits au Darfour, dans les Balkans, etc. Aujourd’hui on est confronté partout à cette forme de demonisation et ses effets avec ce qui se passe en Birmanie avec le drame des Rohingyas, avec la politique populiste de Nkurunziza au Burundi.
Avec l’indépendance et tout au long des années 60 à 90, le continent africain a connu le parti unique avec des régimes populistes et des dictatures civiles et militaires dont certaines étaient des caricatures avec Bokassa en RCA, Idi Amin en Ouganda, Mobutu au Zaïre, etc. Les tentatives de démocratisation des années 90 ont permis d’avoir un ballon d’oxygène dans certains pays jusqu’en 2005.
Avec le développement du populisme en Europe et aux Etats Unis et le paradigme dominant de la lutte contre le terrorisme depuis le 11 Septembre 2001, la priorité des relations internationales ne portent plus sur les droits humains relégués au second plan au profit du paradigme sécuritaire souvent saisi comme prétexte de la lutte contre le terrorisme, pour ignorer le droit et les droits de l’homme et instaurer dans la durée l’Etat d’exception.
CONCLUSIONS
Peut-on continuer à travailler dans le même système, avec la même méthodologie le même système d’alliance avec les autres organisations internationales, régionales et nationales en ignorant totalement les changements qui s’opèrent à tous les niveaux politique, économique, social, et technologique ? Aujourd’hui jamais la société civile nationale et internationale n’a subi autant d’attaques au plan verbal, physique, et moral. Il s’agit d’une hostilité ou les régimes populistes et autoritaires sont souvent les auteurs en Afrique et ailleurs.
La menace porte également sur les institutions internationales, régionales et multilatérales avec lesquelles nous travaillons et avec lesquelles nous partageons des valeurs. L’utilisation de la méthode «naming» et «shaming» est-elle partout et toujours opérationnelle et efficace ?
Faut-il un recadrage, comment le faire ?
La coalition peut s’appuyer sur des pays et des institutions qui partagent les mêmes valeurs et le même idéal pour les droits humains, notamment les Nations Unies et l’Union Européenne, et quelques pays africains, américains, et asiatiques par exemple.
- Un basculement historique et géopolitique de la même ampleur que celle de la chute du mur de Berlin
Nous saisirons cette opportunité pour rappeler que ce sont les effets et conséquences des pathologies et dysfonctionnements du système de la démocratie représentative qui est une des sources du populisme. Mais aussi pour comprendre un des aspects fondamentaux du populisme comme vision restrictive, simplificatrice et réductrice du concept de peuple « comme mise en forme et mise en scène d’un peuple dans sa différence aux élites » ( Rosanvallon).
C’est aussi une interprétation étroite de la souveraineté nationale recroquevillée sur ses frontières, caractérisée par le repli identitaire sur le plan économique et politique avec comme conséquence le rejet de l’Europe (le Brexit et les menaces de Frexit si Marine Le Pen remportait les élections en France). Rejet aussi de la mondialisation et des institutions régionales et internationales comme sources de maux de toute la planète (Banque Mondiale, FMI, Club de Paris, etc.). Rejet également des élites considérées comme les corps malades de la société, le cancer qu’il faut extirper, la haine de l’establishment politique qui ne pense qu’a ses intérêts. Rejet de toute forme de cosmopolitisme, rejet des étrangers et des migrants considérés comme ceux qui viennent voler le travail des nationaux. Vous trouvez les thèmes qui alimentent les campagnes électorales dans beaucoup de pays européens et américains par des partis populistes d’extrême droite. La campagne du Brexit en Grande-Bretagne fondée sur le rejet des étrangers et des migrants.
Une politique faite de murs, de barbelés, de clôtures, d’enclos, et de centres de rétention montrant délibérément les immigrés et les réfugiés comme des dangers pour la société. La situation de chaos créée par la guerre contre L’Etat islamique avec les réfugiés venant de Syrie et d’Irak ajoutent à la psychose et aux confusions liées à la menace terroriste. Bref, tous les ingrédients pour une pratique politique manichéenne du « eux » contre « nous » mais aussi de la diabolisation-‘démonisation’ de tout ce qui n’appartient pas au« peuple » dans le sens étroit et souvent identitaire et ethnique. Achille Mbembe parle de politiques d’inimitiés et de relations sans désir ou de déliaison.
Nous sommes en face d’un basculement historique et politique qui par sa brutalité et son ampleur mondial rappelle à bien des égards la chute du mur de Berlin en 1989. (Rosanvallon)
- Cette situation qui existe à l’échelle mondiale au point que beaucoup d’articles de presse, de revues, sans compter les ouvrages sont consacrés au thème du populisme considérant que nous vivons le temps du populisme. Une situation historique inédite qui rappelle les mêmes menaces nées des années 30 et qui ont abouti après la guerre en 1948 à l’adoption la Déclaration Universelle des droits de l’homme.
Ce défi est d'une rare complexité pour les organisations des droits de l’homme, les organisations intergouvernementales car portant sur la reconnaissance et la légitimité de leur action surdes questions relatives la crise des réfugiés et des migrants, ou les lois d'exception sur le terrorisme et leur impact sur la restriction des libertés fondamentales. Il porte aussi sur le parti pris politique de la répression et la montée vertigineuse de l’intolérance contre les défenseurs des droits humains. La critique de l’ONU par les Etats Unis qui diminuent leur contribution et récemment leur retrait de l’UNESCO.
- Le populisme entend aussi entretenir un lien direct et sans médiation avec le peuple, le peuple qu’il prétend installer au gouvernement, une vision politique démagogique que Trump dans son discours d’investiture veut réaliser quand il proclame solennellement « transférer le pouvoir non pas d’une administration à une autre, d’un parti à un autre mais de le transférer directement de Washington».D’où le recours fréquent à la consultation populaire avec le referendum ou le plébiscite.
- Un des traits spécifiques du populisme c’est le renforcement d’un pouvoir personnel autoritaire au détriment des institutions de la République, comme la justice, le Parlement et les institutions administratives indépendantes. Ce type de populisme que l’ancien président du Sénégal, Abdoulaye Wade appelle Césarisme démocratique est le genre qui caractérise l’Afrique et qui plombe le développement de son système démocratique. Car ici nous avons souvent le règne d’Ego-Crates ou d’Ethnocraties qui sont des Présidents-Peuple comme l’inventeur du concept de césarisme Napoléon III.
- Pour bien comprendre les menaces sur l’influence des organisations des droits de l’homme et sur la légitimité de leur action, il est indispensable d'examiner rapidement la transformation rapide de l'environnement politique mondial avec l'émergence du populisme comme nouveau système de représentations sociales, idéologiques et axiologiques dans une bonne partie du monde et qui façonnent de plus en plus la réalité politique, sociale et économique et procède à une grave déconstruction du système et des valeurs démocratiques, de l’Etat de droit et des droits humains.
- La restriction de l’espace civique en Afrique, la criminalisation de la parole dissidente assimilée abusivement a du terrorisme, la succession dynastique, la conservation du pouvoir duquel s’organise le transfert du pouvoir
Au regard de tous ces bouleversements qui minent la démocratie actuelle, de grands penseurs n'hésitent d'ailleurs pas à inscrire la démocratie des droits de l'homme et le primat accordé à l'individu parmi les dysfonctionnements du système actuel :
- « La dépolitisation de la société, l'affaiblissement du débat politique ne doivent pas être imputés à la seule classe politique, il est vrai souvent défaillante. Avec l'individualisation de la société les citoyens ont totalement délégué leurs fonctions politiques. Or en accordant le primat aux libertés individuelles, en dénonçant l'idée même de pouvoir mettre la souveraineté individuelle à l'abri de toute atteinte, la démocratie des droits de l'homme s'autodétruit, elle crée les conditions de l'impuissance publiques dont elle ne cesse de se plaindre... Alors que la première crise de la démocratie était liée à un trop plein de politique, d'engagement collectif, la seconde est à l'inverse celle de la désorganisation de la société atomisée en individus. Notre mal-être actuel, c'est notre angoisse devant cette société qui échappe à toute maîtrise et même à toute analyse. » Marcel Gauchet, l’Observateur, hors-série sur Démocratie et Populisme – Mai-Juin 2017. Voir également Le Nouveau Monde, Gallimard 2017.
- La crise de la démocratie libérale et représentative
En fait, une phase de désenchantement global, d'insatisfaction existentielle et structurelle dont les causes sont multiples aujourd'hui.
« Si le populisme est à l'ordre du jour, c'est parce que la démocratie ne tient pas ses promesses. Nous assistons au déclin de la performance démocratique de l'élection, qui est moins qu'avant capable de légitimer le pouvoir issu des urnes. La classe politique s'est coupée de la société. Elle a pris le visage d'une partitocratie et d'une oligarchie gouvernante, et les citoyens ont le sentiment de ne plus être écoutés et encore moins représentés, d'être délaissés en matière économique et sociale. L'actualité du populisme est l'actualité d'une fatigue démocratique, c'est l'ombre noire des dysfonctionnements démocratiques. Au 20e siècle ceux-ci ont engendré le totalitarisme, au 21e siècle c'est le populisme. » Pierre Rosanvallon, L’Observateur Hors-série, Mai-Juin 2017.
En dehors des dysfonctionnements politiques, il faut citer :
- la financiarisation de l'économie mondiale qui est à la source d'inégalités indécentes et qui constitue une véritable machinerie d'exclusion, de déclassement social et de production de misère de masse. Par contre, elle crée un enrichissement de plus en plus rapide et scandaleux d'une minorité d'individus qui disposent de l’essentiel du patrimoine mondial. Les plans d’ajustement structurels sont en partie responsables de l’affaiblissement des Etats nations en Afrique
L’Affaiblissement de la souveraineté des Etats d'une part importante de leurs prérogatives régaliennes en matière économique, politique et sociale avec l’intervention des institutions monétaires internationales (FMI, Banque mondiale, Union européenne, Conseil de Sécurité des Nations Unies etc.), mais aussi au plan diplomatique, en matière de sécurité et de justice etc.
- Impuissance globale face aux violations massives des droits de l’homme, aux crimes internationaux, surtout lors de conflits armes ou sont impliquées les grandes puissances.
Retenir ici, que le populisme est le résultat des pathologies et autres dysfonctionnements de la démocratie représentative, une conception réductrice du concept de peuple, sa simplification à la fois politique et sociologique, le peuple entendu comme une entité homogène sociologiquement dont on a déduit les corps malades que sont les élites, les étrangers et les migrants. (Pierre Rosanvallon).
Se mettent en place les principaux éléments constitutifs de la construction du bouc émissaire et de la diabolisation, c’est-à-dire les gens qui sont construits comme des démons sources de tous les maux de la société, le cancer qu’il faut extirper de la société pour la guérir, parmi ces gens figurent aussi dans certains cas, les indésirables que sont les opposants politiques, les défenseurs de droits de l’homme, les syndicalistes et les journalistes. D’où le relâchement normatif, moral et la banalisation des discours de haine, discours racistes, antisémites et islamophobes produits parfois par des acteurs politiques d’envergure. Pire l’existence des sites dans lesquels fleurissent cette propagande.
Il faut reconnaitre que tout cela n’est pas nouveau, le populisme a existé au 19eme et au 20siècle avec des conséquences énormes pour l’humanité. Aujourd’hui elle est globale et existe comme pratique politique dans les deux grandes puissances mondiales les USA et la Russie mais aussi de plus en plus en Europe et en Amérique Latine et en Afrique ou elle a toujours été présente et où elle revient avec force.
- Vote protestataire et montée des extrêmes en politique un peu partout dans le monde
- Populisme de droite et populisme de gauche
Le populisme de gauche est d’inspiration marxiste et se démarque toutefois du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de l’islamophobie. Il a ses idéologues et ses penseurs, ses leaders politiques en Grande Bretagne, en France avec la France insoumise, Syriza en Grèce, en Espagne avec Podemos, en Amérique Latine avec Chavez au Venezuela, Peron en Argentine.
- Populisme et démonisation/diabolisation
C’est d’abord avec l’esclavage et la colonisation qui constituent des dénis absolus d’humanité que l’on a commencé pour la première fois à expérimenter les politiques de démonisation/diabolisation qui ont touché par la suite beaucoup de population dans le monde. La Déclaration universelle des droits de l’homme du citoyen de 1789 ne reconnaissait aucun droit aux populations des territoires et départements d’Outre-mer en France, de même que la Déclaration d’Indépendance des Etats Unis ne reconnaissait les droits aux esclaves.
Pratiquement tous les continents ont connu des politiques de demonisation/diabolisation considérant qu’il existe des êtres humains et des infrahumains avec des politiques d’apartheid, de discrimination d’exclusion et de marginalisation. Avec le discours de haine et parfois la commission de crimes de masse que nous avons connus avec le génocide du Rwanda, les conflits au Darfour, dans les Balkans, etc. Aujourd’hui on est confronté partout à cette forme de demonisation et ses effets avec ce qui se passe en Birmanie avec le drame des Rohingyas, avec la politique populiste de Nkurunziza au Burundi.
Avec l’indépendance et tout au long des années 60 à 90, le continent africain a connu le parti unique avec des régimes populistes et des dictatures civiles et militaires dont certaines étaient des caricatures avec Bokassa en RCA, Idi Amin en Ouganda, Mobutu au Zaïre, etc. Les tentatives de démocratisation des années 90 ont permis d’avoir un ballon d’oxygène dans certains pays jusqu’en 2005.
Avec le développement du populisme en Europe et aux Etats Unis et le paradigme dominant de la lutte contre le terrorisme depuis le 11 Septembre 2001, la priorité des relations internationales ne portent plus sur les droits humains relégués au second plan au profit du paradigme sécuritaire souvent saisi comme prétexte de la lutte contre le terrorisme, pour ignorer le droit et les droits de l’homme et instaurer dans la durée l’Etat d’exception.
CONCLUSIONS
Peut-on continuer à travailler dans le même système, avec la même méthodologie le même système d’alliance avec les autres organisations internationales, régionales et nationales en ignorant totalement les changements qui s’opèrent à tous les niveaux politique, économique, social, et technologique ? Aujourd’hui jamais la société civile nationale et internationale n’a subi autant d’attaques au plan verbal, physique, et moral. Il s’agit d’une hostilité ou les régimes populistes et autoritaires sont souvent les auteurs en Afrique et ailleurs.
La menace porte également sur les institutions internationales, régionales et multilatérales avec lesquelles nous travaillons et avec lesquelles nous partageons des valeurs. L’utilisation de la méthode «naming» et «shaming» est-elle partout et toujours opérationnelle et efficace ?
Faut-il un recadrage, comment le faire ?
- Reconstruire une politique d’alliance mondiale très large
- Face à la situation actuelle ou le populisme est entrain de cerner la planète surtout le populisme d’extrême droite qu’on a connu dans les années 30, il est indispensable de reconstruire de nouvelles alliances et/ou coalitions mondiales d’ONG pour combattre les effets du populisme sur les droits humains. On peut construire ces coalitions sur le modèle de ceux qui ont permis de créer la Cour Pénale ou l’interdiction des mines.
La coalition peut s’appuyer sur des pays et des institutions qui partagent les mêmes valeurs et le même idéal pour les droits humains, notamment les Nations Unies et l’Union Européenne, et quelques pays africains, américains, et asiatiques par exemple.
- Renforcer l’éducation aux droits humains qui ne doit plus être réservée aux pays du Tiers Monde. La faiblesse de la culture des droits de l’homme se situe à l’échelle mondiale et à des degrés insoupçonnés, élargir les acteurs qui doivent en profiter, y compris les acteurs politiques et décideurs. Il faut des gens avec qui nous partageons les mêmes valeurs et le même idéal pour pouvoir vivre ensemble dans la paix et le respect réciproque.