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Le grand bazar électoral : Le Sénégal à la croisée des chemins, ses hommes politiques aux abois

Jeudi 2 Mars 2017

Le grand bazar électoral : Le Sénégal à la croisée des chemins, ses hommes politiques aux abois
Par Moustapha LEYE
 
Si «l’encre du savant est plus précieux que le sang du martyr», un hadith célèbre du prophète Mahomed (Psl), c’est qu’au-delà du dogme, le doute méthodique et la critique sont permis, à cultiver attitude de rupture et réaction manifeste. Clairement dit, si tout un chacun est frappé d’ahurissement par le potentiel de violence dont disposent tous ces hommes politiques, alors il est légitime d’inviter la population à ne pas aller voter, même si munie de la carte d’électeur en majorité et détentrice de la légitimité populaire.
 
En même temps appeler les acteurs politiques qui s’opposent au pouvoir en place, s’ils sont convaincus de la réalité de la machine à frauder installée, de ne point participer à ces élections législatives du 30 juillet, mais surtout, en ne daignant point débourser pour financer la campagne de leurs compétiteurs concurrents en s’acquittant du montant prédéterminé élevé et exclusif de 15.000.000 Cfa (maximum) aux 3.000.000 Cfa (minimum).
 
Ainsi, à cause connue, voies de recherche de solution identifiées, pour infléchir la tendance eschatologique due aux pesanteurs sociales et culturelles actuelles, en liaison avec la lutte contre le terrorisme international, la multiplication des braquages de bandits armés, la précarité des systèmes de santé et éducatifs. Mais surtout corrélée au regain de violences observé dans les états-majors politiques qui tendent à basculer la société dans le chaos privé, provoqué exprès pour mieux en finir avec des règlements de compte politiques jamais enterrés. Tel est le sens que tendent à prendre les évènements auxquels nous assistons ces derniers jours dans les viviers politiques et fiefs électoraux.
 
C’est donc ainsi, dans un tel contexte, qu’au nom de la laïcité républicaine, au moins 1 millions de candidats virtuellement inscrits sur plus de 2000 listes encore fictifs, vont, dès ce 1er mars 2017, se lancer dans la compétition électorale du 30 juillet pour aspirer aux suffrages de l’électeur sénégalais. Ils vont tenter de convaincre, les mois qui viennent, quelque six millions d’électeurs sénégalais «légalement» enregistrés sur l’ancien fichier, ou en nombre bien moindre qu’autant -plus ou moins- bien plus, recensés nouveaux inscrits du fichier électoral en cours d’élaboration. Par inscription auprès des commissions électorales et d’enfichement biométrique (par liaison et connexion à des connecteurs centraux) gérées dans les préfectures et autres structures administratives.
 
Quand est-ce que tout ça va prendre fin ?
À quelques encablures de la date du scrutin du 30 juillet que l’on voudrait sincère, régulier, transparent et mobilisateur, la 12ème législature étale ses craintes. Mais elle n’est pas seule, car quoi qu’en dise la loi électorale, la campagne qui démarre avant date par violation des dispositifs réglementaires, rend déjà le scrutin caduc, entaché d’irrégularités par manque de transparence de «Monsieur Élection», en la personne d’Abdoulaye Daouda Diallo, ministre de l’Intérieur, contesté au sein du comité de pilotage pour être réputé responsable apériste (parti au pouvoir).
 
Les observations de la coalition Manko wàtu Senegaal (opposition unie) dans la presse d’hier (mardi 28 février)), ne laisse pas présager une autre porte de sortie que de refuser la solution alternative du boycott comme seule alternative de résolution aux questions posées par les problèmes soulevés. Mais aussi, que ce boycott n’aille pas à l’encontre des intérêts des populations en les rendant orphelins d’élus à l’hémicycle, mais qu’il se termine par le sabotage de l’élection afin qu’elle n’ait pas lieu, comme le 23 juin cela avait été possible de s’opposer à l’adoption par les députés de la 11ème législature de la réforme constitutionnelle envisagée par Me Abdoulaye Wade, qui voulait instaurer le ticket présidentiel au quart bloquant, avant d’y renoncer sur la pression de la rue.
 
C’est dire donc que le Sénégal va connaître de chaudes journées de troubles ante et post électoral ou des mouvements d’humeur et de résistance d’ici le 30 juillet, si notre prospective politique est juste. Déjà, la campagne pour les prochaines législatives est partie pour ressembler à celle de 2007, où c’est Macky Sall, tête de liste de la coalition Sopi, qui avait réussi à décourager la majeure partie de l’opposition, qui avait aussi remporté cette élection haut la main en devenant également président de l’Assemblée nationale. Et Dieu sait : combien de «Sénégalais» «nouveaux inscrits», «récents naturalisés», «étrangers cooptés» ont pu facilement obtenir le sésame (carte d’identité et carte d’électeur) pour apporter leur suffrage en retour et en guise de reconnaissance au parti au pouvoir et à sa collation portée au dos.
 
Tel semble être le même scénario qui vaut au ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, les remontrances de l’opposition dans l’établissement en cours des cartes biométriques Cedeao valant carte d’identification et carte d’électeur et dont les impasses et les difficultés constatées sur le terrain ne permettent pas, jusque là, de dire si c’est l’ancien fichier qui va servir à cette élection ou si c’est le nouveau qui va entrer en rigueur. D’autant plus que lors du dernier référendum des erreurs monstrueuses ont été décelées et qui avaient dès lors exclu beaucoup de Sénégalais inscrits dans le fichier électoral de l’exercice de leur devoir républicain.
 
Ainsi, après le 23 juin 2011, après le 25 mars 2012, au sortir des Locales de 2014 et du Référendum du 20 mars 2016, il est à craindre que la campagne-ci, revêtira les couleurs de la même ambiance tendue, crispée qui était celle des Législatives de 2007 sous la houlette du Premier ministre d’alors, Macky Sall, fieffé zélateur et prosélyte affidé convaincu de son Mentor, Me Abdoulaye Wade qu’il venait d’ailleurs de faire réélire à la tête du pays pour un nouveau mandat de 5 ans (2007-2012), avant de revenir pour lui succéder, après un départ retentissant accompagné de la rétrocession de tous ses mandats possédés grâce au chef suprême.
 
Derrière tous ces antécédents notre démocratie joue gros et court le grave risque de faire péricliter toute l’architecture institutionnelle autour de la laïcité et de la stabilité politique en soi, qui nous déterminent République et État souverain respecté dans le monde sans dominer partout à tous les niveaux. Dans ce grand bazar politique où le bluff et le mensonge sont érigés valeurs centrales, la trahison et le chantage politique sont devenus gage et monnaie d’échange, tandis que la violence et les atteintes à la dignité de la personne humaine prennent leur racine dans les soubassements des bases déconfites de ces pseudos partis politiques, sans lien réel avec les populations locales bernées et fragilisées cellules familiales par la corruption à l’argent facile et les idées pernicieuses du camp défendu, nul ne sait quand est-ce que tout ça va prendre fin.
 
Refus de voter et empêchement d’aller voter : que nul ne vote !
Une campagne comme une autre qui démarre avec son lot de dangers, de sacrifices, de morts, d’attaques, de propos incendiaires qui font peser sur nos institutions républicaines de sérieuses menaces pires que les supposées et prétendues attaques terroristes encore invisibles, mais dont on ne serait pas étonner de voir advenir quand ceux qui y ont intérêt feront poser et exploser des bombes ou des ceintures dans l’unique but d’amplifier la psychose de la violence (habiter avec la peur) et le délire sécuritaire (goût immodéré de réprimer et phénomène de la délation et de l’accusation infondée).
 
Mais, disons le tout net, ce sera au moins l’occasion de réellement savoir quel type de société sénégalaise nous voulons au fond, après la grande cacophonie issue du dernier référendum, qui n’a pas permis de mieux lister les droits nouveaux a fortiori prévenir les nouveaux problèmes auxquels les citoyens pourront avoir à faire face dans un proche ou lointain avenir. En dehors même de tout agora du genre Assises nationales, mais par la simple expression  du refus de voter et de l’empêchement d’aller voter ; que nul ne vote et que nul n’aille voter.
 
Telle est la nouvelle litanie de solutions pour une nouvelle république qui répondrait mieux aux exigences pour un Sénégal émergeant d’ici 2019 et non 2035. Les projets de Wade comme les projets de Macky ne sont pas forcément tributaires de leurs auteurs ni de leurs concepteurs. Mais l’homme propose et Dieu dispose ; telle est la loi du salut populaire dû aux anciens qui ont fondé notre sénégalité au-delà de nos frontières territoriales et au-delà des maux, tares et stigmates laissés par l’entreprise coloniale et la traite négrière qui restent Histoire du Sénégal principalement.
 
C’est aussi une façon de dire qu’à beau promettre tant, jamais une foultitude de promesses ne sera réalisée en temps réel et dans les délais. Ce que tout bon homme ou bonne dame politique devrait savoir avant de se jeter à la pêche aux voix des électeurs sénégalais. Ils ont beau ignorer les besoins élémentaires de leurs concitoyens contribuables, jamais ils ne pourraient dépasser leur propre avenir sans se soucier de leur paie.
 
Or c’est la somme de nos impôts qui paient l’ensemble qu’ils constituent ; une clique, une élite, une bande d’amis, une coalition de copains ignares des problèmes que leurs politiques sociales génèrent dans les foyers et les cités, dans les couples et les relations de parenté, jusque même en leur sein, en tant que corporation politique de gens politisés et zélateurs à l’excès. Ils ne s’en soucient guère par dépit pour une certaine opposition qui se veut virulente sans paraître radicale, ils ne s’en soucient point par désamour entre eux et ne voudraient pas se soucier de demandes sociales par harmonie tant que leur propre demande sociale n’est pas encore satisfaite.
 
Suivez notre regard, si tel n’est pas le cas du frère au Premier magistrat, Aliou Sall, qui sous prétexte de vouloir générer beaucoup de ressources pour la ville de Guédiawaye se lance déjà dans une campagne démagogique contre son propre parti créé par son frère de président, au prix fort de la désaffection générale qui pourrait en résulter. Suivez encore notre regard, si tel n’est pas le cas d’un Ousmane Tanor Dieng, fraîchement nommé président du Hcct sans grands liens tributaires entre son parti et le parti présidentiel, mais qui tient vaille que vaille à s’effacer et à dissoudre son parti dans l’essence de ce qui constitue encore à ses yeux la majorité réelle benno bokk yakaariste d’une même législature finissante.
 
Aucune pseudo réalité ne peux expliquer à elle seule de telles attitudes suicidaires pour un chef dont le mandat n’est pas engagé par une élection législative avenante bienfaitrice ou pas. Même si le Président Macky Sall n’ignore pas qu’il ne sera pas épargné par une cohabitation –pour la première fois envisagée perspective crédible au Sénégal dans une élection nationale – dont il n’est d’ailleurs pas à l’abri, il sait par contre qu’il suffira pour s’en défaire de vouer un culte «zéro tolérance» aux religieux et chefs de tarikhas du pays pour arrimer la République à bon port dans l’état théologique qui sied bien au Sénégal des seuls Musulmans. Bien évidemment à l’exception des frères et sœurs de la religion catholique, dès lors en position légitime de se désolidariser d’un pouvoir excessif en soi et qui est devenu intolérant et injuste dans la répression des mœurs et des citoyens de seconde zone.
 
À ce moment là, gagner une élection d’avance ou la perdre d’avance reviendrait à la même chose : l’état d’ingouvernabilité de nos institutions, et nul ne saura à quel saint se vouer dans l’hypothèse de péréclite accélérée des institutions de la République, à commencer par le système judiciaire de mieux en mieux contesté et la police, de plus en plus phagocytaire.
 
En somme on ne veut plus faire confiance aux acteurs politiques, les uns les autres trop remontés les uns contre les autres, ni à certains marabouts qui ne se contenteraient plus de gérer les affaires religieuses de leur cité rénovée aux mains de l’État et fragilisée par immixtion du politique dans leurs domaines de compétence à travers le faux principe d’allégeance ou parodie de soumission.
 
C’est dire en définitive, qu’au Sénégal, nous avons des acteurs politiques et des marabouts qui ne peuvent plus assurer leur développement en dehors de la légitimité populaire à reconquérir. Ils se rendent compte que même leur propre salut et devenir sociétal n’est plus entre leurs mains déjà pourries d’argent, facile à débourser comme des distributeurs automatiques de billets et dont on pourvoit grands militants et petits électeurs-talibés qu’ils réussissent encore à ameuter derrière eux. C’est même indélicat de notre part d’avoir à le signaler comme ça, mais avant tout, ne sommes-nous pas devenus des citoyens-électeurs déjà détenteurs de leur carte biométrique d’identification Cedeao pour être seuls à pouvoir les rendre légitimes à assumer le pouvoir de direction en notre nom ?
 
Pour cette raison vitale il est nécessaire que le citoyen soit respecté et que l’électeur mérite toutes les considérations et les égards le jour du scrutin. Sinon, nous persistons à appeler au boycott et au sabotage tout bonnement et tout simplement. De cette sorte, beaucoup qui ont regretté d’avoir rejeté Maître Wade n’éprouveront aucun scrupule à classer Macky Sall en tête du hit parade de l’impopularité jusqu’en 2019.
 
Faux principe d’allégeance et parodie de soumission.
Il est quand même inconcevable que des citoyens élus magistrat, député ou conseiller départemental, territorial ou municipal, jouissant de l’immunité de droit et de privilèges liés à l’exercice de leur fonction, ne puissent pas en retour rendre la monnaie de la pièce aux bons citoyens, électeurs inscrits et contribuables patriotes et qui méritent autant qu’eux les mêmes respect et considération pour leur personne et de leur dignité d’homme et de femme Sénégalais, dont les voix doivent se mériter pour prétendre accéder à occuper des postes de responsabilités tant recherchés.
 
Sans cette haute idée de la notion d’État de droit laïc, républicain et démocratique, sans une certaine autorité sur soi et conception identitaire de soi-même, sans l’amour pour son Créateur et Ses créatures quelles qu’elles soient, dans l’environnement qui est le nôtre (notre Pays, le Sénégal, l’espace Cedeao et Uemoa), point donc de salut pour les 15 millions de nouveaux Sénégalais que nous sommes en train de devenir à la faveur de l’enfichement biométrique sous label Cedeao, et dont 6 millions seulement sont appelés à aller exercer leur droit de vote le dimanche 30 juillet prochain si tout se passe bien.
 
À défaut d’être des savants en politique, ce jour là, nous serons tous des martyrs de la cause publique : la fin et la mise à mort de l’esprit de chicane et de la vindicte politique des querelles de clocher, vulgate raciste connue et germes du sentiment de guerre civile. Sinon, dès à présent, exorcisons par séance de Ndepp collectif ce spectre en nous rangeant à l’avis unanime de notre justice qui doit être indemne de souillure et d’influence. C’est la règle de droit et la garantie constitutionnelle de ce qu’on peut encore appeler un État crédible.
 
 
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1.Posté par LEYE KHALY le 11/03/2017 17:43
Je donne ma langue au chat si ces élections auront lieu pour voir la participation de l'opposition, incitée, poussée, amenée au boycott forcé et volontaire comme en 2007 au profit du même tenant les rênes du pouvoir

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