Les Kurdes irakiens tiendront leur référendum d'indépendance lundi "quel qu'en soit le risque et le prix" et malgré les menaces de représailles du gouvernement irakien et de pays voisins.
"Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a martelé le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, lors d'une conférence de presse.
Il a toutefois souligné qu'une victoire du "oui" ne serait que le début "d'un long processus".
Intervenant depuis Bagdad dans un discours prononcé au même moment que la conférence de presse du leader kurde, le Premier ministre Haider al-Abadi a vivement critiqué ce choix.
"Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région avec un référendum de séparation est contre la Constitution et la paix civile", a-t-il insisté, promettant de prendre "les mesures nécessaires" pour préserver l'unité de l'Irak.
Dans la soirée, le gouvernement irakien a demandé "aux pays voisins et au monde de ne traiter qu'avec lui sur les dossiers du pétrole et des frontières", ont rapporté les médias d'Etat.
Une menace à peine voilée pour le Kurdistan qui tire l'esentiel de ses revenus de l'or noir.
Cette région produit en moyenne 600.000 barils de pétrole par jour dont 550.000 sont exportés via Ceyhan en Turquie. Si Ankara, qui s'oppose également à la tenue du référendum, décidait de ne plus permettre le passage, cela pourrait entrainer une asphyxie économique pour Erbil.
Un peu plus tôt dans la journée, l'Iran avait lui pris une première mesure de rétorsion en interdisant tous les vols avec le Kurdistan irakien, à la demande de Bagdad.
- 'Intentions diaboliques' -
Malgré ces mises en garde, à Erbil, capitale du Kurdistan et fief du président Barzani, les drapeaux kurdes flottent partout dans les rues. La majorité des gens affirment vouloir aller voter pour ce scrutin historique mais en craignent les conséquences.
"En fait, nous attendons avec impatience de savoir quelle sera la situation après le 25 septembre, car la majorité des Kurdes voteront pour l'indépendance pour réaliser notre rêve d'un État indépendant", a assuré Ahmad Souleimane, 30 ans.
"Ce qui nous fait peur, c'est que nos ennemis ont des intentions diaboliques à notre encontre", a-t-il ajouté.
Les Kurdes sont appelés à voter dans les trois gouvernorats qui forment depuis 2003 la région autonome du Kurdistan, mais aussi dans les territoires que se disputent les Kurdes et les autorités de Bagdad, comme la riche province pétrolière de Kirkouk.
"Nous sommes tous pour l’indépendance car nous ne voyons pas l'intérêt de rester au sein de l'Irak, mais nous avons peur des complots ourdis par les pays voisins", a confirmé Kamaran Mohammad, 27 ans.
"Aujourd'hui, nous (les) voyons (...) mettre de côté leurs différences pour s'allier contre nous", a poursuivi ce vendeur de vêtements.
Inquiète à l'idée qu'Erbil suscite les velléités séparatistes de sa minorité kurde, la Turquie a déjà dit que sa réponse aurait des volets "sécuritaire" et "économique", pendant que l'armée turque a intensifié ses manœuvres à la frontière.
Aux yeux d'Ankara, "le référendum est illégitime", a réaffirmé dimanche le Premier ministre turc, Binali Yildirim.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani et les deux hommes ont dénoncé "le chaos" que provoquera cette consultation dans la région, selon des sources présidentielles turques.
- 'Eviter l'escalade' -
A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, contrôlée par l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK), les rivaux de Massoud Barzani, les craintes sont palpables.
"Demain, je voterai +non+ car j'ai peur d'un embargo sur la région, d'une guerre civile avec (l'organisation paramilitaire majoritairement chiite) Hachd al-Chaabi et de me réveiller pour voir des soldats turcs patrouiller", explique Kamiran Anouar, un enseignant de 30 ans.
Le chef du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayad, a affirmé que "cela coûterait cher à ceux qui ont organisé ce référendum". Il a dénoncé une action qui "va détruire les relations entre Arabes et Kurdes".
A Kirkouk, après la ruée samedi sur les produits alimentaires, tout était calme dimanche.
Kurdes, Arabes et Turkmènes se côtoient dans cette province du nord, mais les responsables kurdes affirment qu'elle leur revient historiquement, arguant que l'ex-dictateur Saddam Hussein les en a chassés et les a remplacés par des Arabes.
Le président irakien Fouad Massoum qui est kurde a critiqué dimanche la "décision unilatérale" de Massoud Barzani et demandé aux dirigeants d'Erbil et de Bagdad "d'éviter toute escalade" et "de rejeter toute position provocatrice".
Washington et de nombreux pays occidentaux ont appelé à repousser ou annuler le référendum, estimant qu'il entravera la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui tient encore deux bastions en Irak.
"Les réactions actuelles ne sont pas bien réfléchies mais je pense qu'ils changeront", a rétorqué M. Barzani. (AFP)
"Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a martelé le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, lors d'une conférence de presse.
Il a toutefois souligné qu'une victoire du "oui" ne serait que le début "d'un long processus".
Intervenant depuis Bagdad dans un discours prononcé au même moment que la conférence de presse du leader kurde, le Premier ministre Haider al-Abadi a vivement critiqué ce choix.
"Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région avec un référendum de séparation est contre la Constitution et la paix civile", a-t-il insisté, promettant de prendre "les mesures nécessaires" pour préserver l'unité de l'Irak.
Dans la soirée, le gouvernement irakien a demandé "aux pays voisins et au monde de ne traiter qu'avec lui sur les dossiers du pétrole et des frontières", ont rapporté les médias d'Etat.
Une menace à peine voilée pour le Kurdistan qui tire l'esentiel de ses revenus de l'or noir.
Cette région produit en moyenne 600.000 barils de pétrole par jour dont 550.000 sont exportés via Ceyhan en Turquie. Si Ankara, qui s'oppose également à la tenue du référendum, décidait de ne plus permettre le passage, cela pourrait entrainer une asphyxie économique pour Erbil.
Un peu plus tôt dans la journée, l'Iran avait lui pris une première mesure de rétorsion en interdisant tous les vols avec le Kurdistan irakien, à la demande de Bagdad.
- 'Intentions diaboliques' -
Malgré ces mises en garde, à Erbil, capitale du Kurdistan et fief du président Barzani, les drapeaux kurdes flottent partout dans les rues. La majorité des gens affirment vouloir aller voter pour ce scrutin historique mais en craignent les conséquences.
"En fait, nous attendons avec impatience de savoir quelle sera la situation après le 25 septembre, car la majorité des Kurdes voteront pour l'indépendance pour réaliser notre rêve d'un État indépendant", a assuré Ahmad Souleimane, 30 ans.
"Ce qui nous fait peur, c'est que nos ennemis ont des intentions diaboliques à notre encontre", a-t-il ajouté.
Les Kurdes sont appelés à voter dans les trois gouvernorats qui forment depuis 2003 la région autonome du Kurdistan, mais aussi dans les territoires que se disputent les Kurdes et les autorités de Bagdad, comme la riche province pétrolière de Kirkouk.
"Nous sommes tous pour l’indépendance car nous ne voyons pas l'intérêt de rester au sein de l'Irak, mais nous avons peur des complots ourdis par les pays voisins", a confirmé Kamaran Mohammad, 27 ans.
"Aujourd'hui, nous (les) voyons (...) mettre de côté leurs différences pour s'allier contre nous", a poursuivi ce vendeur de vêtements.
Inquiète à l'idée qu'Erbil suscite les velléités séparatistes de sa minorité kurde, la Turquie a déjà dit que sa réponse aurait des volets "sécuritaire" et "économique", pendant que l'armée turque a intensifié ses manœuvres à la frontière.
Aux yeux d'Ankara, "le référendum est illégitime", a réaffirmé dimanche le Premier ministre turc, Binali Yildirim.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani et les deux hommes ont dénoncé "le chaos" que provoquera cette consultation dans la région, selon des sources présidentielles turques.
- 'Eviter l'escalade' -
A Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, contrôlée par l'Union Patriotique du Kurdistan (UPK), les rivaux de Massoud Barzani, les craintes sont palpables.
"Demain, je voterai +non+ car j'ai peur d'un embargo sur la région, d'une guerre civile avec (l'organisation paramilitaire majoritairement chiite) Hachd al-Chaabi et de me réveiller pour voir des soldats turcs patrouiller", explique Kamiran Anouar, un enseignant de 30 ans.
Le chef du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayad, a affirmé que "cela coûterait cher à ceux qui ont organisé ce référendum". Il a dénoncé une action qui "va détruire les relations entre Arabes et Kurdes".
A Kirkouk, après la ruée samedi sur les produits alimentaires, tout était calme dimanche.
Kurdes, Arabes et Turkmènes se côtoient dans cette province du nord, mais les responsables kurdes affirment qu'elle leur revient historiquement, arguant que l'ex-dictateur Saddam Hussein les en a chassés et les a remplacés par des Arabes.
Le président irakien Fouad Massoum qui est kurde a critiqué dimanche la "décision unilatérale" de Massoud Barzani et demandé aux dirigeants d'Erbil et de Bagdad "d'éviter toute escalade" et "de rejeter toute position provocatrice".
Washington et de nombreux pays occidentaux ont appelé à repousser ou annuler le référendum, estimant qu'il entravera la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui tient encore deux bastions en Irak.
"Les réactions actuelles ne sont pas bien réfléchies mais je pense qu'ils changeront", a rétorqué M. Barzani. (AFP)