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Les migrants de Sea-Eye arrivent à Malte avant d'être répartis en Europe

Samedi 13 Avril 2019

Les 62 migrants bloqués depuis 10 jours sur le navire de l'ONG allemande Sea-Eye ont débarqué samedi à Malte après un nouvel accord de répartition impliquant cette fois l'Allemagne, la France, le Portugal et le Luxembourg.
 
Transférés au large sur un navire de la marine maltaise, les migrants sont arrivés peu après 18H00 (16H00 GMT) dans le port de La Valette, où ils doivent retrouver deux femmes de leur groupe évacuées ces derniers jours pour raisons médicales.
 
Ensuite, "aucun ne restera à Malte, qui ne peut pas porter ce fardeau tout seul", a insisté le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, en annonçant sur les réseaux sociaux cet accord similaire à de nombreux autres ayant permis de faire débarquer des migrants secourus en mer depuis que l'Italie leur refuse ses ports.
 
La France s'était dite vendredi prête à en prendre 20, et l'Allemagne a annoncé samedi qu'elle en accueillerait jusqu'à 26.
 
Les 64 migrants, dont 12 femmes et deux enfants de 1 et 6 ans, avaient appelé à l'aide le numéro d'urgence de l'association Watch the Med le 3 avril, alors qu'ils se trouvaient en difficulté au large de la Libye.
 
Watch the Med avait alors prévenu le navire de Sea-Eye, baptisé Alan Kurdi en mémoire du petit Syrien retrouvé noyé sur une plage turque, qui patrouillait dans la zone et venait de passer plusieurs jours à rechercher en vain d'autres canots ayant appelé au secours.
 
Après le sauvetage, le navire battant pavillon allemand a fait route vers l'île italienne de Lampedusa, mais le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), a martelé qu'il relevait de la responsabilité de Berlin.
 
Après un accord avorté pour faire descendre les enfants et leurs mères -- qui ont refusé de se séparer des pères, le navire a mis le cap sur Malte. Dans les jours qui ont suivi, deux des femmes, dont une enceinte, ont été évacuées vers La Valette pour raisons médicales. Vendredi soir, c'est un mécanicien de l'équipage qui a dû être évacué.
 
"Il n'est tout simplement pas possible d'expliquer pourquoi il a fallu maintenir les gens à bord pendant les longues négociations des gouvernements européens sur le sort de 64 destins", a dénoncé Sea-Eye dans un communiqué, tout en diffusant sur les réseaux sociaux des photos de la joie des migrants à l'annonce de leur débarquement.
 
- "Dangerosité des ONG" –
 
L'errance de ce navire humanitaire a été un énième épisode de la crise diplomatique ouverte quand M. Salvini a refusé que les migrants secourus en Méditerranée centrale débarquent en Italie, forçant les autres pays européens à s'entendre sur une répartition au coup par coup.
 
"Encore une fois, le plus petit Etat membre de l'Union européenne a subi une pression inutile en étant chargé de résoudre une affaire qui n'était pas de sa responsabilité", a dénoncé le gouvernement maltais dans un communiqué.
 
Fin mars, Malte a ainsi vu arriver un petit pétrolier dérouté par les migrants qu'il avait secourus au large de la Libye: trois adolescents ont été inculpés pour détournement, mais les 105 autres ont été accueillis comme demandeurs d'asile par le petit pays de 450.000 habitants.
 
"Comme promis, aucun immigré de cette ONG allemande n'arrivera en Italie. Ils iront en Allemagne ou ailleurs. Les Maltais ont raison de dénoncer la dangerosité des ONG", a réagi samedi M. Salvini.
 
Cette dénonciation sans relâche des ONG porte ses fruits: la quasi-totalité des autres navires humanitaires sont bloqués pour des raisons juridiques ou administratives. Mais le collectif italien Mediterranea a annoncé samedi que son navire Mare Jonio repartirait dimanche en mission.
 
"La Libye est plongée dans une guerre terrible, la vie de centaines de milliers de personnes, Libyens et migrants, est en jeu. Aucun gouvernement européen n'envisage d'ouvrir des couloirs humanitaires, ils sont tous trop occupés par leur bataille absurde contre les navires de la société civile", a dénoncé ce collectif de gauche et d'extrême gauche. (AFP)
 
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