Les forces loyales aux anciennes autorités dissidentes du Tigré sont entrées lundi dans Mekele, la capitale de cette région du nord de l’Éthiopie où le gouvernement a ordonné un cessez-le-feu après presque huit mois de combat, marquant un tournant dans ce conflit.
Le gouvernement fédéral a décrété un «cessez-le-feu unilatéral» afin notamment de permettre le bon déroulement des cultures par la population et la distribution d’aide humanitaire, selon un communiqué relayé par des médias d’État en début de soirée.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a jugé ces événements «extrêmement préoccupants». «Ils démontrent, une fois de plus, qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise», a-t-il déclaré, disant avoir «bon espoir qu’une cessation effective des hostilités aura lieu».
Conseil de sécurité
Les États-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni ont demandé lundi une réunion d’urgence publique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Tigré, ont indiqué des sources diplomatiques, précisant qu’elle pourrait se tenir vendredi.
Mekele avait été prise par l’armée fédérale le 28 novembre, trois semaines après le lancement par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d’une offensive pour renverser les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a longtemps dominé la vie politique éthiopienne. Cette opération de «maintien de l’ordre» avait été décidée après que les forces pro-TPLF eurent attaqué des bases militaires, avait justifié Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019 pour la réconciliation avec l’Érythrée.
Malgré la victoire proclamée après la chute de Mekele, les combats n’ont jamais cessé entre les forces pro-TPLF --qui se font appeler Forces de défense du Tigré (TDF)-- et l’armée fédérale éthiopienne, épaulée par des troupes des autorités régionales voisines de l’Amhara et l’armée de l’Érythrée, pays frontalier du Tigré.
Les TDF ont lancé une offensive la semaine dernière, au moment où se tenait dans une grande partie du reste du pays des élections nationales très attendues dont les résultats n’ont pas encore été annoncés.
Musique et feux d’artifice
Lundi, ces rebelles «ont pris le contrôle de la ville, je les ai vus moi-même, ils sont entrés», a déclaré à l’AFP un membre de l’administration régionale intérimaire, mise en place par Addis Abeba après la destitution des autorités du TPLF. Un journaliste de l’AFP a confirmé que ces troupes étaient arrivées à bord de camions et de voitures.
Leur entrée a déclenché des scènes de liesse, des soldats tirant en l’air en signe de célébration, des habitants sortant dans la rue en brandissant le drapeau tigréen. «La ville est en fête, tout le monde est dehors à danser», a confirmé le membre de l’administration intérimaire. «Tout le monde est excité, il y a de la musique dans les rues. Tout le monde a sorti ses drapeaux et la musique joue. Je ne sais pas comment ils les ont eus, mais tout le monde a un feu d’artifice», a détaillé un habitant, joint par l’AFP.
Face à l’avancée rebelle, les fonctionnaires de l’administration intérimaire régionale ont quitté la ville lundi, selon le membre de l’administration. Des témoins ont rapporté que des soldats et des policiers fédéraux fuyaient également Mekele, certains pillant des banques et réquisitionnant des véhicules de particuliers.
Exactions et famine
Un responsable de l’ONU a déclaré à l’AFP que les soldats avaient démantelé les équipements satellites de plusieurs agences de l’ONU à Mekele, tentant visiblement de réduire au maximum les communications.
«Cet acte viole les privilèges et l’immunité de l’ONU ainsi que les règles du droit international humanitaire sur le respect des biens de l’aide humanitaire. Je condamne cette action dans les termes les plus forts», a tweeté Henrietta Fore, directrice exécutive de l’Unicef.
Le Tigré, région la plus septentrionale de l’Éthiopie et frontalière de l’Érythrée, est en proie depuis près de huit mois à un conflit destructeur. Annoncée comme brève, l’opération militaire lancée par Abiy Ahmed s’est transformée en conflit de longue durée, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les civils (massacres, viols, déplacements de population, etc.) qui ont suscité l’indignation de la communauté internationale.
Une frappe aérienne de l’armée éthiopienne a touché le 22 juin un marché fréquenté de Togoga, à une trentaine de kilomètres de Mekele, faisant au moins 64 morts et 180 blessés. L’armée éthiopienne a affirmé avoir visé dans cette «opération» des forces pro-TPLF habillées en civil, jugeant «inacceptable» d’affirmer que des civils étaient ciblés.
Les près de huit mois de combats ont placé au moins 350’000 personnes en situation de famine dans la région, selon l’ONU, ce que conteste le gouvernement éthiopien. (AFP)
Le gouvernement fédéral a décrété un «cessez-le-feu unilatéral» afin notamment de permettre le bon déroulement des cultures par la population et la distribution d’aide humanitaire, selon un communiqué relayé par des médias d’État en début de soirée.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a jugé ces événements «extrêmement préoccupants». «Ils démontrent, une fois de plus, qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise», a-t-il déclaré, disant avoir «bon espoir qu’une cessation effective des hostilités aura lieu».
Conseil de sécurité
Les États-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni ont demandé lundi une réunion d’urgence publique du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Tigré, ont indiqué des sources diplomatiques, précisant qu’elle pourrait se tenir vendredi.
Mekele avait été prise par l’armée fédérale le 28 novembre, trois semaines après le lancement par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed d’une offensive pour renverser les autorités locales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui a longtemps dominé la vie politique éthiopienne. Cette opération de «maintien de l’ordre» avait été décidée après que les forces pro-TPLF eurent attaqué des bases militaires, avait justifié Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019 pour la réconciliation avec l’Érythrée.
Malgré la victoire proclamée après la chute de Mekele, les combats n’ont jamais cessé entre les forces pro-TPLF --qui se font appeler Forces de défense du Tigré (TDF)-- et l’armée fédérale éthiopienne, épaulée par des troupes des autorités régionales voisines de l’Amhara et l’armée de l’Érythrée, pays frontalier du Tigré.
Les TDF ont lancé une offensive la semaine dernière, au moment où se tenait dans une grande partie du reste du pays des élections nationales très attendues dont les résultats n’ont pas encore été annoncés.
Musique et feux d’artifice
Lundi, ces rebelles «ont pris le contrôle de la ville, je les ai vus moi-même, ils sont entrés», a déclaré à l’AFP un membre de l’administration régionale intérimaire, mise en place par Addis Abeba après la destitution des autorités du TPLF. Un journaliste de l’AFP a confirmé que ces troupes étaient arrivées à bord de camions et de voitures.
Leur entrée a déclenché des scènes de liesse, des soldats tirant en l’air en signe de célébration, des habitants sortant dans la rue en brandissant le drapeau tigréen. «La ville est en fête, tout le monde est dehors à danser», a confirmé le membre de l’administration intérimaire. «Tout le monde est excité, il y a de la musique dans les rues. Tout le monde a sorti ses drapeaux et la musique joue. Je ne sais pas comment ils les ont eus, mais tout le monde a un feu d’artifice», a détaillé un habitant, joint par l’AFP.
Face à l’avancée rebelle, les fonctionnaires de l’administration intérimaire régionale ont quitté la ville lundi, selon le membre de l’administration. Des témoins ont rapporté que des soldats et des policiers fédéraux fuyaient également Mekele, certains pillant des banques et réquisitionnant des véhicules de particuliers.
Exactions et famine
Un responsable de l’ONU a déclaré à l’AFP que les soldats avaient démantelé les équipements satellites de plusieurs agences de l’ONU à Mekele, tentant visiblement de réduire au maximum les communications.
«Cet acte viole les privilèges et l’immunité de l’ONU ainsi que les règles du droit international humanitaire sur le respect des biens de l’aide humanitaire. Je condamne cette action dans les termes les plus forts», a tweeté Henrietta Fore, directrice exécutive de l’Unicef.
Le Tigré, région la plus septentrionale de l’Éthiopie et frontalière de l’Érythrée, est en proie depuis près de huit mois à un conflit destructeur. Annoncée comme brève, l’opération militaire lancée par Abiy Ahmed s’est transformée en conflit de longue durée, marqué par de nombreux récits d’exactions sur les civils (massacres, viols, déplacements de population, etc.) qui ont suscité l’indignation de la communauté internationale.
Une frappe aérienne de l’armée éthiopienne a touché le 22 juin un marché fréquenté de Togoga, à une trentaine de kilomètres de Mekele, faisant au moins 64 morts et 180 blessés. L’armée éthiopienne a affirmé avoir visé dans cette «opération» des forces pro-TPLF habillées en civil, jugeant «inacceptable» d’affirmer que des civils étaient ciblés.
Les près de huit mois de combats ont placé au moins 350’000 personnes en situation de famine dans la région, selon l’ONU, ce que conteste le gouvernement éthiopien. (AFP)