Par Mamadou Sy Albert
Les régimes politiques se suivent et poursuivent des politiques publiques nationales singulières en direction des populations sénégalaises. Tous les pouvoirs ou presque ont établi des relations nouées autour de l’encadrement des adultes, des jeunes, des femmes, des travailleurs et des militants de base des formations politiques. L’Etat central pense pour les populations, exécute ses projets et mobilise au besoin les populations bénéficiaires des politiques publiques nationales et ou locales.
C’est la chaîne de l’encadrement classique du commandement territorial horizontal du modèle politique post-colonial de la puissance publique, ses liens de subordination de ses administrés et les relations entre le pouvoir hiérarchique jacobin et les acteurs politiques et sociaux- culturels et religieux. Cet héritage de vassalisation des masses qui ne pensent pas par elles-mêmes et pour elles- mêmes est encore plus que jamais d’actualité cinquante sept ans après l’indépendance politique formelle du Sénégal.
Il est frappant de noter de nos jours que les populations urbaines et rurales sont toujours absentes en tant que sujet et actrices responsables de la chaîne de commandement de l’administration publique et à des moments cruciaux de la conception des politiques publiques, de leur élaboration et de la mise en œuvre de ce qui est pensé au sommet par le gouvernant et ses techniciens.
La mondialisation des politiques et leurs caractères techniques plus sophistiquées par les experts des bailleurs de fonds ignorant tout des populations, placent les populations au bout et à la marge de la chaîne de commandement. Les exemples de l’exclusion des populations des politiques publiques foisonnent à l’infini. L’Ecole publique et l’Université ont été pensées sans les populations et les apprenants.
Les entreprises publiques nationales orientées vers l’agriculture, l’industrie, la science et les transferts technologiques et industriels ont été fortement orientées vers les intérêts des pays étrangers, les pays occidentaux au détriment des intérêts des populations pourtant les seules productrices des richesses nationales.
La politique, réduite à des kermesses populaires, et la représentation des populations ont été également pensées sans les populations, si ce n’est des fois contre elles-mêmes et les générations futures. Ainsi, in fine, on a d’un côté de la chaîne, les gouvernants, et de l’autre, les populations analphabètes et incultes éloignées des centres de décision et de la gouvernance.
L’élite politique régnante est en fait restée colonisée culturellement, idéologiquement. Elle n’a pas réellement rompu avec le modèle de gouvernance coloniale et son mépris royal des populations, des capacités des citoyens libres à participer consciemment et librement aux processus politiques et économiques locaux, nationaux et mondiaux.
Evidemment, les populations ne sont pas sans reproches dans l’ancrage en profondeur de ce modèle étouffant la société sénégalaise contemporaine. Les Sénégalais ont accepté et continuent de subir les choix de l’élite politique et économique au regard d’un rapport de force inégal puisque au profit de l’élite politique et bureaucratique.
Le pouvoir post-colonial très structuré se renouvelle périodiquement d’une génération à l’autre alors que les populations sont condamnées à vivre dans des conditions d’un cycle infernal du sous-développement complet : économique, social, culturel et politique et dans la peur permanente du bourreau démocrate des temps modernes.
L’élite gouvernante contrôle naturellement les leviers du pouvoir politique et économique pour préserver ses intérêts et son hégémonie. L’encadrement par l’exclusion et le dressage est le pilier de ce pouvoir écrasant le bas peuple et les aspirations au changement de société.
L’élite politique a eu toutefois le mérite et l’intelligence de bâtir son pouvoir et son influence par l’encadrement des populations avec la complicité des pouvoirs traditionnels africains et des chefs religieux souvent complices de l’ordre de l’exclusion des populations de la gouvernance de la cité.
On comprend aisément pourquoi la politique de l’encadrement est si ancrée dans la pratique sociale des pouvoirs publics et dans l’imaginaire collectif des élites politiques successives au sommet de l’Etat. Il suffit de nos jours de voir de près la trame de la trajectoire politique du Sénégal de l’encadrement par le haut. Le modèle de l’encadrement est en crise profonde. Les populations ne désignent guère leurs représentants à l’Assemblée nationale.
Elles délèguent ce pouvoir essentiel aux chefs de partis et à des élus locaux corrompus au service du gouvernant et du clientélisme. Les populations assistent à l’expropriation des terres les plus fertiles du pays et des régions agricoles, de leurs habitats et des biens publics communs. Les populations n’ont aucun pouvoir de contrôle des gouvernants et de révocations des mal-gouvernants. Les jeunes fuient par milliers leurs propres pays.
Ils n’ont plus d’avenir dans leurs terroirs de naissance. Les entreprises étrangères ont tous les droits et finissent par imposer au pouvoir en place les conditions de leur présence et celles de l’exploitation des ressources nationales. Il faut se soumettre ou se libérer des entrailles de la machine étatique de l’encadrement et de l’exclusion des populations de la gouvernance publique. Le temps de la contestation de l’encadrement a sonné. Les frustrations explosent d’une élection à l’autre.
La sanction du gouvernant est devenue un réflexe de survie du pauvre citoyen. La chaîne de commandement se brise. La parole du gouvernant n’a plus de sens. Les verrous de l’encadrement sautent. La gouvernance démocratique est irréversible. Elle emportera les chaînes de l’encadrement bureaucratique et despotique.
Les régimes politiques se suivent et poursuivent des politiques publiques nationales singulières en direction des populations sénégalaises. Tous les pouvoirs ou presque ont établi des relations nouées autour de l’encadrement des adultes, des jeunes, des femmes, des travailleurs et des militants de base des formations politiques. L’Etat central pense pour les populations, exécute ses projets et mobilise au besoin les populations bénéficiaires des politiques publiques nationales et ou locales.
C’est la chaîne de l’encadrement classique du commandement territorial horizontal du modèle politique post-colonial de la puissance publique, ses liens de subordination de ses administrés et les relations entre le pouvoir hiérarchique jacobin et les acteurs politiques et sociaux- culturels et religieux. Cet héritage de vassalisation des masses qui ne pensent pas par elles-mêmes et pour elles- mêmes est encore plus que jamais d’actualité cinquante sept ans après l’indépendance politique formelle du Sénégal.
Il est frappant de noter de nos jours que les populations urbaines et rurales sont toujours absentes en tant que sujet et actrices responsables de la chaîne de commandement de l’administration publique et à des moments cruciaux de la conception des politiques publiques, de leur élaboration et de la mise en œuvre de ce qui est pensé au sommet par le gouvernant et ses techniciens.
La mondialisation des politiques et leurs caractères techniques plus sophistiquées par les experts des bailleurs de fonds ignorant tout des populations, placent les populations au bout et à la marge de la chaîne de commandement. Les exemples de l’exclusion des populations des politiques publiques foisonnent à l’infini. L’Ecole publique et l’Université ont été pensées sans les populations et les apprenants.
Les entreprises publiques nationales orientées vers l’agriculture, l’industrie, la science et les transferts technologiques et industriels ont été fortement orientées vers les intérêts des pays étrangers, les pays occidentaux au détriment des intérêts des populations pourtant les seules productrices des richesses nationales.
La politique, réduite à des kermesses populaires, et la représentation des populations ont été également pensées sans les populations, si ce n’est des fois contre elles-mêmes et les générations futures. Ainsi, in fine, on a d’un côté de la chaîne, les gouvernants, et de l’autre, les populations analphabètes et incultes éloignées des centres de décision et de la gouvernance.
L’élite politique régnante est en fait restée colonisée culturellement, idéologiquement. Elle n’a pas réellement rompu avec le modèle de gouvernance coloniale et son mépris royal des populations, des capacités des citoyens libres à participer consciemment et librement aux processus politiques et économiques locaux, nationaux et mondiaux.
Evidemment, les populations ne sont pas sans reproches dans l’ancrage en profondeur de ce modèle étouffant la société sénégalaise contemporaine. Les Sénégalais ont accepté et continuent de subir les choix de l’élite politique et économique au regard d’un rapport de force inégal puisque au profit de l’élite politique et bureaucratique.
Le pouvoir post-colonial très structuré se renouvelle périodiquement d’une génération à l’autre alors que les populations sont condamnées à vivre dans des conditions d’un cycle infernal du sous-développement complet : économique, social, culturel et politique et dans la peur permanente du bourreau démocrate des temps modernes.
L’élite gouvernante contrôle naturellement les leviers du pouvoir politique et économique pour préserver ses intérêts et son hégémonie. L’encadrement par l’exclusion et le dressage est le pilier de ce pouvoir écrasant le bas peuple et les aspirations au changement de société.
L’élite politique a eu toutefois le mérite et l’intelligence de bâtir son pouvoir et son influence par l’encadrement des populations avec la complicité des pouvoirs traditionnels africains et des chefs religieux souvent complices de l’ordre de l’exclusion des populations de la gouvernance de la cité.
On comprend aisément pourquoi la politique de l’encadrement est si ancrée dans la pratique sociale des pouvoirs publics et dans l’imaginaire collectif des élites politiques successives au sommet de l’Etat. Il suffit de nos jours de voir de près la trame de la trajectoire politique du Sénégal de l’encadrement par le haut. Le modèle de l’encadrement est en crise profonde. Les populations ne désignent guère leurs représentants à l’Assemblée nationale.
Elles délèguent ce pouvoir essentiel aux chefs de partis et à des élus locaux corrompus au service du gouvernant et du clientélisme. Les populations assistent à l’expropriation des terres les plus fertiles du pays et des régions agricoles, de leurs habitats et des biens publics communs. Les populations n’ont aucun pouvoir de contrôle des gouvernants et de révocations des mal-gouvernants. Les jeunes fuient par milliers leurs propres pays.
Ils n’ont plus d’avenir dans leurs terroirs de naissance. Les entreprises étrangères ont tous les droits et finissent par imposer au pouvoir en place les conditions de leur présence et celles de l’exploitation des ressources nationales. Il faut se soumettre ou se libérer des entrailles de la machine étatique de l’encadrement et de l’exclusion des populations de la gouvernance publique. Le temps de la contestation de l’encadrement a sonné. Les frustrations explosent d’une élection à l’autre.
La sanction du gouvernant est devenue un réflexe de survie du pauvre citoyen. La chaîne de commandement se brise. La parole du gouvernant n’a plus de sens. Les verrous de l’encadrement sautent. La gouvernance démocratique est irréversible. Elle emportera les chaînes de l’encadrement bureaucratique et despotique.