Par Adama Gaye (*)
Par où commencer en cette fin d’année 2016 début 2017 ? Quel évènement ou homme retenir, en dehors du démon de l’année, en la personne crépusculaire de celui qui a fait main-basse sur notre gaz avec l’aide de ses acolytes au pouvoir? Comment dire au-revoir à l’année qui se clôt en sélectionnant un thème, un sujet, des acteurs, ou encore des priorités dignes de figurer au premier plan dans l’agenda de celle qui s’annonce ?
Tout le monde l’admet. L’année 2016 a été celle de tous les chambardements politiques et géopolitiques, de toutes les surprises, du Brexit à Trump et….Jammeh, de toutes les violences, d’Alep à Mossoul, de toutes les angoisses pour les migrants et les chômeurs, de toutes les remises en question annonciatrices d’un ordre nouveau, interne et international, dont les paramètres sont encore loin d’être clairs.
Dans ce fatras d’incertitudes qui n’en finit pas de dérouler son long manteau sombre, le meilleur reflexe est d’opérer un retour à la case départ. Aux fondamentaux originels. A ce socle qui porte, ici comme ailleurs, les valeurs les plus importantes pour toutes les sociétés humaines à l’heure où elles n’ont d’autre option que de se mettre à jour sous peine d’être larguées par un train de l’histoire soudain porté par des forces inattendues, insaisissables.
Pour ce qui est du Sénégal, le bon sens commande de se tourner vers ce capital social, héritage éternel, que les chefs traditionnels et, surtout, les chefs religieux, musulmans ou chrétiens, ont la charge de préserver au nom de la pérennité de notre nation. Mais parce que nul pays ne peut vivre en vase clos à l’ère d’une mondialisation, tout malmenée qu’elle puisse être par la montée en puissance des discours populistes, de repli, il est aussi impératif de prendre à témoins les diplomates étrangers qui sont avec nous. Ce sont nos relais officiels avec le reste du monde. Même s’il leur faut tenir compte désormais de ces liens diffus, virtuels, que les réseaux sociaux imposent au monde entier, y compris en déployant des tentacules obscures au profit de ceux qui veulent faire mal, dans une dynamique de l’asymétrie des rapports au sein des sociétés contemporaines où l’individu se tient debout face aux Etats de plus en plus incapacités par les ruptures déstructurantes.
Parce que les politiques, égoïstes et cupides, vivant en vase clos dans des loges et cercles de plus en plus éloignés de la sphère démocratique, publique, sont en perte de popularité, il ne reste plus qu’à interroger et actionner les leviers sociaux pour engager les changements idoines. Afin que nos pays, en particulier le nôtre, ne soient pas emportés par les éléments qui se déchainent avec l’aide de prédateurs internes.
Les chefs religieux ont un rôle à jouer. En commençant par retrouver ce qui est l’unique raison pour les Sénégalais de les suivre. En redevenant plus proches de la spiritualité, c’est-à-dire en dire en prenant leurs distances avec le pouvoir temporel. Qu’ils aient le courage de dénoncer cet embellissement politicien, corrupteur, de leurs cites –religieuses- alors qu’ailleurs, leurs ouailles, ceux qui justifient leur importance, continuent de vivre dans la pauvreté crasse, à l’abandon. A trop vouloir s’identifier au pouvoir temporel, quitte à devenir ses complices dans le pillage des ressources financières et sociales du Sénégal, ils s’écartent de leur vocation.
Ils tournent encore plus le dos à Dieu quand, de surcroit, au lieu de dire le vrai, le juste, l’équitable, ils donnent l’impression de jouer la carte du favoritisme au profit des dirigeants temporels. Qui n’a pas été choqué des propos tenus par certains d’entre eux, et non des moindres, accusant les combattants de la démocratie d’être jaloux, aigris, en quête d’avantages, s’ils ne les ont tout simplement pas sommés de se taire, voire de laisser le pouvoir politique travailler. On les croirait sur des tréteaux électoraux ! Tous les chefs religieux qui tiennent ce discours ont perdu mon estime.
Ne l’oublions jamais : si les Sénégalais s’identifient à la religion, c’est parce qu’en ces heures d’incertitudes et de souffrances, ils gardent en souvenir le capital social créé du fait de l’action de certains dirigeants religieux. Cheikh Ahmadou Bamba, par son asservissement à Dieu et à son Prophète, Baye Niasse ou le cardinal Thiandoum par leur œcuménisme, Abdou Aziz Sy, par ses prêches sensibles aux moments déterminants de la marche du pays, en sont les incarnations accomplies. Or, ces temps-ci, la religion se noie dans ses compromissions. Qu’elle se ressaisisse vite pour éviter de dilapider l’héritage sans lequel elle n’est plus rien aux yeux d’une population plus regardante qu’il n’y parait de prime abord.
En plus d’orienter le peuple sur le chemin divin, la religion ne doit descendre dans l’agora publique que pour contribuer au renforcement des bonnes normes. En 2016, elle s’est hélas largement fourvoyée –son diagnostic vital risque d’être engagé si elle ne change de braquet !
Les diplomates étrangers qui sont en notre sein sont pareillement sommés de se montrer plus exigeants, vigilants, dans le respect du jeu démocratique. Faute de quoi, des migrations au terrorisme, des pandémies transfrontalières à la dissémination de la conflictualité, ils se retrouveront du côté négatif de l’histoire, surtout que ce qui se passe ici impacte ailleurs –dans le village planétaire !
Bonne année 2017 !
(*) Journaliste & consultant
Par où commencer en cette fin d’année 2016 début 2017 ? Quel évènement ou homme retenir, en dehors du démon de l’année, en la personne crépusculaire de celui qui a fait main-basse sur notre gaz avec l’aide de ses acolytes au pouvoir? Comment dire au-revoir à l’année qui se clôt en sélectionnant un thème, un sujet, des acteurs, ou encore des priorités dignes de figurer au premier plan dans l’agenda de celle qui s’annonce ?
Tout le monde l’admet. L’année 2016 a été celle de tous les chambardements politiques et géopolitiques, de toutes les surprises, du Brexit à Trump et….Jammeh, de toutes les violences, d’Alep à Mossoul, de toutes les angoisses pour les migrants et les chômeurs, de toutes les remises en question annonciatrices d’un ordre nouveau, interne et international, dont les paramètres sont encore loin d’être clairs.
Dans ce fatras d’incertitudes qui n’en finit pas de dérouler son long manteau sombre, le meilleur reflexe est d’opérer un retour à la case départ. Aux fondamentaux originels. A ce socle qui porte, ici comme ailleurs, les valeurs les plus importantes pour toutes les sociétés humaines à l’heure où elles n’ont d’autre option que de se mettre à jour sous peine d’être larguées par un train de l’histoire soudain porté par des forces inattendues, insaisissables.
Pour ce qui est du Sénégal, le bon sens commande de se tourner vers ce capital social, héritage éternel, que les chefs traditionnels et, surtout, les chefs religieux, musulmans ou chrétiens, ont la charge de préserver au nom de la pérennité de notre nation. Mais parce que nul pays ne peut vivre en vase clos à l’ère d’une mondialisation, tout malmenée qu’elle puisse être par la montée en puissance des discours populistes, de repli, il est aussi impératif de prendre à témoins les diplomates étrangers qui sont avec nous. Ce sont nos relais officiels avec le reste du monde. Même s’il leur faut tenir compte désormais de ces liens diffus, virtuels, que les réseaux sociaux imposent au monde entier, y compris en déployant des tentacules obscures au profit de ceux qui veulent faire mal, dans une dynamique de l’asymétrie des rapports au sein des sociétés contemporaines où l’individu se tient debout face aux Etats de plus en plus incapacités par les ruptures déstructurantes.
Parce que les politiques, égoïstes et cupides, vivant en vase clos dans des loges et cercles de plus en plus éloignés de la sphère démocratique, publique, sont en perte de popularité, il ne reste plus qu’à interroger et actionner les leviers sociaux pour engager les changements idoines. Afin que nos pays, en particulier le nôtre, ne soient pas emportés par les éléments qui se déchainent avec l’aide de prédateurs internes.
Les chefs religieux ont un rôle à jouer. En commençant par retrouver ce qui est l’unique raison pour les Sénégalais de les suivre. En redevenant plus proches de la spiritualité, c’est-à-dire en dire en prenant leurs distances avec le pouvoir temporel. Qu’ils aient le courage de dénoncer cet embellissement politicien, corrupteur, de leurs cites –religieuses- alors qu’ailleurs, leurs ouailles, ceux qui justifient leur importance, continuent de vivre dans la pauvreté crasse, à l’abandon. A trop vouloir s’identifier au pouvoir temporel, quitte à devenir ses complices dans le pillage des ressources financières et sociales du Sénégal, ils s’écartent de leur vocation.
Ils tournent encore plus le dos à Dieu quand, de surcroit, au lieu de dire le vrai, le juste, l’équitable, ils donnent l’impression de jouer la carte du favoritisme au profit des dirigeants temporels. Qui n’a pas été choqué des propos tenus par certains d’entre eux, et non des moindres, accusant les combattants de la démocratie d’être jaloux, aigris, en quête d’avantages, s’ils ne les ont tout simplement pas sommés de se taire, voire de laisser le pouvoir politique travailler. On les croirait sur des tréteaux électoraux ! Tous les chefs religieux qui tiennent ce discours ont perdu mon estime.
Ne l’oublions jamais : si les Sénégalais s’identifient à la religion, c’est parce qu’en ces heures d’incertitudes et de souffrances, ils gardent en souvenir le capital social créé du fait de l’action de certains dirigeants religieux. Cheikh Ahmadou Bamba, par son asservissement à Dieu et à son Prophète, Baye Niasse ou le cardinal Thiandoum par leur œcuménisme, Abdou Aziz Sy, par ses prêches sensibles aux moments déterminants de la marche du pays, en sont les incarnations accomplies. Or, ces temps-ci, la religion se noie dans ses compromissions. Qu’elle se ressaisisse vite pour éviter de dilapider l’héritage sans lequel elle n’est plus rien aux yeux d’une population plus regardante qu’il n’y parait de prime abord.
En plus d’orienter le peuple sur le chemin divin, la religion ne doit descendre dans l’agora publique que pour contribuer au renforcement des bonnes normes. En 2016, elle s’est hélas largement fourvoyée –son diagnostic vital risque d’être engagé si elle ne change de braquet !
Les diplomates étrangers qui sont en notre sein sont pareillement sommés de se montrer plus exigeants, vigilants, dans le respect du jeu démocratique. Faute de quoi, des migrations au terrorisme, des pandémies transfrontalières à la dissémination de la conflictualité, ils se retrouveront du côté négatif de l’histoire, surtout que ce qui se passe ici impacte ailleurs –dans le village planétaire !
Bonne année 2017 !
(*) Journaliste & consultant