Rome a accusé Israël de possibles « crimes de guerre » après que la force de l’ONU déployée entre le Liban et Israël a dénoncé des tirs « répétés » des troupes israéliennes sur ses positions, dont un ayant blessé deux Casques bleus jeudi.
La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont 10 000 soldats sont déployés dans le sud du pays, appelle à l’arrêt des hostilités depuis que les tirs transfrontaliers entre l’armée israélienne et le Hezbollah ont récemment tourné à la guerre ouverte.
Jeudi matin, la Finul a annoncé que « deux Casques bleus ont été blessés après qu’un char Merkava de l’armée israélienne a tiré sur une tour d’observation du QG de la Finul » à Naqoura, « la touchant directement et provoquant la chute » des deux hommes.
De nationalité indonésienne selon une porte-parole de la Finul, ces derniers sont « encore à l’hôpital », mais « leurs blessures ne sont pas graves ».
Aussitôt, Rome, premier pays occidental contributeur de la Finul en termes d’effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés, a dénoncé des actes « intolérables » et convoqué l’ambassadeur d’Israël pour une « ferme protestation ».
« Une obligation »
Le ministre italien de la Défense Guido Crosetto a ensuite estimé que les tirs des troupes israéliennes contre la Finul « pourraient constituer des crimes de guerre ».
« Les actions hostiles commises de manière répétée par les forces israéliennes contre la base de la Finul pourraient constituer des crimes de guerre et représentent certainement de très graves violations des normes du droit international humanitaire », a affirmé le ministre lors d’une conférence de presse.
Pour sa part, la France « attend des explications », a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Paris.
« La protection des Casques bleus est une obligation qui s’impose à toutes les parties à un conflit », a souligné le ministère dans un communiqué, insistant sur le fait que Paris « condamne toute atteinte à la sécurité de la Finul ».
La France a aussi annoncé avoir décidé d’organiser avec l’Italie une rencontre la semaine prochaine avec les autres pays européens contributeurs – Espagne et Irlande.
Le premier ministre irlandais Simon Harris a fustigé sur X « un acte irresponsable », ajoutant que « cela doit cesser ».
« Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l’ONU à Ras al-Naqoura, touchant l’entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication », a encore dit la Finul dans un communiqué.
Mercredi, « des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d’usage et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n’éclate », selon la même source.
« Extrêmement dangereuses »
Jeudi matin, le Hezbollah avait affirmé avoir « détruit un char israélien qui avançait » vers Ras al-Naqoura, à la frontière.
Il a ensuite indiqué avoir « visé des troupes israéliennes qui tentaient d’évacuer des soldats blessés de Ras al-Naqoura avec des salves de roquettes ».
La formation armée libanaise a ajouté avoir tiré des roquettes sur des soldats israéliens qui avançaient en direction de la localité frontalière libanaise de Maïs al-Jabal.
Le Hezbollah assure encore avoir tiré « d’importantes salves de roquettes » sur le nord d’Israël, frontalier du sud du Liban.
Dimanche, la Finul avait dénoncé des opérations de l’armée israélienne près d’une de ses positions dans le secteur du village frontalier de Maroun al-Ras, les jugeant « extrêmement dangereuses ».
Elle avait annoncé le 5 octobre « maintenir ses positions », malgré une demande de l’armée israélienne d’en « déplacer certaines ».
Le mouvement islamiste libanais a affirmé avoir appelé ses combattants à ne pas mettre en danger les Casques bleus.
La Finul appelle depuis le début de l’escalade les deux belligérants à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette résolution, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seules les forces de maintien de la paix de l’ONU et l’armée libanaise peuvent être déployées dans le sud du Liban.
En dépit de cette résolution, le Hezbollah a maintenu depuis 2006 une présence dans cette région, et Israël a lancé le 30 septembre des opérations terrestres contre le Hezbollah dans le sud du Liban. [AFP]