«L’esprit Walf» est une réalité tangible dans le monde médiatique sénégalais. Il est conforme à la personnalité de son fondateur, engagé dans un projet éditorial inédit dans un Sénégal alors sous la coupe d’un autoritarisme démocratique qui commençait à être incongru. Cet esprit, c’est un cocktail détonnant sous-tendu par trois valeurs indispensables à l’exercice d’un journalisme de qualité: liberté, responsabilité, résistance. Il inculque naturellement au journaliste qui s’en réfère des codes écrits nulle part qui lui servent de boussole dans la vie professionnelle et qui le préservent des vautours qui s’agitent aux pourtours des maisons de presse.
Sidy Lamine Niasse, fondateur du Groupe Walfadjri, était dans cette dynamique. Il ne l’a déserta jamais. Jusqu’à son rappel à Dieu, ce 4 décembre 2018. Pour la défense des principes qui donnent du sens à la démocratie, il fut aux premiers rangs pour contraindre les pouvoirs politiques à épouser la raison. Par son courage, son abnégation, son audace mais également sa mesure des choses, il affronta tous les «hommes forts» qui se sont succédé à la présidence de la République.
Il combattit la «dictature éclairée» de Léopold Sédar Senghor, défia Abdou Diouf à moult reprises, contrecarra l’aventurisme insensé d’Abdoulaye Wade, résista à l’autoritarisme primesautier de Macky Sall. Ces postures valeureuses dans des contextes particulièrement durs pour la presse privée indépendante face à des machines d’Etat impitoyables ne furent possibles que grâce à cet «esprit Walf».
Sidy Lamine Niasse fut à dire vrai un formidable meneur d’hommes, un agitateur d’idées intrépide, un démocrate intransigeant sur les libertés publiques individuelles et collectives des Sénégalais. En cela, il fut à lui seul une plateforme nationale populaire à partir de laquelle il put relayer les préoccupations et aspirations de centaines de milliers de nos compatriotes. On le saura un jour : cet homme avait un talent monumental, par la grâce de Dieu.
Je me revendique de «l’Esprit Walf» allumé et animé par Sidy Lamine Niasse : indépendance non négociable. Mais pas seulement. Je lui serai éternellement reconnaissant de m’avoir offert la possibilité d’accomplir le cinquième pilier de l’islam: le pèlerinage aux Lieux saints de la Mecque. Sidy avait également sa part de générosité envers les journalistes travaillant au Groupe Walfadjri. Il est simplement dommage qu’il ait été contraint pendant plusieurs années de ferrailler avec des bataillons de politiciens dont les ambitions n’allaient pas plus loin que la conservation du pouvoir.
Que Dieu lui offre le Paradis Firdaws en récompense de sa contribution inestimable à l’édification de ce pays.