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Lula privé de passeport, empêché de quitter le Brésil

Vendredi 26 Janvier 2018

L'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été empêché de quitter le territoire brésilien quelques heures avant de partir pour l'Ethiopie, a annoncé jeudi le ministère de la Justice, au lendemain de sa condamnation en appel à une peine de prison.

Le favori de la prochaine présidentielle au Brésil devait aller à Addis-Abeba pour une conférence de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) mais un juge fédéral "a donné l'ordre d'empêcher l'ex-président de sortir du territoire", a précisé le ministère dans un communiqué.

Cette mesure intervient au lendemain d'un grave revers subi par Lula en justice lors d'un procès qui a tenu en haleine le Brésil mais aussi divisé le pays.

Une cour d'appel de Porto Alegre (sud) a confirmé mercredi qu'il était coupable de corruption passive et de blanchiment d'argent pour avoir accepté un triplex d'une entreprise de construction.

Elle a également aggravé sa peine de prison d'un tiers, à 12 ans et un mois, tout en le laissant libre en attendant les recours que sa défense ne va pas manquer de déposer.

"Nous sommes en train de faire exécuter un ordre judiciaire de retrait de son passeport à l'ancien président Lula", a dit un porte-parole de la police fédérale à l'AFP.

- 'Droit d'aller et venir' -

"Nous avons appris cette nouvelle avec consternation", ont rapidement indiqué ses avocats dans un communiqué, contestant la qualification du juge fédéral à empêcher Lula de sortir du territoire.

La cour d'appel de Porto Alegre "avait été informée du voyage et n'avait pas imposé la moindre restriction", ont-ils dit.

"Le passeport de l'ex-président sera remis à la police fédérale, sans préjuger des mesures qui permettraient de réparer cette limitation indue à son droit d'aller et venir", poursuivent les avocats de Lula.

Celui-ci ne s'attendait visiblement pas à être empêché de quitter le pays en dépit de sa condamnation et devait rentrer dimanche au Brésil, selon son équipe.

"Il n'y a pas d'empêchement légal à ce que l'ex-président Lula fasse un voyage à l'étranger. Nous avions déjà informé la justice de sa participation à cet événement de dirigeants internationaux avant le jugement", avait déclaré plus tôt à l'AFP l'un de ses avocats, Cristiano Zanin Martins. "Lula a le droit d'aller et venir", avait-il ajouté.

Mais une demande de retrait de son passeport avait été déposée, à titre individuel, par trois avocats, arguant des risques que l'icône de la gauche brésilienne demande l'asile politique à l'étranger.

A Addis-Abéba, Lula devait participer à une conférence sur l'éradication de la faim et les politiques publiques en Afrique, continent sur lequel il s'est souvent rendu pendant ses deux mandats (2003-2010), en marge du 30e sommet de l'Union africaine.

La FAO, dirigée par le Brésilien José Graziano da Silva, un ex-ministre de Lula, avait confirmé la présence de l'ancien chef de l'Etat. Lula, avec son institut, a été à l'origine du programme "Faim zéro en Afrique".

"Ce n'est pas un voyage facile, ce sont 14 heures à l'aller, 14 heures au retour et 14 heures sur place", avait souligné Lula plus tôt jeudi à Sao Paulo à l'occasion du lancement de sa "pré-candidature" à la présidentielle à la tête de son Parti des Travailleurs (PT).

Lula est donné ultra-favori par les sondages au scrutin présidentiel d'octobre et un tiers des Brésiliens seraient prêts à voter pour celui qui clame son innocence et se dit victime d'un "pacte diabolique" destiné à lui barrer la route vers un 3e mandat. (AFP)
 
 
 
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