L’arrestation du candidat gagnant à coup sûr de l’élection présidentielle de février 2024 lance la seconde mi-temps du combat contre la décision autocratique de Macky Sall de « faire chuter O. Sonko dans sa chute » après sa capitulation sur la troisième candidature anticonstitutionnelle.
Ubuesque en effet cette accusation de « vol de portable » d’autant plus que Sonko pouvait tout simplement par l’humour faire exercer son droit légal à la protection de son image en promettant au policier chargé de le filmer contre son gré une nomination comme photographe officiel du futur président.
Grotesque cet alignement d’accusations aussi farfelues que :
- « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste » pour quelqu’un qui appelle ouvertement le MFDC et sa branche armée à « déposer les armes » même si cela reste inefficace ;
- « association de malfaiteurs » alors que tout le monde a vu les nervis tueurs côtoyer les FDS du régime de Macky/APR/BBY ;
- « complot contre l’autorité de l’Etat » pour un électeur éligible dont le seul « crime » est de candidater à l’élection présidentielle ;
- « actes et manœuvre à compromettre la sécurité publique » alors que tout le monde sait que l’autocratie passe son temps à enfreindre illégalement tous ses droits citoyens en gazant ces déplacements populaires, en interdisant ses meetings, en refusant ses plaintes fondées et ceux des centaines de prisonniers politiques qui croupissent arbitrairement en prison ;
- « atteinte à la sûreté de l’État » lequel est aujourd’hui malmené au su et vu de tous par les pratiques hors la loi du régime finissant de Macky/APR/BBY ;
- « appel à l’insurrection » pour contourner le droit à la résistance conféré au peuple, aux citoyens quand l’État lui-même ne respecte plus ses propres lois.
Manifestement l’emballement tyrannique à mettre sur le dos du candidat O. Sonko tous ces « péchés d’Israël » est un aveu que les procès et verdicts précédents ne suffisent pas à l’empêcher d’être candidat. Il faut inventer sur le mode fasciste bien connu « plus le mensonge est gros, plus il passe » sauf que là c’est tellement colossale que personne n’est dupe.
Le régime libéral néocolonial signe ainsi la fin de la posture d’apaisement que l’autocratie affichait par sa renonciation officielle à la troisième candidature qui avait créé un relatif espoir en une élection présidentielle 2024 apaisée. Le pays attendait de lui comme suite la libération de tous les prisonniers politiques, « l’inclusion » de tous les candidats en dehors de lui et l’organisation consensuelle transparente de la présidentielle de février 2024.
Mais c’est sans compter avec ce désir atavique d’être dans la course présidentielle de Macky Sall qu’il a exprimé sous forme d’oxymore d’une girouette au gré du vent ainsi : « La seule raison pour laquelle j’aurais pu me représenter, c’est si le pays avait été confronté à une menace sérieuse pour sa stabilité. Mais cette menace n’est pas arrivée ».
Et comme il n’y a pas de « menace à la stabilité », cette arrestation ne ressemble-t-elle pas, tout comme l’interdiction de l’investiture, tous les interdits liberticides, les barricades au domicile, les emprisonnements à la pelle, à une stratégie perfide pour créer le chaos afin de pouvoir en revenir au « ma waxon waxeet » de son illustre mentor père du libéralisme néocolonial national.
Macky Sall cherche manifestement à renoncer à sa renonciation tactique parce que lui-même ne conçoit aucune succession ni dans son propre parti, ni dans sa coalition de benêts oui oui, ni dans l’opposition « dialoguiste » à fortiori dans l’opposition patriotique.
Dans ces conditions de menace permanente pour l’État de droit et la paix dans le pays que constitue le régime finissant de Macky/APR/BBY, la solution est entre les mains du peuple.
En ce qui concerne le camp patriotique et tenant compte de ce que le peuple est encore prêt à endurer pour stopper les plans de l’autocratie, il appartient à O. Sonko, même dans les liens de la détention arbitraire actuelle dont il faut exiger la fin immédiate, de faire en sorte que le projet soit au rendez-vous de la présidentielle 2024 pour mettre le pays sur les rails du respect de l’État de droit, de la libération de tous les détenus politiques, de la fin de l’impunité de la mal-gouvernance et de la renégociation des contrats léonins pour rétablir la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles. C’est la base minimale d’une transition dans un Sénégal où « le nouveau peine à émerger, l’ancien à céder la place », nous mettant dans un « clair-obscur peuplé de monstres » que le peuple finira bien par vaincre.
30/07/23
Diagne Fodé Roland