Neuf mois après avoir renversé le président élu, Assimi Goïta a été déclaré chef de l’État et président de transition par la Cour constitutionnelle malienne.
La Cour constitutionnelle malienne a déclaré vendredi le colonel Assimi Goïta chef de l’État et président de transition du pays, parachevant le deuxième coup d’État conduit par l’officier et les militaires en neuf mois.
Comme pressenti depuis quelques jours, le colonel Assimi Goïta prend la tête de ce pays plongé dans la tourmente, neuf mois après avoir renversé avec d’autres colonels le président élu Ibrahim Boubacar Keita. Quatre jours plus tôt, il avait écarté le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane, cautions civiles de la transition ouverte après le putsch de 2020, censée ramener des civils au pouvoir début 2022.
L’ancien commandant de bataillon des forces spéciales, qui ne se départit quasiment jamais de son uniforme et de son béret vert, occupera ces fonctions jusqu’au terme de la transition, dit l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Il défie ainsi les partenaires de ce pays crucial pour la stabilité du Sahel, confronté notamment à la propagation du djihadisme.
Les chefs d’État ouest-africains réunis en sommet extraordinaire se pencheront sur la situation du Mali dimanche, avec l’éventualité de sanctions à la clé. La France et les États-Unis, engagés militairement au Sahel, ont brandi la menace de sanctions.
Dans un arrêt diffusé vendredi, la Cour constitutionnelle constate «la vacance de la présidence de transition» en raison de la démission du président Bah Ndaw. L’arrêt stipule qu’en conséquence le vice-président, le colonel Goïta, «exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme», et qu’il portera «le titre de président de la transition, chef de l’État».
Le colonel Goïta avait fait arrêter lundi le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane. Il avait annoncé mardi les avoir démis de leurs charges en les accusant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu’il était vice-président en charge des questions de défense et de sécurité.
Tentative d’ouverture
Leur mise à l’écart a ensuite été présentée comme une démission. Les deux hommes ont été relâchés depuis mais ne se sont pas exprimés publiquement. Avant sa désignation comme chef de l’État, le colonel Goïta, habituellement peu loquace, s’était adressé à des représentants du monde politique et de la société civile, sans rien dire sur le projet qui lui était déjà prêté de faire main basse sur les commandes.
Dans un apparent effort de mobiliser des soutiens intérieurs face aux pressions internationales, il avait dit son intention de former un gouvernement autour d’un collectif que lui et les colonels s’étaient pourtant employés à marginaliser pendant les premiers mois de la transition.
«Nous demandons (…) que le poste de Premier ministre revienne au M5-RFP», le collectif qui avait mené en 2020 des mois de contestation achevés par le putsch d’août, a-t-il dit. «Dans les jours à venir, le Premier ministre qui sera nommé aura pour mission de mener une large consultation entre les différents groupements (…) en vue de mettre en place un gouvernement de consensus et d’inclusivité», a-t-il ajouté.
Plusieurs responsables du M5-RFP ont accepté la main tendue. «Cela nous est allé droit au cœur», a dit Choguel Kokalla Maïga, une des têtes pensantes du collectif, plusieurs fois ministre depuis 2002 et de plus en plus pressenti pour diriger le gouvernement.
Référence tchadienne
«Je le dis de façon officielle, le nom donné (pour le poste de Premier ministre) est celui de Choguel Maïga», a dit à la presse un porte-parole du mouvement, Jeamille Bittar.
Plusieurs centaines de Maliens ont manifesté dans l’après-midi à Bamako leur soutien aux colonels et, pour nombre d’entre eux, leur hostilité envers la France, réclamant l’engagement de la Russie.
«On en a marre. Les dirigeants, ils font n’importe quoi. On veut que les Français partent et que la Russie arrive», a dit Adama Dicko, la trentaine, entouré de manifestants arborant d’innombrables portraits des colonels, un vaste drapeau russe et des panneaux anti-français.
Dans un pays économiquement exsangue, les sanctions de la Communauté des États ouest-africains après le putsch de 2020 avaient été très mal ressenties par la population. Des sanctions ciblées visant les colonels sont largement évoquées, avec des interrogations sur leur efficacité.
Différentes voix s’élèvent pour noter la différence de traitement entre le Mali et un autre pays sahélien, le Tchad, où un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux a pris le pouvoir le 20 avril après la mort d’Idriss Déby Itno, avec à sa tête un des fils de l’ancien président. L’Union africaine s’était gardée de prendre des sanctions.
Le président français Emmanuel Macron, dont le pays déploie environ 5000 soldats au Sahel, s’était rendu aux obsèques du maréchal Déby. (AFP)
La Cour constitutionnelle malienne a déclaré vendredi le colonel Assimi Goïta chef de l’État et président de transition du pays, parachevant le deuxième coup d’État conduit par l’officier et les militaires en neuf mois.
Comme pressenti depuis quelques jours, le colonel Assimi Goïta prend la tête de ce pays plongé dans la tourmente, neuf mois après avoir renversé avec d’autres colonels le président élu Ibrahim Boubacar Keita. Quatre jours plus tôt, il avait écarté le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane, cautions civiles de la transition ouverte après le putsch de 2020, censée ramener des civils au pouvoir début 2022.
L’ancien commandant de bataillon des forces spéciales, qui ne se départit quasiment jamais de son uniforme et de son béret vert, occupera ces fonctions jusqu’au terme de la transition, dit l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Il défie ainsi les partenaires de ce pays crucial pour la stabilité du Sahel, confronté notamment à la propagation du djihadisme.
Les chefs d’État ouest-africains réunis en sommet extraordinaire se pencheront sur la situation du Mali dimanche, avec l’éventualité de sanctions à la clé. La France et les États-Unis, engagés militairement au Sahel, ont brandi la menace de sanctions.
Dans un arrêt diffusé vendredi, la Cour constitutionnelle constate «la vacance de la présidence de transition» en raison de la démission du président Bah Ndaw. L’arrêt stipule qu’en conséquence le vice-président, le colonel Goïta, «exerce les fonctions, attributs et prérogatives de président de la transition pour conduire le processus de transition à son terme», et qu’il portera «le titre de président de la transition, chef de l’État».
Le colonel Goïta avait fait arrêter lundi le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane. Il avait annoncé mardi les avoir démis de leurs charges en les accusant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu’il était vice-président en charge des questions de défense et de sécurité.
Tentative d’ouverture
Leur mise à l’écart a ensuite été présentée comme une démission. Les deux hommes ont été relâchés depuis mais ne se sont pas exprimés publiquement. Avant sa désignation comme chef de l’État, le colonel Goïta, habituellement peu loquace, s’était adressé à des représentants du monde politique et de la société civile, sans rien dire sur le projet qui lui était déjà prêté de faire main basse sur les commandes.
Dans un apparent effort de mobiliser des soutiens intérieurs face aux pressions internationales, il avait dit son intention de former un gouvernement autour d’un collectif que lui et les colonels s’étaient pourtant employés à marginaliser pendant les premiers mois de la transition.
«Nous demandons (…) que le poste de Premier ministre revienne au M5-RFP», le collectif qui avait mené en 2020 des mois de contestation achevés par le putsch d’août, a-t-il dit. «Dans les jours à venir, le Premier ministre qui sera nommé aura pour mission de mener une large consultation entre les différents groupements (…) en vue de mettre en place un gouvernement de consensus et d’inclusivité», a-t-il ajouté.
Plusieurs responsables du M5-RFP ont accepté la main tendue. «Cela nous est allé droit au cœur», a dit Choguel Kokalla Maïga, une des têtes pensantes du collectif, plusieurs fois ministre depuis 2002 et de plus en plus pressenti pour diriger le gouvernement.
Référence tchadienne
«Je le dis de façon officielle, le nom donné (pour le poste de Premier ministre) est celui de Choguel Maïga», a dit à la presse un porte-parole du mouvement, Jeamille Bittar.
Plusieurs centaines de Maliens ont manifesté dans l’après-midi à Bamako leur soutien aux colonels et, pour nombre d’entre eux, leur hostilité envers la France, réclamant l’engagement de la Russie.
«On en a marre. Les dirigeants, ils font n’importe quoi. On veut que les Français partent et que la Russie arrive», a dit Adama Dicko, la trentaine, entouré de manifestants arborant d’innombrables portraits des colonels, un vaste drapeau russe et des panneaux anti-français.
Dans un pays économiquement exsangue, les sanctions de la Communauté des États ouest-africains après le putsch de 2020 avaient été très mal ressenties par la population. Des sanctions ciblées visant les colonels sont largement évoquées, avec des interrogations sur leur efficacité.
Différentes voix s’élèvent pour noter la différence de traitement entre le Mali et un autre pays sahélien, le Tchad, où un Conseil militaire de transition (CMT) de 15 généraux a pris le pouvoir le 20 avril après la mort d’Idriss Déby Itno, avec à sa tête un des fils de l’ancien président. L’Union africaine s’était gardée de prendre des sanctions.
Le président français Emmanuel Macron, dont le pays déploie environ 5000 soldats au Sahel, s’était rendu aux obsèques du maréchal Déby. (AFP)