DEVOIR DE MÉMOIRE - Démobilisés après la seconde guerre mondiale, des dizaines de tirailleurs sénégalais réclamaient pacifiquement le paiement de leurs arriérés de soldes, alors qu’ils étaient en cantonnement dans le camp militaire de Thiaroye, dans la banlieue dakaroise. Pour toute réponse à cette légitime revendication, l'armée coloniale française pris d'assaut, nuitamment et sans sommation, le Camp de Thiaroye. Les braves tirailleurs furent impitoyablement foudroyés par les salves meurtrières des automitrailleuses du Régiment d’artillerie de la France.
ACCUSÉS DE MUTINERIE par la hiérarchie militaire française, ils avaient simplement commis le «crime» de réclamer pacifiquement le paiement de leurs «primes de démobilisation» et de leurs «pécules de maintien sous les drapeaux». Après avoir héroïquement défendu la France contre l'invasion hitlérienne, ces vaillants tirailleurs sénégalais se voyaient ainsi drôlement «remerciés» par le pouvoir colonial français. À qui ils ont pourtant tout donné.
«LE MASSACRE DE THIAROYE», le pire crime de guerre qu'aient jamais subi des soldats «indigènes», en ce jour sombre du 1er décembre 1944, est aujourd’hui commémoré dans plusieurs pays de la sous-région. Un monument aux «Martyrs de Thiaroye» a été érigé à Bamako. L'historienne française Armelle Mabon continue de dénoncer la dissimulation des documents traitant des causes et responsabilités de ce crime colonial :
«L'absence de ces documents dans les archives ne relève pas du hasard, d'une perte malencontreuse ou d’un mauvais classement. Il s’agit d’une volonté délibérée de les soustraire de tout regard, et cela depuis plus de 70 ans. Je souscris à la volonté du président de la République française de donner les archives au Sénégal. Mais pour que ce geste fort ait du sens et permette une véritable réconciliation, après tant de malentendus et de mensonges, il faut impérativement restituer tous les documents officiels dans les archives ; donner le bilan sincère du nombre de morts ; révéler le lieu réel de leur sépulture ; nommer ces hommes qui ont été tués ; amnistier ceux qui ont été condamnés, la grâce ne suffisant pas ; reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée française; réhabiliter ces tirailleurs en leur rendant un hommage solennel».
À L'OCCASION de sa visite officielle au Sénégal, le 12 octobre 2012, le président François Hollande avait (enfin) reconnu qu’il y a eu une «répression sanglante». Il remit en main propre, sous format électronique, des documents d'archives de cette tragédie coloniale au président Macky Sall. Aux côtés de qui il assista à la cérémonie solennelle qui fut officiellement dédiée à la mémoire de ces 70 Martyrs, injustement tombés sous les balles de ceux qu’ils avaient pourtant aidé à réussir triomphalement le débarquement de Provence, en août 1944, libérant Toulon et Marseille. Bienvenu tout de même au sage credo du leader emblématique du peuple-martyr sud-africain, Nelson Mandela : «Nous pardonnons, mais nous n'oublions pas» !
Mame Mactar Guèye JAMRA
mamemactar@yahoo.fr
ACCUSÉS DE MUTINERIE par la hiérarchie militaire française, ils avaient simplement commis le «crime» de réclamer pacifiquement le paiement de leurs «primes de démobilisation» et de leurs «pécules de maintien sous les drapeaux». Après avoir héroïquement défendu la France contre l'invasion hitlérienne, ces vaillants tirailleurs sénégalais se voyaient ainsi drôlement «remerciés» par le pouvoir colonial français. À qui ils ont pourtant tout donné.
«LE MASSACRE DE THIAROYE», le pire crime de guerre qu'aient jamais subi des soldats «indigènes», en ce jour sombre du 1er décembre 1944, est aujourd’hui commémoré dans plusieurs pays de la sous-région. Un monument aux «Martyrs de Thiaroye» a été érigé à Bamako. L'historienne française Armelle Mabon continue de dénoncer la dissimulation des documents traitant des causes et responsabilités de ce crime colonial :
«L'absence de ces documents dans les archives ne relève pas du hasard, d'une perte malencontreuse ou d’un mauvais classement. Il s’agit d’une volonté délibérée de les soustraire de tout regard, et cela depuis plus de 70 ans. Je souscris à la volonté du président de la République française de donner les archives au Sénégal. Mais pour que ce geste fort ait du sens et permette une véritable réconciliation, après tant de malentendus et de mensonges, il faut impérativement restituer tous les documents officiels dans les archives ; donner le bilan sincère du nombre de morts ; révéler le lieu réel de leur sépulture ; nommer ces hommes qui ont été tués ; amnistier ceux qui ont été condamnés, la grâce ne suffisant pas ; reconnaître la spoliation du rappel de solde et la responsabilité de l’armée française; réhabiliter ces tirailleurs en leur rendant un hommage solennel».
À L'OCCASION de sa visite officielle au Sénégal, le 12 octobre 2012, le président François Hollande avait (enfin) reconnu qu’il y a eu une «répression sanglante». Il remit en main propre, sous format électronique, des documents d'archives de cette tragédie coloniale au président Macky Sall. Aux côtés de qui il assista à la cérémonie solennelle qui fut officiellement dédiée à la mémoire de ces 70 Martyrs, injustement tombés sous les balles de ceux qu’ils avaient pourtant aidé à réussir triomphalement le débarquement de Provence, en août 1944, libérant Toulon et Marseille. Bienvenu tout de même au sage credo du leader emblématique du peuple-martyr sud-africain, Nelson Mandela : «Nous pardonnons, mais nous n'oublions pas» !
Mame Mactar Guèye JAMRA
mamemactar@yahoo.fr