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Macron au Rwanda: un discours «historique» mais le «flou» sur les responsabilités, selon le chercheur François Graner

Jeudi 27 Mai 2021

Le chercheur François Graner, membre de l'ONG Survie
Le chercheur François Graner, membre de l'ONG Survie
Le président Emmanuel Macron qui a « reconnu » jeudi à Kigali les responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, a prononcé « un discours historique d’un point de vue symbolique », mais est resté « flou » sur ces responsabilités, a estimé le chercheur François Graner, membre de l’association Survie.
 
"Cela a été un moment émouvant, historique et Macron se grandit en faisant un tel discours", a déclaré à l'AFP M. Graner, qui travaille depuis plus de vingt ans sur le rôle de la France au Rwanda et a mené une bataille judiciaire pour obtenir l'accès aux archives relatives à cette période.
 
« Mais en même temps, le président a utilisé des mots très calibrés pour dédouaner la diplomatie, l'armée, les politiques français, il a réfuté les accusations de complicité et est resté flou sur les agissements inavouables de la France", a-t-il ajouté.
 
M. Macron s'est rendu jeudi au mémorial du génocide à Kigali pour "reconnaître les responsabilités" de la France et "la part de souffrance qu'elle a infligée au peuple rwandais en faisant trop longtemps prévaloir le silence sur l'examen de la vérité". La visite de M. Macron au Rwanda et ce discours étaient très attendus après plus de 25 ans de relations extrêmement tendues avec Kigali, en raison du rôle controversé de Paris avant, pendant et après le génocide de 1994.
 
Le rapport d'une commission d'historiens français dirigée par Vincent Duclert qui a conclu en mars aux "responsabilités lourdes et accablantes" de la France dans la tragédie et à "l'aveuglement" du président socialiste de l'époque, François Mitterrand, face à la dérive génocidaire du régime hutu, a permis d'ouvrir la voie à la normalisation entre Paris et Kigali.
 
Plus de 800.000 personnes, en majorité tutsi, ont été massacrées au Rwanda entre avril et juillet 1994. (Avec Mediapart)
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