PARIS (Reuters) - "Il y a urgence" : Emmanuel Macron exhorte les citoyens européens, dans une tribune à paraître mardi dans les 28 Etats membres de l'UE, à "reprendre le contrôle de leur destin" et à ne pas céder au "repli nationaliste" et à la "résignation" lors des élections européennes "décisives" du 26 mai.
Dans cette lettre intitulée "Pour une Renaissance européenne" et publiée dans des quotidiens des Etats membres, Royaume-Uni compris, le chef de l'Etat français décline une série de propositions concrètes visant à faire de l'Europe un pôle de "liberté, de protection et de progrès".
"Citoyens d’Europe, l’impasse du Brexit est une leçon pour tous", écrit Emmanuel Macron à moins d'un mois de la sortie prévue du Royaume-Uni de l'UE. "Sortons de ce piège, donnons un sens aux élections à venir et à notre projet. A vous de décider si l’Europe, les valeurs de progrès qu’elle porte, doivent être davantage qu’une parenthèse dans l’histoire."
Au-delà des échéances du 26 mai, le chef de l'Etat appelle de ses voeux la tenue d'ici la fin de l'année d'une "conférence pour l'Europe", qu'il souhaite "sans tabou" - y compris sur la question de la révision des traités - chargée de définir une feuille de route "traduisant en actions concrètes ces grandes priorités".
Voici les propositions contenues dans cette tribune :
AGENCE EUROPÉENNE DE PROTECTION DES DÉMOCRATIES
"Notre liberté première est la liberté démocratique, celle de choisir nos gouvernants là où, à chaque scrutin, des puissances étrangères cherchent à peser sur nos votes", estime le chef de l'Etat, sans nommer les pays visés. La Russie a toutefois été accusée ces dernières années de tentatives d'ingérence et de déstabilisation lors des élections américaine, allemande ou française, des accusations démenties par Moscou.
Afin de protéger le processus électoral contre les cyberattaques et les manipulations, Emmanuel Macron propose la création d'une "agence européenne de protection des démocraties" qui fournira des experts européens à chaque Etat membre et appelle à interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères.
POLICE DES FRONTIÈRES COMMUNE ET OFFICE EUROPÉEN DE L'ASILE
"Aucune communauté ne crée de sentiment d’appartenance si elle n’a pas des limites qu’elle protège", juge Emmanuel Macron à l'heure où la question migratoire est l'un des sujets dont les Français souhaitent que l'Europe s'empare, selon un sondage Elabe.
Il faut "remettre à plat" l’espace Schengen, estime le chef de l'Etat. "Tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus)."
Il prône également une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure.
TRAITE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Un traité de défense et de sécurité devra définir "nos obligations indispensables, en lien avec l’Otan et nos alliés européens", écrit Emmanuel Macron, qui cite une augmentation des dépenses militaires, une clause de défense mutuelle rendue opérationnelle et un Conseil de sécurité européen associant le Royaume‑Uni "pour préparer nos décisions collectives."
BOUCLIER SOCIAL ET SALAIRE MINIMUM EUROPÉEN
Sur le volet social, l'Europe doit instaurer "pour chaque travailleur, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement", estime le chef de l'Etat.
PRÉFÉRENCE EUROPÉENNE ET SANCTIONS
Dans un contexte de guerre commerciale ravivée depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, le chef de l'Etat exhorte à "réformer notre politique de concurrence, refonder notre politique commerciale".
Il faut sanctionner ou interdire en Europe "les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt", préconise Emmanuel Macron. Il faut également "assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois".
BANQUE EUROPÉENNE DU CLIMAT
Pour Emmanuel Macron, auteur du slogan “Make our planet great again" et sacré "champion de la Terre" à l'Onu, l'Union européenne doit "prendre la tête du combat écologique".
"L’Union européenne doit fixer son ambition – 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 – et adapter ses politiques à cette exigence", estime-t-il.
Pour y parvenir, le chef de l'Etat préconise entre autres la création d'une banque européenne du climat pour financer la transition écologique, d'une force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments et prône l'évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l’environnement et la santé "contre la menace des lobbies".
L'idée d'une banque européenne du climat est défendue par un collectif d'experts, parmi lesquels le climatologue Jean Jouzel, avec le soutien de centaines de personnalités, dont le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, et la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Tous ont signé un projet de traité, publié le 19 février, qui prévoirait la création d'une "banque européenne du climat et de la biodiversité", filiale de la Banque européenne d'investissement, qui serait accompagné d'un fonds, lui aussi chargé de lever les milliards d'euros que requiert la transition écologique.
SUPERVISION DES GRANDES PLATEFORMES DU NUMÉRIQUE
Pour créer des emplois, "l’Europe doit anticiper" et pour cela "elle doit non seulement réguler les géants du numérique, en créant une supervision européenne des grandes plateformes (sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs algorithmes…) mais aussi financer l’innovation en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des Etats-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques".
CONFÉRENCE POUR L'EUROPE
"Afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique", Emmanuel Macron souhaite la tenue d'une "Conférence pour l’Europe" "sans tabou" d'ici la fin de l'année, réunissant les représentants des institutions européennes et des Etats.
Cette conférence, poursuit le chef de l'Etat, devra associer des panels de citoyens, auditionner des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels, et "définira une feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités".
Dans cette lettre intitulée "Pour une Renaissance européenne" et publiée dans des quotidiens des Etats membres, Royaume-Uni compris, le chef de l'Etat français décline une série de propositions concrètes visant à faire de l'Europe un pôle de "liberté, de protection et de progrès".
"Citoyens d’Europe, l’impasse du Brexit est une leçon pour tous", écrit Emmanuel Macron à moins d'un mois de la sortie prévue du Royaume-Uni de l'UE. "Sortons de ce piège, donnons un sens aux élections à venir et à notre projet. A vous de décider si l’Europe, les valeurs de progrès qu’elle porte, doivent être davantage qu’une parenthèse dans l’histoire."
Au-delà des échéances du 26 mai, le chef de l'Etat appelle de ses voeux la tenue d'ici la fin de l'année d'une "conférence pour l'Europe", qu'il souhaite "sans tabou" - y compris sur la question de la révision des traités - chargée de définir une feuille de route "traduisant en actions concrètes ces grandes priorités".
Voici les propositions contenues dans cette tribune :
AGENCE EUROPÉENNE DE PROTECTION DES DÉMOCRATIES
"Notre liberté première est la liberté démocratique, celle de choisir nos gouvernants là où, à chaque scrutin, des puissances étrangères cherchent à peser sur nos votes", estime le chef de l'Etat, sans nommer les pays visés. La Russie a toutefois été accusée ces dernières années de tentatives d'ingérence et de déstabilisation lors des élections américaine, allemande ou française, des accusations démenties par Moscou.
Afin de protéger le processus électoral contre les cyberattaques et les manipulations, Emmanuel Macron propose la création d'une "agence européenne de protection des démocraties" qui fournira des experts européens à chaque Etat membre et appelle à interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères.
POLICE DES FRONTIÈRES COMMUNE ET OFFICE EUROPÉEN DE L'ASILE
"Aucune communauté ne crée de sentiment d’appartenance si elle n’a pas des limites qu’elle protège", juge Emmanuel Macron à l'heure où la question migratoire est l'un des sujets dont les Français souhaitent que l'Europe s'empare, selon un sondage Elabe.
Il faut "remettre à plat" l’espace Schengen, estime le chef de l'Etat. "Tous ceux qui veulent y participer doivent remplir des obligations de responsabilité (contrôle rigoureux des frontières) et de solidarité (une même politique d’asile, avec les mêmes règles d’accueil et de refus)."
Il prône également une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure.
TRAITE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Un traité de défense et de sécurité devra définir "nos obligations indispensables, en lien avec l’Otan et nos alliés européens", écrit Emmanuel Macron, qui cite une augmentation des dépenses militaires, une clause de défense mutuelle rendue opérationnelle et un Conseil de sécurité européen associant le Royaume‑Uni "pour préparer nos décisions collectives."
BOUCLIER SOCIAL ET SALAIRE MINIMUM EUROPÉEN
Sur le volet social, l'Europe doit instaurer "pour chaque travailleur, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social lui garantissant la même rémunération sur le même lieu de travail, et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays et discuté chaque année collectivement", estime le chef de l'Etat.
PRÉFÉRENCE EUROPÉENNE ET SANCTIONS
Dans un contexte de guerre commerciale ravivée depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, le chef de l'Etat exhorte à "réformer notre politique de concurrence, refonder notre politique commerciale".
Il faut sanctionner ou interdire en Europe "les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles, comme les normes environnementales, la protection des données et le juste paiement de l’impôt", préconise Emmanuel Macron. Il faut également "assumer, dans les industries stratégiques et nos marchés publics, une préférence européenne comme le font nos concurrents américains ou chinois".
BANQUE EUROPÉENNE DU CLIMAT
Pour Emmanuel Macron, auteur du slogan “Make our planet great again" et sacré "champion de la Terre" à l'Onu, l'Union européenne doit "prendre la tête du combat écologique".
"L’Union européenne doit fixer son ambition – 0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025 – et adapter ses politiques à cette exigence", estime-t-il.
Pour y parvenir, le chef de l'Etat préconise entre autres la création d'une banque européenne du climat pour financer la transition écologique, d'une force sanitaire européenne pour renforcer les contrôles de nos aliments et prône l'évaluation scientifique indépendante des substances dangereuses pour l’environnement et la santé "contre la menace des lobbies".
L'idée d'une banque européenne du climat est défendue par un collectif d'experts, parmi lesquels le climatologue Jean Jouzel, avec le soutien de centaines de personnalités, dont le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, et la maire de Paris, Anne Hidalgo.
Tous ont signé un projet de traité, publié le 19 février, qui prévoirait la création d'une "banque européenne du climat et de la biodiversité", filiale de la Banque européenne d'investissement, qui serait accompagné d'un fonds, lui aussi chargé de lever les milliards d'euros que requiert la transition écologique.
SUPERVISION DES GRANDES PLATEFORMES DU NUMÉRIQUE
Pour créer des emplois, "l’Europe doit anticiper" et pour cela "elle doit non seulement réguler les géants du numérique, en créant une supervision européenne des grandes plateformes (sanction accélérée des atteintes à la concurrence, transparence de leurs algorithmes…) mais aussi financer l’innovation en dotant le nouveau Conseil européen de l’innovation d’un budget comparable à celui des Etats-Unis, pour prendre la tête des nouvelles ruptures technologiques".
CONFÉRENCE POUR L'EUROPE
"Afin de proposer tous les changements nécessaires à notre projet politique", Emmanuel Macron souhaite la tenue d'une "Conférence pour l’Europe" "sans tabou" d'ici la fin de l'année, réunissant les représentants des institutions européennes et des Etats.
Cette conférence, poursuit le chef de l'Etat, devra associer des panels de citoyens, auditionner des universitaires, les partenaires sociaux, des représentants religieux et spirituels, et "définira une feuille de route pour l’Union européenne traduisant en actions concrètes ces grandes priorités".