Paris a fini par taper du poing sur la table: échaudée par le nouveau coup d’État au Mali, la France a annoncé jeudi la suspension de ses opérations militaires conjointes avec Bamako, pour tenter de pousser la junte au pouvoir vers la transition politique exigée par la communauté internationale.
«Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cédéao et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali», et «dans l’attente de ces garanties, la France (…) a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit», souligne le ministère français des Armées dans un communiqué transmis à l’AFP.
«Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes», conclut le ministère alors que le Mali, secoué par deux coups d’État en neuf mois, est un pays clé de la lutte anti-jihadiste au Sahel, dans laquelle la France est très impliquée.
Par cette décision, Paris manifeste sur le terrain sa condamnation du coup d’État, et tente d’appuyer les pressions de la communauté internationale sur les militaires putschistes du Mali pour obtenir un retour du pouvoir aux mains de civils à l’issue d’élections prévues courant 2022.
La France emboîte le pas aux États-Unis, dont le département d’État a suspendu dès la fin mai l’assistance aux forces de sécurité et de défense du Mali. La force française Barkhane, forte de 5100 militaires au Sahel, continuera d’opérer mais pour l’heure en solo, précise-t-on au ministère des Armées. En revanche, la force «Takuba» initiée par la France, composée d’unités de forces spéciales européennes et censée former l’armée malienne au combat face aux djihadistes, compte parmi les activités suspendues.
Désengagement déjà prévu
Il existe «un risque» que le nouveau coup de force au Mali dissuade des pays européens de rejoindre le front antijihadiste au Sahel, reconnaissait la semaine dernière une source diplomatique. La coopération avec les forces maliennes est un des piliers de l’action menée par la France dans ce pays, où elle maintient une présence ininterrompue depuis huit ans.
Le président français Emmanuel Macron avait averti dimanche que la France retirerait ses troupes si le Mali allait «dans le sens» d’un islamisme radical, en référence à la volonté d’une partie des dirigeants maliens de négocier avec les djihadistes. Mais en réalité, la question de l’avenir de la présence militaire française au Sahel était déjà posée avant le nouveau coup de force du colonel Assimi Goïta.
Avant même ce second coup d’État, la France comptait d’ores et déjà amorcer à partir de l’été un désengagement progressif de ses troupes engagées dans une opération coûteuse humainement et financièrement, moins d’un an avant l’élection présidentielle française, et à l’heure où les armées mobilisent des moyens grandissants face aux menaces de conflits de haute intensité.
Après avoir envisagé d’alléger l’empreinte militaire française au Sahel dès le début de l’année, Emmanuel Macron avait finalement renoncé en février à réduire «dans l’immédiat» les effectifs de la force Barkhane, tout en laissant la porte ouverte à une prochaine réduction de voilure, dont les plans devaient être actés en Conseil de défense courant juin.
«Par-delà la position de principe, on peut se demander si cette décision n’est pas une façon pour la France de mettre en récit le désengagement de Barkhane, dont chacun sait qu’il va se produire. En d’autres termes, le non-respect du processus démocratique n’est-il pas un prétexte pour réduire un dispositif dont les jours étaient comptés de toute façon ?», réagit auprès de l’AFP Elie Tenenbaum, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Lors du premier coup d’État, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, accusé de corruption et d’impuissance face à l’insécurité, avait été renversé après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales. Mais la junte s’était engagée à une transition vers un pouvoir civil dans les 18 mois. En mai, les militaires, mécontents d’une recomposition du gouvernement décidée suite à une contestation grandissante, ont arrêté le président et le Premier ministre. La Cour constitutionnelle a ensuite déclaré chef de l’État et président de transition le colonel Assimi Goïta, homme clé dans l’actuelle crise politique. (AFP)
«Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cédéao et par l’Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali», et «dans l’attente de ces garanties, la France (…) a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit», souligne le ministère français des Armées dans un communiqué transmis à l’AFP.
«Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes», conclut le ministère alors que le Mali, secoué par deux coups d’État en neuf mois, est un pays clé de la lutte anti-jihadiste au Sahel, dans laquelle la France est très impliquée.
Par cette décision, Paris manifeste sur le terrain sa condamnation du coup d’État, et tente d’appuyer les pressions de la communauté internationale sur les militaires putschistes du Mali pour obtenir un retour du pouvoir aux mains de civils à l’issue d’élections prévues courant 2022.
La France emboîte le pas aux États-Unis, dont le département d’État a suspendu dès la fin mai l’assistance aux forces de sécurité et de défense du Mali. La force française Barkhane, forte de 5100 militaires au Sahel, continuera d’opérer mais pour l’heure en solo, précise-t-on au ministère des Armées. En revanche, la force «Takuba» initiée par la France, composée d’unités de forces spéciales européennes et censée former l’armée malienne au combat face aux djihadistes, compte parmi les activités suspendues.
Désengagement déjà prévu
Il existe «un risque» que le nouveau coup de force au Mali dissuade des pays européens de rejoindre le front antijihadiste au Sahel, reconnaissait la semaine dernière une source diplomatique. La coopération avec les forces maliennes est un des piliers de l’action menée par la France dans ce pays, où elle maintient une présence ininterrompue depuis huit ans.
Le président français Emmanuel Macron avait averti dimanche que la France retirerait ses troupes si le Mali allait «dans le sens» d’un islamisme radical, en référence à la volonté d’une partie des dirigeants maliens de négocier avec les djihadistes. Mais en réalité, la question de l’avenir de la présence militaire française au Sahel était déjà posée avant le nouveau coup de force du colonel Assimi Goïta.
Avant même ce second coup d’État, la France comptait d’ores et déjà amorcer à partir de l’été un désengagement progressif de ses troupes engagées dans une opération coûteuse humainement et financièrement, moins d’un an avant l’élection présidentielle française, et à l’heure où les armées mobilisent des moyens grandissants face aux menaces de conflits de haute intensité.
Après avoir envisagé d’alléger l’empreinte militaire française au Sahel dès le début de l’année, Emmanuel Macron avait finalement renoncé en février à réduire «dans l’immédiat» les effectifs de la force Barkhane, tout en laissant la porte ouverte à une prochaine réduction de voilure, dont les plans devaient être actés en Conseil de défense courant juin.
«Par-delà la position de principe, on peut se demander si cette décision n’est pas une façon pour la France de mettre en récit le désengagement de Barkhane, dont chacun sait qu’il va se produire. En d’autres termes, le non-respect du processus démocratique n’est-il pas un prétexte pour réduire un dispositif dont les jours étaient comptés de toute façon ?», réagit auprès de l’AFP Elie Tenenbaum, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Lors du premier coup d’État, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, accusé de corruption et d’impuissance face à l’insécurité, avait été renversé après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales. Mais la junte s’était engagée à une transition vers un pouvoir civil dans les 18 mois. En mai, les militaires, mécontents d’une recomposition du gouvernement décidée suite à une contestation grandissante, ont arrêté le président et le Premier ministre. La Cour constitutionnelle a ensuite déclaré chef de l’État et président de transition le colonel Assimi Goïta, homme clé dans l’actuelle crise politique. (AFP)