Fermeté et dialogue du côté du président malien, appel à poursuivre la mobilisation chez ceux qui réclament sa démission: les positions sont figées au lendemain des troubles quasiment insurrectionnels dont Bamako portait les stigmates à son réveil samedi.
La capitale malienne a connu vendredi sa pire journée de turbulences civiles depuis des années, marquée par au moins deux morts selon un nouveau bilan et des attaques contre des symboles aussi éminents du pouvoir que le Parlement et la télévision nationale.
Ces événements aux lendemains imprévisibles ajoutent à la volatilité d’une situation qui alarme les alliés du Mali, inquiets d’un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au djihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a tenu dans la nuit un message de fermeté et de dialogue. Il maintiendra la sécurité «sans faiblesse aucune», mais il est prêt à faire tout ce qui est «en (son) pouvoir en vue d’apaiser la situation».
Contestation pas calmée
Depuis le début de la crise il y a quelques semaines, aucune de ses ouvertures n’a apaisé la contestation qui, au contraire, a pris sa tournure la plus violente vendredi.
La coalition hétéroclite de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile qui mène le mouvement a exhorté les Maliens, dans un communiqué, «à maintenir et à renforcer cette mobilisation jusqu’à l’atteinte de l’objectif qui est et demeure la démission» du président.
Ce mouvement dit du 5-Juin devrait préciser ses intentions lors d’une conférence de presse prévue samedi après-midi. Celle-ci risque d’avoir lieu sans deux de ses principaux chefs, Issa Kaou Djim et Clément Dembélé, interpellés vendredi soir selon la coalition.
Comme annoncé par avance, certains leaders ont explicitement donné le signal de la «désobéissance civile» vendredi, après le rassemblement de milliers de personnes réclamant la démission du chef de l’Etat.
Des foules d’hommes ont alors attaqué l'Assemblée nationale, saccagant et pillant des bureaux.
Ils s’en sont pris aussi au siège de la télévision nationale, qui a interrompu ses programmes.
«Le dégât matériel est considérable ici: six véhicules calcinés, sept véhicules dont les vitres ont été brisées. L’appareil de numérisation des archives volé (alors que c’était) un nouvel appareil, le serveur du journal télévisé et d’autres appareils endommagés», a dit samedi à l’AFP le directeur général de la radio-télévision, Salif Sanogo.
Washington préoccupé
Des membres des forces de sécurité ont ouvert le feu pour dégager l’Assemblée et la radio-télévision.
Les heurts ont fait deux morts et plus de 70 blessés, dont plusieurs graves, selon un nouveau bilan officiel hospitalier.
La télévision a depuis recommencé à émettre. Des dizaines d’hommes des forces de sécurité se trouvaient dans sa cour samedi.
L’Assemblée avait elle aussi été évacuée de tout manifestant samedi matin. Mais la capitale, relativement préservée des violences d’une autre nature qui endeuillent par ailleurs le nord ou le centre du Mali, affichait samedi matin les stigmates de cette poussée quasiment insurrectionnelle.
Les routes étaient couvertes de cailloux et parsemées des restes de barrages dressés la veille par les manifestants, ainsi que des carcasses calcinées des abris des policiers chargés du trafic.
Occupés tard dans la nuit, deux des trois ponts reliant les deux parties de la capitale par-dessus le fleuve Niger, axes cruciaux de circulation, ont été libérés. Mais les débris de la manifestation ont provoqué l’engorgement du pont des Martyrs. Des manifestations ont été rapportées dans d’autres villes du pays.
Troisième manif
Il s’agissait de la troisième manifestation depuis juin à l’appel de cette coalition qui canalise une multitude de mécontents dans l’un des pays les plus pauvres du monde: mécontentement contre la dégradation sécuritaire et l’incapacité à y faire face après des années de violence, le marasme économique, la défaillance des services de l’État, ou encore le discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption.
Les élections parlementaires de mars-avril et l’invalidation d’une trentaine de résultats par la Cour constitutionnelle, accusée de collusion avec le pouvoir, passent pour avoir cristallisé les colères.
«Les événements à Bamako sont préoccupants», a tweeté l’envoyé spécial américain pour le Sahel, Peter Pham, «tout changement extra-constitutionnel de gouvernement est hors de question». (AFP/NXP)
La capitale malienne a connu vendredi sa pire journée de turbulences civiles depuis des années, marquée par au moins deux morts selon un nouveau bilan et des attaques contre des symboles aussi éminents du pouvoir que le Parlement et la télévision nationale.
Ces événements aux lendemains imprévisibles ajoutent à la volatilité d’une situation qui alarme les alliés du Mali, inquiets d’un élément déstabilisateur de plus dans un pays confronté au djihadisme et à une série de défis majeurs, dans une région elle-même tourmentée.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a tenu dans la nuit un message de fermeté et de dialogue. Il maintiendra la sécurité «sans faiblesse aucune», mais il est prêt à faire tout ce qui est «en (son) pouvoir en vue d’apaiser la situation».
Contestation pas calmée
Depuis le début de la crise il y a quelques semaines, aucune de ses ouvertures n’a apaisé la contestation qui, au contraire, a pris sa tournure la plus violente vendredi.
La coalition hétéroclite de chefs religieux et de personnalités du monde politique et de la société civile qui mène le mouvement a exhorté les Maliens, dans un communiqué, «à maintenir et à renforcer cette mobilisation jusqu’à l’atteinte de l’objectif qui est et demeure la démission» du président.
Ce mouvement dit du 5-Juin devrait préciser ses intentions lors d’une conférence de presse prévue samedi après-midi. Celle-ci risque d’avoir lieu sans deux de ses principaux chefs, Issa Kaou Djim et Clément Dembélé, interpellés vendredi soir selon la coalition.
Comme annoncé par avance, certains leaders ont explicitement donné le signal de la «désobéissance civile» vendredi, après le rassemblement de milliers de personnes réclamant la démission du chef de l’Etat.
Des foules d’hommes ont alors attaqué l'Assemblée nationale, saccagant et pillant des bureaux.
Ils s’en sont pris aussi au siège de la télévision nationale, qui a interrompu ses programmes.
«Le dégât matériel est considérable ici: six véhicules calcinés, sept véhicules dont les vitres ont été brisées. L’appareil de numérisation des archives volé (alors que c’était) un nouvel appareil, le serveur du journal télévisé et d’autres appareils endommagés», a dit samedi à l’AFP le directeur général de la radio-télévision, Salif Sanogo.
Washington préoccupé
Des membres des forces de sécurité ont ouvert le feu pour dégager l’Assemblée et la radio-télévision.
Les heurts ont fait deux morts et plus de 70 blessés, dont plusieurs graves, selon un nouveau bilan officiel hospitalier.
La télévision a depuis recommencé à émettre. Des dizaines d’hommes des forces de sécurité se trouvaient dans sa cour samedi.
L’Assemblée avait elle aussi été évacuée de tout manifestant samedi matin. Mais la capitale, relativement préservée des violences d’une autre nature qui endeuillent par ailleurs le nord ou le centre du Mali, affichait samedi matin les stigmates de cette poussée quasiment insurrectionnelle.
Les routes étaient couvertes de cailloux et parsemées des restes de barrages dressés la veille par les manifestants, ainsi que des carcasses calcinées des abris des policiers chargés du trafic.
Occupés tard dans la nuit, deux des trois ponts reliant les deux parties de la capitale par-dessus le fleuve Niger, axes cruciaux de circulation, ont été libérés. Mais les débris de la manifestation ont provoqué l’engorgement du pont des Martyrs. Des manifestations ont été rapportées dans d’autres villes du pays.
Troisième manif
Il s’agissait de la troisième manifestation depuis juin à l’appel de cette coalition qui canalise une multitude de mécontents dans l’un des pays les plus pauvres du monde: mécontentement contre la dégradation sécuritaire et l’incapacité à y faire face après des années de violence, le marasme économique, la défaillance des services de l’État, ou encore le discrédit répandu d’institutions suspectes de corruption.
Les élections parlementaires de mars-avril et l’invalidation d’une trentaine de résultats par la Cour constitutionnelle, accusée de collusion avec le pouvoir, passent pour avoir cristallisé les colères.
«Les événements à Bamako sont préoccupants», a tweeté l’envoyé spécial américain pour le Sahel, Peter Pham, «tout changement extra-constitutionnel de gouvernement est hors de question». (AFP/NXP)