Le groupe espagnol Mediapro, détenu depuis peu par un fonds chinois, a renforcé son statut de poids lourd européen des contenus sportifs en raflant les droits de la Ligue 1, illustrant l'intérêt des Chinois pour les aspects les plus rentables du football européen.
Après des enchères d'un montant total de 1,15 milliard d'euros, Mediapro a mis mardi la main sur les meilleures affiches du championnat français, au nez et à la barbe de Canal+ qui les retransmettait depuis 1984.
Confirmant des déclarations de la Ligue de football professionnel (LFP) française, la filiale française du groupe a indiqué mercredi soir qu'elle allait proposer une nouvelle chaîne, avec "une programmation ininterrompue 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24".
Avec 6.600 employés et un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en 2017, Mediapro est l'un des poids lourds en matière de contenus sportifs en Europe.
Il détient une grande partie des droits de la Liga espagnole ainsi que les droits de diffusion des principaux championnats internationaux en Espagne. Il est aussi présent dans le basket (Euroleague) ou la Formule 1.
Ce n'est pas la première fois que Mediapro et Canal+ se retrouvent en confrontation. Entre 2006 et 2013, une "guerre du foot" avait opposé en Espagne le groupe espagnol et la société Sogecable (détentrice du bouquet payant Canal+), qui dominait historiquement le marché de la retransmission du championnat espagnol.
Mediapro s'était mis à négocier en direct avec les clubs le droit de diffuser leurs matches, déclenchant une guerre de tranchées juridique et commerciale avec son concurrent à l'issue de laquelle il a finalement pris le dessus.
- Fondé par un ancien trotskiste -
Mais la société basée à Barcelone ne se limite pas au sport: elle produit aussi des films, dont certains de Woody Allen, des documentaires et des séries télévisées.
Son fondateur, Jaume Roures, ancien trotskiste réputé proche des indépendantistes catalans, est l'une des figures les plus influentes de l'audiovisuel espagnol.
Mais pourquoi cet intérêt soudain pour la Ligue 1 française ?
L'offensive doit se comprendre dans le contexte de l'entrée au capital en février du fonds chinois Orient Hontai Capital, devenu actionnaire majoritaire de Mediapro avec 53,5%, souligne Carlos Canto, professeur d'économie du sport à l'école de commerce ESADE de Barcelone. Le fonds avait investi auparavant dans le domaine des jeux vidéo et de la publicité en ligne aux Etats-Unis.
"L'intérêt pour le football français et la Ligue 1 est croissant", notamment en Chine, "grâce aux équipes comme le PSG, l'Olympique lyonnais ou l'Olympique de Marseille, et évidemment à l'arrivée de grands joueurs comme Neymar", l'attaquant brésilien transféré à Paris l'an dernier pour 222 millions d'euros, explique-t-il.
Signe de l'intérêt du marché asiatique pour le football français, un match PSG-Nice a été programmé un dimanche à 13H00 en mars dernier, horaire inhabituel en France mais de grande écoute en Chine.
Et l'opération de Mediapro s'inscrit dans une tendance lourde d'arrivée d'investisseurs chinois dans l'univers du football et dans le secteur des médias.
Pékin a désigné en 2014 le sport, et en particulier le football, comme domaine prioritaire pour accroître le rayonnement mondial de la Chine. Des investisseurs chinois ont depuis racheté l'AC Milan de Silvio Berlusconi, pris le contrôle de l'OGC Nice ou une part de Manchester City.
- Déboires en Italie -
"Mais depuis 2017, ils ont mis un frein à ces investissements, qui ont provoqué des fuites de capitaux et n'ont pas toujours généré le retour sur investissement prévu", explique à l'AFP l'économiste Ivana Casaburi, spécialiste des investissements chinois en Europe.
Les seules opérations désormais autorisées par Pékin sont celles considérées comme ayant un haut potentiel de rentabilité et le rachat de Mediapro par le fonds Orient Hontai Capital en fait partie, explique l'experte.
La stratégie d'expansion de Mediapro ne va toutefois pas sans déboires. La justice italienne vient de suspendre l'attribution des droits de la Serie A, le championnat italien, remportés en février par la société espagnole pour 1 milliard d'euros.
Mediapro est accusé par le groupe Sky, l'un des diffuseurs actuels du championnat italien, de n'avoir pas respecté les règles de la concurrence. En attendant la conclusion de l'affaire, les téléspectateurs italiens ne savent pas où et quand ils pourront voir les matches de la saison prochaine, qui débute le 18 août.
Après des enchères d'un montant total de 1,15 milliard d'euros, Mediapro a mis mardi la main sur les meilleures affiches du championnat français, au nez et à la barbe de Canal+ qui les retransmettait depuis 1984.
Confirmant des déclarations de la Ligue de football professionnel (LFP) française, la filiale française du groupe a indiqué mercredi soir qu'elle allait proposer une nouvelle chaîne, avec "une programmation ininterrompue 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24".
Avec 6.600 employés et un chiffre d'affaires de 1,6 milliard d'euros en 2017, Mediapro est l'un des poids lourds en matière de contenus sportifs en Europe.
Il détient une grande partie des droits de la Liga espagnole ainsi que les droits de diffusion des principaux championnats internationaux en Espagne. Il est aussi présent dans le basket (Euroleague) ou la Formule 1.
Ce n'est pas la première fois que Mediapro et Canal+ se retrouvent en confrontation. Entre 2006 et 2013, une "guerre du foot" avait opposé en Espagne le groupe espagnol et la société Sogecable (détentrice du bouquet payant Canal+), qui dominait historiquement le marché de la retransmission du championnat espagnol.
Mediapro s'était mis à négocier en direct avec les clubs le droit de diffuser leurs matches, déclenchant une guerre de tranchées juridique et commerciale avec son concurrent à l'issue de laquelle il a finalement pris le dessus.
- Fondé par un ancien trotskiste -
Mais la société basée à Barcelone ne se limite pas au sport: elle produit aussi des films, dont certains de Woody Allen, des documentaires et des séries télévisées.
Son fondateur, Jaume Roures, ancien trotskiste réputé proche des indépendantistes catalans, est l'une des figures les plus influentes de l'audiovisuel espagnol.
Mais pourquoi cet intérêt soudain pour la Ligue 1 française ?
L'offensive doit se comprendre dans le contexte de l'entrée au capital en février du fonds chinois Orient Hontai Capital, devenu actionnaire majoritaire de Mediapro avec 53,5%, souligne Carlos Canto, professeur d'économie du sport à l'école de commerce ESADE de Barcelone. Le fonds avait investi auparavant dans le domaine des jeux vidéo et de la publicité en ligne aux Etats-Unis.
"L'intérêt pour le football français et la Ligue 1 est croissant", notamment en Chine, "grâce aux équipes comme le PSG, l'Olympique lyonnais ou l'Olympique de Marseille, et évidemment à l'arrivée de grands joueurs comme Neymar", l'attaquant brésilien transféré à Paris l'an dernier pour 222 millions d'euros, explique-t-il.
Signe de l'intérêt du marché asiatique pour le football français, un match PSG-Nice a été programmé un dimanche à 13H00 en mars dernier, horaire inhabituel en France mais de grande écoute en Chine.
Et l'opération de Mediapro s'inscrit dans une tendance lourde d'arrivée d'investisseurs chinois dans l'univers du football et dans le secteur des médias.
Pékin a désigné en 2014 le sport, et en particulier le football, comme domaine prioritaire pour accroître le rayonnement mondial de la Chine. Des investisseurs chinois ont depuis racheté l'AC Milan de Silvio Berlusconi, pris le contrôle de l'OGC Nice ou une part de Manchester City.
- Déboires en Italie -
"Mais depuis 2017, ils ont mis un frein à ces investissements, qui ont provoqué des fuites de capitaux et n'ont pas toujours généré le retour sur investissement prévu", explique à l'AFP l'économiste Ivana Casaburi, spécialiste des investissements chinois en Europe.
Les seules opérations désormais autorisées par Pékin sont celles considérées comme ayant un haut potentiel de rentabilité et le rachat de Mediapro par le fonds Orient Hontai Capital en fait partie, explique l'experte.
La stratégie d'expansion de Mediapro ne va toutefois pas sans déboires. La justice italienne vient de suspendre l'attribution des droits de la Serie A, le championnat italien, remportés en février par la société espagnole pour 1 milliard d'euros.
Mediapro est accusé par le groupe Sky, l'un des diffuseurs actuels du championnat italien, de n'avoir pas respecté les règles de la concurrence. En attendant la conclusion de l'affaire, les téléspectateurs italiens ne savent pas où et quand ils pourront voir les matches de la saison prochaine, qui débute le 18 août.