Par Adama Gaye
Ce devait être un bonus ; ce n’est plus qu’un piège : des usurpateurs ont pris en otage l’espoir démocratique africain…
L’élection présidentielle qui vient de se tenir au Gabon est un bon prétexte pour reparler d’un phénomène dont l’Afrique attendait des miracles mais qui semble ne donner que le tournis aux peuples et pays, ses grands perdants, pendant qu’il se révèle en caverne d’Ali Baba pour les voleurs qui se gavent sans retenue sur ses Etats, vampirisés, avec la bénédiction d’un électoralisme ouvre-tout!
Tout est pourtant rose, au commencement, quand la démocratie s’impose partout comme le paradigme dominant en matière politique. C’est alors le résultat de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, annonçant la fin de la bipolarisation idéologique du monde entre camp communiste, entrain de couler, et celui du capitalisme, si triomphaliste que l’universitaire américain, Francis Fukuyama, croyait y voir la fin de…l’histoire.
Fukuyama m’a lui-même expliqué ce qu’il entendait par sa formule, à savoir que la démocratie libérale était devenue l’Everest des idéologies politiques. Ce qu’il n’avait pas vu, c’est qu’au lieu d’une finitude de l’histoire, l’ère dans laquelle nous entrions coïncidait avec le basculement du monde vers l’intensification des échanges en termes de mouvements des personnes, biens, services et...crimes.
La mondialisation émergente n’a pas attendu longtemps pour convoyer sur les rives africaines les vents de l’Est Européen. Mais l’Afrique avait déjà pris le train en marche avant même qu’en Juin 1990, l’opportuniste François Mitterrand, alors président de la France ne profite du Sommet Franco-africain de la Baule, pour l'encourager à adopter les principes démocratiques en échange d’une augmentation de l’aide publique au développement. La conférence nationale du Bénin, quelques mois plus tôt, les revendications qui font trembler des régimes assis sur des certitudes monocratiques et l’explosion d’une presse avide de se sortir de l’information univoque, étaient autant d’indicateurs avant la…Baule.
On imaginait l’harmattan démocratique capable de transformer en avantages comparatifs construits les atouts longtemps laissés en jachère sur une terre africaine où le leadership politique n’avait même pas craint de cambrioler la thèse de l’union sacrée des ethnies et des partis au nom de ce qu’il appelait hypocritement intérêt national.
Le renouveau démocratique a semblé entraîner de profonds changements. Ils le furent sur le papier : pluralisme politique ; constitutions révisées pour réduire l’omnipotence du présidentialisme; et élections à tour de bras. A l’épreuve du réel, la démocratisation s’est cependant soldée par un tas de ruines, en commençant par notre pays.
Elle a fait sauter certains fondements essentiels de l’Etat administratif, efficace, et équidistant au service de tous les citoyens. Avez-vous une carte d’identité ou d’électeur à renouveler ? Un investissement utile au pays ? Une ambition de réussir à un concours d’Etat ? Naguère, l’individu, même venu du village le plus démuni, partait à égalité de chances face aux plus privilégiés de la société.
Dans le passé on voulait devenir milliardaire ? C’était possible. A la condition de suer sang et eau. Ndiouga Kébé et Djily Mbaye ont incarné ce capitalisme débrouillard. Désormais, il suffit d’être sous la coupe d’un grand chef religieux, d’être ethniquement marqué, d’être encarté, de suivre la direction des vents politiques, d’être prêt à vendre son âme, pour faire main-basse sur les marchés et biens de l’Etat.
Il n’est pas étonnant dans ces conditions de surprendre les pires opportunistes ayant servi tous les régimes se retrouver dans tel café dakarois pour jouer aux défenseurs du pouvoir de l’heure ou de croiser dans la nature des individus qui se proclamaient militants patriotiques de gauche ayant troqué leurs convictions pour devenir des collabos du viol de l’Etat…Ne parlons pas de la médiocrité des acteurs politiques légitimés par ce qui n’est plus qu’une démocratie piratée.
Bouchons-nous le nez pour ne pas être emportés par le souffre des scandales qu’elle permet : Contan, Bictogo, pétrole ‘familialisé’, institutions parlementaires inutiles, contrats publics donnés aux copains, moyennant commissions, biens publics peints aux couleurs politiques partisanes, élite éthique à l’écart, bavards incapables en avant, recolonisation consentie, incarnent, entre autres, les méfaits du cauchemar qu’elle est devenue.
La médiocrité vénale triomphe. Comment s’étonner alors que la stratégie d’un homme, une voix, «UNE FOIS» soit désormais l’obsession des assassins de la démocratie signataires de la fin de son…histoire après s’en être servis comme d’une rampe!
*Je dédie cette chronique à mon promotionnaire, Momar Kébé Ndiaye, décédé récemment, en souvenir de nos discussions animées sur les questions africaines et nationales.
Ce devait être un bonus ; ce n’est plus qu’un piège : des usurpateurs ont pris en otage l’espoir démocratique africain…
L’élection présidentielle qui vient de se tenir au Gabon est un bon prétexte pour reparler d’un phénomène dont l’Afrique attendait des miracles mais qui semble ne donner que le tournis aux peuples et pays, ses grands perdants, pendant qu’il se révèle en caverne d’Ali Baba pour les voleurs qui se gavent sans retenue sur ses Etats, vampirisés, avec la bénédiction d’un électoralisme ouvre-tout!
Tout est pourtant rose, au commencement, quand la démocratie s’impose partout comme le paradigme dominant en matière politique. C’est alors le résultat de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, annonçant la fin de la bipolarisation idéologique du monde entre camp communiste, entrain de couler, et celui du capitalisme, si triomphaliste que l’universitaire américain, Francis Fukuyama, croyait y voir la fin de…l’histoire.
Fukuyama m’a lui-même expliqué ce qu’il entendait par sa formule, à savoir que la démocratie libérale était devenue l’Everest des idéologies politiques. Ce qu’il n’avait pas vu, c’est qu’au lieu d’une finitude de l’histoire, l’ère dans laquelle nous entrions coïncidait avec le basculement du monde vers l’intensification des échanges en termes de mouvements des personnes, biens, services et...crimes.
La mondialisation émergente n’a pas attendu longtemps pour convoyer sur les rives africaines les vents de l’Est Européen. Mais l’Afrique avait déjà pris le train en marche avant même qu’en Juin 1990, l’opportuniste François Mitterrand, alors président de la France ne profite du Sommet Franco-africain de la Baule, pour l'encourager à adopter les principes démocratiques en échange d’une augmentation de l’aide publique au développement. La conférence nationale du Bénin, quelques mois plus tôt, les revendications qui font trembler des régimes assis sur des certitudes monocratiques et l’explosion d’une presse avide de se sortir de l’information univoque, étaient autant d’indicateurs avant la…Baule.
On imaginait l’harmattan démocratique capable de transformer en avantages comparatifs construits les atouts longtemps laissés en jachère sur une terre africaine où le leadership politique n’avait même pas craint de cambrioler la thèse de l’union sacrée des ethnies et des partis au nom de ce qu’il appelait hypocritement intérêt national.
Le renouveau démocratique a semblé entraîner de profonds changements. Ils le furent sur le papier : pluralisme politique ; constitutions révisées pour réduire l’omnipotence du présidentialisme; et élections à tour de bras. A l’épreuve du réel, la démocratisation s’est cependant soldée par un tas de ruines, en commençant par notre pays.
Elle a fait sauter certains fondements essentiels de l’Etat administratif, efficace, et équidistant au service de tous les citoyens. Avez-vous une carte d’identité ou d’électeur à renouveler ? Un investissement utile au pays ? Une ambition de réussir à un concours d’Etat ? Naguère, l’individu, même venu du village le plus démuni, partait à égalité de chances face aux plus privilégiés de la société.
Dans le passé on voulait devenir milliardaire ? C’était possible. A la condition de suer sang et eau. Ndiouga Kébé et Djily Mbaye ont incarné ce capitalisme débrouillard. Désormais, il suffit d’être sous la coupe d’un grand chef religieux, d’être ethniquement marqué, d’être encarté, de suivre la direction des vents politiques, d’être prêt à vendre son âme, pour faire main-basse sur les marchés et biens de l’Etat.
Il n’est pas étonnant dans ces conditions de surprendre les pires opportunistes ayant servi tous les régimes se retrouver dans tel café dakarois pour jouer aux défenseurs du pouvoir de l’heure ou de croiser dans la nature des individus qui se proclamaient militants patriotiques de gauche ayant troqué leurs convictions pour devenir des collabos du viol de l’Etat…Ne parlons pas de la médiocrité des acteurs politiques légitimés par ce qui n’est plus qu’une démocratie piratée.
Bouchons-nous le nez pour ne pas être emportés par le souffre des scandales qu’elle permet : Contan, Bictogo, pétrole ‘familialisé’, institutions parlementaires inutiles, contrats publics donnés aux copains, moyennant commissions, biens publics peints aux couleurs politiques partisanes, élite éthique à l’écart, bavards incapables en avant, recolonisation consentie, incarnent, entre autres, les méfaits du cauchemar qu’elle est devenue.
La médiocrité vénale triomphe. Comment s’étonner alors que la stratégie d’un homme, une voix, «UNE FOIS» soit désormais l’obsession des assassins de la démocratie signataires de la fin de son…histoire après s’en être servis comme d’une rampe!
*Je dédie cette chronique à mon promotionnaire, Momar Kébé Ndiaye, décédé récemment, en souvenir de nos discussions animées sur les questions africaines et nationales.