« On ne va pas mendier sa liberté aux autres. La liberté, il faut la prendre ». Ignazio Silone/ Le pain et le vin.
L’émission hebdomadaire de la 2stv « Le grand rendez » du 20 janvier 2017 a posé avec acuité la question de la liberté d’expression au pays de la Teranga. Suite à un exposé détaillé de la situation esclavagiste en République islamique de Mauritanie fait par un ancien gouverneur, le chroniqueur monsieur Tounkara a formulé une série de mesures certes courageuses mais par endroit (la lutte armée par exemple) maladroites et parfois improductives que les militants abolitionnistes doivent mettre en œuvre pour venir à bout de ce phénomène dégradant et contraire au respect des libertés publiques et des droits inaliénables d’un être humain.
Cette émission a permis à beaucoup de téléspectateurs sénégalais de constater avec effroi la soumission et l'humiliation quotidienne d’un million de citoyens noirs à une population blanche esclavagiste sous le regard complaisant du pouvoir mauritanien. La réaction du secrétaire d’Etat à la communication, monsieur Yakham Mbaye, me semble disproportionnée à plusieurs niveaux.
Dans cette affaire, monsieur Yakham Mbaye, par excès de zèle, porte un combat qui ne l'honore point. L’exercice des libertés publiques implique une confrontation d'idées. C’est dans ce cadre que les propos de monsieur Tounkara ont été formulés. On peut certes les regretter parce qu’ils dénaturent la portée réelle de sa position sur l’esclavagisme en Mauritanie. Monsieur Tounkara s'offusque du fait que les droits de certains citoyens mauritaniens sont niés et bafoués par une oligarchie arabe sous le regard complice et approbateur du pouvoir de Nouakchott. Il insiste sur le fait que les citoyens victimes de cet asservissement sordide doivent se révolter et arrêter de s'apitoyer sur leur sort.
En effet, la liberté ne se donne pas de facto comme on donne du pain à un enfant affamé ou de secourir un homme en danger, elle se conquiert. Les puissants de tous temps ont toujours essayé d'aliéner la liberté du peuple ou de l’instrumentaliser en leurs faveurs. En somme, le chroniqueur Tounkara dans ce cas de figure, milite en faveur de la désobéissance civile, qui peut être assimilée à une forme de résistance contre l'oppression.
Monsieur Yakham Mbaye doit permettre à d’autres citoyens qui ne partagent pas ses positions de pouvoir les dire sans crainte, ni pression et représailles. Il semble oublier qu’il exerçait dans un passé récent sa liberté critique sur les dérives du régime de Macky Sall. Il a maintenant choisi son camp en exprimant et en défendant ouvertement la position du gouvernement sénégalais sur l’esclavagisme en Mauritanie. Le gouvernement sénégalais semble se satisfaire du statu quo social qui sévit en Mauritanie en dépit de l'extrême urgence de mettre fin de manière définitive à la déshumanisation d’une frange de sa population noire. Dans sa correspondance à la 2STV, monsieur Yakham Mbaye se contente de fustiger les propos de monsieur Tounkara afin de ne pas heurter le pouvoir de Nouakchott, mais se prive de condamner l’esclavagisme, qui est au demeurant bien réel chez nos voisins mauritaniens.
Je souhaiterais être édifié sur les compétences et les attributions de monsieur Yakham Mbaye au sein du gouvernement pour s'autoriser cette sortie en menaçant de fermeture la 2STV. Toutefois, si la 2STV a commis une faute dans l’exercice de ses missions en rapport avec un cahier de charges, est-ce qu’il appartient à monsieur Yakham Mbaye de sanctionner à la place du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) ? Le secrétaire d’Etat n’a-t-il pas été éléguidé par les autorités de la République pour mener cette charge contre la 2STV ? Que dire du silence de ces mêmes autorités qui n’ont pas daigné le rappeler à l’ordre et lui signifier de ne pas empiéter sur les attributions d’autres institutions ?
Malgré l’appel regrettable de monsieur Tounkara à la lutte armée pour se défaire de l'esclavagisme, pourquoi les autorités de la République ferment les yeux sur la vie humiliante et indigne de Mauritaniens noirs ? Pourquoi le Sénégal prend-il une décision historique en portant le combat de refus et de dénonciation de la politique israélienne en Palestine à l’Organisation des Nations Unies (Onu) et se tait ensuite sur le tableau sinistre de l'esclavagisme aux portes de sa frontière avec la Mauritanie ? De quoi nos autorités auraient-elles peur pour ne pas s'insurger contre l'inacceptable ? Pourquoi veulent-elles briser l'élan patriotique des citoyens qui s'efforcent dans leurs différentes activités de porter le Sénégal vers le haut ? Pourquoi ne respectent-elles pas les règles de procédure en matière administrative ? Est-ce que pour le moindre manquement à un cahier de charges ou à la déontologie professionnelle, la sanction appropriée prévue est la radiation ou la fermeture ? Où sont passées entre temps les mesures transitoires en matière de sanction ? Est-ce une manière sournoise d’intimider les citoyens sénégalais de ne pas participer au débat démocratique ? Pourquoi ces menaces répétitives à peine voilées des autorités de la République contre l'exercice libre et sans contrainte des libertés publiques ? Nos autorités doivent savoir raison garder.
Le combat citoyen pour un exercice effectif des libertés publiques doit être l’affaire de tous les citoyens sénégalais et pas seulement des organisations des droits de l’homme ou de la société civile. Les menaces de monsieur Yakham Mbaye sont extrêmement graves. Nous devons refuser que les autorités de la République voire les politiciens professionnels nous privent de l’exercice de nos droits garantis par la Constitution. Nous devons accepter que les personnes qui ne partagent pas nos opinions puissent dire et défendre leurs positions sans crainte de menaces voire de représailles. Nous devons tous également accepter que la vie en République exige le respect d’un certain nombre de principes fondamentaux : liberté de pensée, de mouvement, d’expression, le refus de la servitude, etc.
Les citoyens sénégalais ont l’obligation morale de refuser l'asservissement et l'indignité au sein de la société et partout ailleurs dans le monde. La liberté a un prix que n’importe quel individu doit être en mesure de payer pour mériter de vivre sereinement et dignement dans la communauté des citoyens. Hors de la liberté, les forces du mal assujettissent la vie et la volonté des catégories sociales les plus vulnérables.
massambandiaye2012@gmail.com
L’émission hebdomadaire de la 2stv « Le grand rendez » du 20 janvier 2017 a posé avec acuité la question de la liberté d’expression au pays de la Teranga. Suite à un exposé détaillé de la situation esclavagiste en République islamique de Mauritanie fait par un ancien gouverneur, le chroniqueur monsieur Tounkara a formulé une série de mesures certes courageuses mais par endroit (la lutte armée par exemple) maladroites et parfois improductives que les militants abolitionnistes doivent mettre en œuvre pour venir à bout de ce phénomène dégradant et contraire au respect des libertés publiques et des droits inaliénables d’un être humain.
Cette émission a permis à beaucoup de téléspectateurs sénégalais de constater avec effroi la soumission et l'humiliation quotidienne d’un million de citoyens noirs à une population blanche esclavagiste sous le regard complaisant du pouvoir mauritanien. La réaction du secrétaire d’Etat à la communication, monsieur Yakham Mbaye, me semble disproportionnée à plusieurs niveaux.
Dans cette affaire, monsieur Yakham Mbaye, par excès de zèle, porte un combat qui ne l'honore point. L’exercice des libertés publiques implique une confrontation d'idées. C’est dans ce cadre que les propos de monsieur Tounkara ont été formulés. On peut certes les regretter parce qu’ils dénaturent la portée réelle de sa position sur l’esclavagisme en Mauritanie. Monsieur Tounkara s'offusque du fait que les droits de certains citoyens mauritaniens sont niés et bafoués par une oligarchie arabe sous le regard complice et approbateur du pouvoir de Nouakchott. Il insiste sur le fait que les citoyens victimes de cet asservissement sordide doivent se révolter et arrêter de s'apitoyer sur leur sort.
En effet, la liberté ne se donne pas de facto comme on donne du pain à un enfant affamé ou de secourir un homme en danger, elle se conquiert. Les puissants de tous temps ont toujours essayé d'aliéner la liberté du peuple ou de l’instrumentaliser en leurs faveurs. En somme, le chroniqueur Tounkara dans ce cas de figure, milite en faveur de la désobéissance civile, qui peut être assimilée à une forme de résistance contre l'oppression.
Monsieur Yakham Mbaye doit permettre à d’autres citoyens qui ne partagent pas ses positions de pouvoir les dire sans crainte, ni pression et représailles. Il semble oublier qu’il exerçait dans un passé récent sa liberté critique sur les dérives du régime de Macky Sall. Il a maintenant choisi son camp en exprimant et en défendant ouvertement la position du gouvernement sénégalais sur l’esclavagisme en Mauritanie. Le gouvernement sénégalais semble se satisfaire du statu quo social qui sévit en Mauritanie en dépit de l'extrême urgence de mettre fin de manière définitive à la déshumanisation d’une frange de sa population noire. Dans sa correspondance à la 2STV, monsieur Yakham Mbaye se contente de fustiger les propos de monsieur Tounkara afin de ne pas heurter le pouvoir de Nouakchott, mais se prive de condamner l’esclavagisme, qui est au demeurant bien réel chez nos voisins mauritaniens.
Je souhaiterais être édifié sur les compétences et les attributions de monsieur Yakham Mbaye au sein du gouvernement pour s'autoriser cette sortie en menaçant de fermeture la 2STV. Toutefois, si la 2STV a commis une faute dans l’exercice de ses missions en rapport avec un cahier de charges, est-ce qu’il appartient à monsieur Yakham Mbaye de sanctionner à la place du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) ? Le secrétaire d’Etat n’a-t-il pas été éléguidé par les autorités de la République pour mener cette charge contre la 2STV ? Que dire du silence de ces mêmes autorités qui n’ont pas daigné le rappeler à l’ordre et lui signifier de ne pas empiéter sur les attributions d’autres institutions ?
Malgré l’appel regrettable de monsieur Tounkara à la lutte armée pour se défaire de l'esclavagisme, pourquoi les autorités de la République ferment les yeux sur la vie humiliante et indigne de Mauritaniens noirs ? Pourquoi le Sénégal prend-il une décision historique en portant le combat de refus et de dénonciation de la politique israélienne en Palestine à l’Organisation des Nations Unies (Onu) et se tait ensuite sur le tableau sinistre de l'esclavagisme aux portes de sa frontière avec la Mauritanie ? De quoi nos autorités auraient-elles peur pour ne pas s'insurger contre l'inacceptable ? Pourquoi veulent-elles briser l'élan patriotique des citoyens qui s'efforcent dans leurs différentes activités de porter le Sénégal vers le haut ? Pourquoi ne respectent-elles pas les règles de procédure en matière administrative ? Est-ce que pour le moindre manquement à un cahier de charges ou à la déontologie professionnelle, la sanction appropriée prévue est la radiation ou la fermeture ? Où sont passées entre temps les mesures transitoires en matière de sanction ? Est-ce une manière sournoise d’intimider les citoyens sénégalais de ne pas participer au débat démocratique ? Pourquoi ces menaces répétitives à peine voilées des autorités de la République contre l'exercice libre et sans contrainte des libertés publiques ? Nos autorités doivent savoir raison garder.
Le combat citoyen pour un exercice effectif des libertés publiques doit être l’affaire de tous les citoyens sénégalais et pas seulement des organisations des droits de l’homme ou de la société civile. Les menaces de monsieur Yakham Mbaye sont extrêmement graves. Nous devons refuser que les autorités de la République voire les politiciens professionnels nous privent de l’exercice de nos droits garantis par la Constitution. Nous devons accepter que les personnes qui ne partagent pas nos opinions puissent dire et défendre leurs positions sans crainte de menaces voire de représailles. Nous devons tous également accepter que la vie en République exige le respect d’un certain nombre de principes fondamentaux : liberté de pensée, de mouvement, d’expression, le refus de la servitude, etc.
Les citoyens sénégalais ont l’obligation morale de refuser l'asservissement et l'indignité au sein de la société et partout ailleurs dans le monde. La liberté a un prix que n’importe quel individu doit être en mesure de payer pour mériter de vivre sereinement et dignement dans la communauté des citoyens. Hors de la liberté, les forces du mal assujettissent la vie et la volonté des catégories sociales les plus vulnérables.
massambandiaye2012@gmail.com