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Meurtre de deux experts de l'ONU: la RDC présente une vidéo

Lundi 24 Avril 2017

Meurtre de deux experts de l'ONU: la RDC présente une vidéo
Les autorités congolaises ont présenté lundi à la presse une vidéo montrant ce qu'elles affirment être l'assassinat de deux experts de l'ONU tués en mars au Kasaï-central, dans le centre de la République démocratique du Congo.

La vidéo d'environ deux minutes montre un homme et une femme blancs, qui correspondent au signalement des deux experts de l'ONU, Michael Sharp (Américain) et Zaida Catalan (de double nationalité suédoise et chilienne) entourés par sept personnes parlant tshiluba, la langue dominante au Kasaï, coiffés de bandeaux rouges et armés de machettes, de bâtons, et pour l'un d'un fusil hors d'âge.
 
Le colonel Pierre-Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police congolaise, a déclaré à la presse que les autorités avaient mis la main sur cette vidéo "grâce à la perspicacité de la police scientifique", sans plus de détails.

Par le biais d'un interprète hors champ, les hommes en armes promettent d'indiquer l'emplacement de fosses communes dans la brousse. Apparemment inquiet, l'homme blanc demande à l'interprète, dans un français avec un fort accent anglophone : "Pourquoi sont-ils armés et nerveux ?"

Rapidement, les deux étrangers sont contraints à s'asseoir par terre. Un coup de feu tiré par une arme hors champ part atteint l'homme à la poitrine. Une voix ordonne en français : "Tirez !" La femme se jette vers l'homme comme pour le protéger mais une balle l'atteint dans le dos. La voix hurle : "Tirez !" Trois autres coups partent.
 
La même voix hors champ ordonne alors en tshiluba : "Ne gaspillez plus les munitions, coupez la tête. Coupe d'abord les cheveux qui vont renforcer mon pouvoir". On voit alors un adolescent lui couper la tête.

"Voici comment opèrent les hommes de Kamwina Nsapu", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, affirmant que l'assassinat montrait "l??uvre [de] terroristes qu'il faut éradiquer par tous les moyens".

Élections compromises
"Grâce au génie de la justice militaire et de la police scientifique, certaines personnes vues sur ces images ont été arrêtées", a déclaré M. Mende, ajoutant que "d'autres courent encore".
 
"Ces atrocités commises dans le Kasaï, particulièrement les attaques contre les agents de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sont de nature à compromettre la tenue des élections à bonne date", a dit M. Mende alors que la RDC traverse un grave crise politique liée au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila.

Âgé de 45 ans, M. Kabila est à la tête de la RDC depuis 2001. Son mandat s'est achevé en décembre et la Constitution lui interdit de se représenter. Un accord de sortie de crise signé le 31 décembre prévoit la tenue d'une présidentielle avant la fin de l'année, mais sa mise en ?uvre tarde et le respect de cette échéance apparaît chaque jour plus hypothétique.

Le Kasaï-central et trois autres provinces voisines sont en proie à des violences mêlant miliciens, policiers et soldats et ayant fait des centaines de morts au minimum depuis septembre après le soulèvement de partisans d'un chef coutumier local, Kamwina Nsapu, tué en août par les forces de l'ordre après s'être rebellé contre les autorités congolaises.

L'ONU y a dénombré 40 fosses communes. Elle accuse les rebelles de recruter des enfants et d'avoir commis de nombreuses atrocités. En face, les forces de l'ordre se voient reprocher par l'ONU de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.

Début avril, le parquet militaire a affirmé avoir arrêté sept soldats mis en cause dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux montrant un massacre présumé de partisans de Kamwina Nsapu armés de bâtons et de lance-pierres.
 
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