L’Afrique, continent meurtri dans sa chair et dans ses aspirations les plus profondes, continue par la faute de ses enfants, à donner au monde l’image peu flatteuse d’une région abonnée aux chamailleries les plus futiles, les plus abêtissantes, aux dénis de justice, aux guerres, aux calamités de toutes natures.
Ici la démocratie censée encadrer et organiser une vie civilisée n’en est pas une. Elle fonctionne malheureusement sur le registre de la ruse, de la manipulation, du tripatouillage de la constitution, d’accaparements indécents des médias publics, de complots suivis d’arrestations d’opposants, d’assassinats politiques, de corruption généralisée et à tous les niveaux, de la violence sous toutes ses formes.
Cet état de fait qui distingue négativement notre gouvernance « démocratique » ne fait qu’alimenter clichés et stéréotypes concernant les africains. Et cela par la faute de ses fils incapables de rompre avec les infantilismes qui font que les autres nous prennent encore pour de « grands enfants ». Ont-ils tort de nous prendre pour des moins que rien habitués aux petites histoires ? Mais là,je dois dire que c’est nous qui prêtons le flanc en ce sens que nos Etats fonctionnent hors du temps et de toute rationalité économique, sociale et culturelle. Dur à avaler tout cela, mais c’est comme ça ! De fait, il nous revient de faire autrement pour mériter le respect et la considération des autres.
Faire autrement, c’est d’abord organiser partout en Afrique des élections libres et démocratiques ! Et dans cet ordre d’idées, montrons la voie, nous sénégalais ! La voie de l’exemple !
Pour les élections du 24 Février2019, veillons à ce qu’elles se fassent suivant les standards des pays les plus avancés en la matière. Le branle-bas de combat dans les Etats major politiques pour la grande bataille devant mener à l’occupation du poste tant envié de Président de la République ne doit pas occulter l’impératif d’excellence qui doit présider à tous les actes que nous posons sur le chemin d’élections crédibles.
Le mot est lâché : élections crédibles ! Tout le monde y pense, d’où ces moments de questionnements pour tous les Sénégalais épris de paix et de justice et cela au vu du climat politique actuel fort tendu. Les partis en présence dans l’échiquier politique ne se faisant aucun cadeau, c’est le règne de la surenchère verbale !
Une telle conjoncture amène certains esprits à se demander dans quel système politique sommes-nous ? Questions légitimes en ce sens que la démocratie est avant tout consensus fort sur les règles du jeu. Leur respect étant fondamental pour la poursuite de l’idéal démocratique qui se structure autour des consensus forts faisant appel de part et d’autre à une certaine générosité et à une certaine hauteur de vue. Tout cela semble malheureusement déserter le champ politique devenu un véritable champ de bataille où tous les coups sont permis. Et les observateurs avertis de se poser l’interrogation suivante : qu’est-ce qui arrive au Sénégal de 2000 et de 2012?
2000, année importante dans l’histoire du Sénégal avec la première alternance démocratique !
2012, année aussi importante qui a vu se consolider les acquis démocratiques avec une nouvelle alternance ! C’est le lieu de saluer la grandeur et l’esprit de dépassement des acteurs politiques principaux d’alors qui ont su faire preuve de grandeur et de responsabilité. Tout le contraire de ce qui se donne à lire et à voir sous nos yeux et qui n’augure rien de bon !
Un petit retour en arrière nous semble nécessaire. Qui ne se rappelle avec amertume des élections législatives du 26 Juillet 2017 avec comme maître d’œuvre, Abdoulaye Daouda Diallo. Des élections calamiteuses à tout point de vue avec leur lot de couacs et de défaillances de tous ordres Ce qui fait dire à beaucoup d’observateurs sérieux que les élections de Juillet 2017 ont été les plus mal organisées ces dernières années. Alioune Tine, membre influent de la société civile que nul ne peut suspecter de parti pris, a fait cette déclaration reprise à l’époque par plusieurs journaux de la place : « Depuis 1966, on n’a pas connu des élections aussi chaotiques ».
Et il n’est pas le seul à pointer du doigt cette élection-farce sous bien des rapports. Ecoutons à ce sujet Assane Samb de Rewmi quotidien : « C’est cependant une victoire sans gloire. Organiser des élections dans des conditions aussi désastreuses n’a rien de glorieux. (…) On ne peut plus se permettre ces couacs qui sont indignes de notre démocratie ». Aurons-nous en Février 2019 un remake de ce fameux et inoubliable …26 Juillet 2017 ? Laissons les faits arbitrer surtout que l’échéance de 2019 approche à grands pas !
Mais en attendant, le devoir de mémoire nous dicte de nous souvenir pour toujours des hommes et femmes qui se sont distingués positivement en organisant des élections sans faute. Le Général, LAMINE CISSE en 2000 a fait les choses en Grand ! Son collègue MAMADOU NIANG en a fait de même en 2001 avec des élections législatives sans faute. Idem pour maitre OUSMANE NGOM qui a su dépasser les contingences partisanes pour se mettre au service de la vérité : la vérité des urnes. A Tous ceux-là, la nation reconnaissante dit : MERCI ! MILLE FOIS MERCI !
MERCI d’avoir organisé des élections qui nous ont valu le respect et l’admiration du monde entier. C’est important voire fondamental de garder le cap en ce sens que les nations fortes c’est-à-dire celles qui gagnent, se consolident dans le respect du suffrage universel. Un déficit éthique prononcé au sommet du pouvoir (vouloir se maintenir coûte que coûte au pouvoir, quitte à tordre le coup à tous les principes qu’on défendait) déteint sur tout le tissu social et contribue grandement à la déstructuration de la société. Nous sommes tous avertis !
Le boulevard qui mène vers des compétitions électorales justes, sincères est jonché de scories à même de l’enlaidir. Saura-t-on à temps débarrasser l’avenue de tout ce qui peut lui donner un visage hideux et repoussant ?
En vérité le vote de 2019 ne sera pas facile. Les multiples enjeux attachés à ces consultations les rendent très compliquées. Les ambitions politiciennes risquent de faire gripper la machine électorale. N’empêche que dans tous les systèmes, même parmi les plus pourris, il y a toujours des hommes d’honneur, de principes, de refus qui n’accepteront pour rien au monde de marchander leur noblesse au détriment du peuple.
Compte tenu de ce qui précède, j’ose espérer qu’au-delà des doutes, des peurs, il est permis de rêver. Oui il est permis de rêver que la réussite d’une entité sur les autres au soir du 24 Février 2019 ne s’obtiendra pas par la magie de l’électronique ou de toutes autres contorsions nébuleuses en porte à faux avec les normes démocratiques. C’est cela l’exigence de l’Histoire ! Des lors, on peut espérer que le génie sénégalais , accoucheur de deux alternances sans douleur , saura encore cette fois inventer un futur qui romprait à jamais avec les troubles post électoraux et autres contestations.
Les élections de la honte du genre de ce qui s’est passé en 1996 avec les municipales et locales et celles de Juillet 2017 : personne n’en veut ! C’est évident ! Et le ministre Aly Ngouille Ndiaye avec son équipe saura, nous l’espérons, éviter certains pièges.
Il a déjà rassuré le peuple sénégalais que tout sera mis en œuvre pour des élections libres et transparentes. Cette belle profession de foi saura-t-elle résister aux chocs des ambitions et aux pressions de toutes natures. L’avenir proche nous le dira.
Nous rappellerons seulement au ministre Aly Ngouille Ndiaye ceci : il devra garder à l’esprit que ses devanciers, les Généraux, LAMINE CISSE, MAMADOU NIANG, Maître, OUSMANE NGOM ont organisé des élections sans faute et ont mérité de la nation. Acceptera-t-il de démériter aux yeux de la postérité ?
Tous comptes faits, les libéraux actuellement au pouvoir, pour l’histoire, LA GRANDE HISTOIRE, doivent éviter de faire en deçà de Diouf et Wade. S’ils doivent gagner, qu’ils gagnent dans la grandeur et la dignité ; s’ils doivent perdre, qu’ils perdent dans la grandeur et la dignité. C’est cette exigence là que nous impose notre histoire d’autant qu’on ne peut ruser infiniment avec celle-ci. Tous ceux qui l’ont essayé l’ont appris à leurs dépens. L’amour immodéré du pouvoir ne doit amener personne à vouloir mettre en danger la vie d’une nation. Cela, Diouf l’a bien compris ! Il aimait le pouvoir, ses ors et ses lambris mais il a su partir en Grand.
Et comme en 2000 et 2012, le vœu le plus cher de tous les Sénégalais est de voir le vaincu, dans un sursaut de patriotisme bridant toute velléité d’opposition au verdict populaire, venir féliciter le vainqueur. C’est cela que les Sénégalais de tous bords attendent de leurs autorités, de toutes leurs autorités ! Pas autre chose ! Le Sénégal qui est signataire de conventions internationales sur la bonne gouvernance et qui l’enserrent dans une dynamique de gestion civilisée des élections saura-t-il être à la hauteur ? Les prochains jours nous édifieront ! Quoi qu’il en soit, le jugement de l’histoire risque d’être implacable pour ceux ou celles qui auront travaillé à installer la démocratie sénégalaise dans une voie de garage après les bonds qualitatifs de 2000 et 2012.
Compte tenu de tout ce qui précède, j’exhorte tous les acteurs impliqués au niveau le plus bas jusqu’au sommet dans l’organisation des élections d’éviter pour quelques raisons que ce soit de jeter l’opprobre sur eux et leurs proches pour l’éternité, en voulant par des moyens imaginables et inimaginables, fausser les règles du jeu électoral. Le Sénégal ne s’arrêtera pas en 2019 !
Monsieur Aly Ngouille Ndiaye, la lourde tâche qui est la vôtre pourrait ne pas être très compliquée si on suit votre patron dans sa logique, lui qui a déclaré à la face du monde que le Sénégal est une démocratie majeure. Il ajoutera encore qu’il appartient à une lignée de guerriers. Très bien ! La casquette de démocrate et de guerrier qu’il revendique nous autorise à penser que nous aurons des élections JUSTES et TRANSPARENTES en ce sens que le code d’honneur du guerrier doublé d’un démocrate ne peut souffrir la combine et la triche. Le sens de l’Honneur et de la Dignité colore tous les actes que pose le guerrier. De fait, il veillera à ce que tout se déroule dans les règles de l’art.
Espérons qu’au soir du 24 Février 2019, le Sénégal signifiera au monde qu’on peut ne pas désespérer de l’Afrique et des africains.
Monsieur le ministre : la balle est dans votre camp ! Sauriez-vousréussir avec éclat cerendez-vous important que vous avez avec l’Histoire ? Wait and see !
Madi Waké TOURE,
Conseiller en Travail Social, Formateur à l’ENTSS
tmadi70@yahoo.fr