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Municipales au Venezuela: Maduro dégage la voie avant la présidentielle

Lundi 11 Décembre 2017

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé dimanche que les principaux partis d'opposition seraient exclus de l'élection présidentielle de 2018, en raison de leur boycott du scrutin municipal organisé ce jour.

"Tout parti qui n'a pas participé aujourd'hui et qui a appelé au boycott des élections ne peut plus participer", a déclaré le dirigeant socialiste lors d'une conférence de presse, affirmant qu'il s'agissait là d'un "critère de l'Assemblée nationale constituante", intégralement composée de partisans du chef de l'Etat.

Le président s'exprimait à l'issue d'une journée électorale marquée par une participation apparemment faible, avec de nombreux bureaux de vote quasi-déserts, alors que la victoire de son camp semble presque assurée en l'absence des trois principaux partis d'opposition, ceux de Henrique Capriles, Leopoldo Lopez et Henry Ramos Allup.

Le vote, qui devait se terminer à 16H00 locales (20H00 GMT), n'était toujours pas clos vers 23H00 GMT, ce qui pourrait retarder les résultats, initialement attendus entre 02H00 et 04h00 GMT lundi.

"Nous devons nous préparer dès maintenant pour l'élection présidentielle", a déclaré le chef de l'Etat. Ce scrutin est programmé pour décembre 2018 mais sera sans doute avancé au premier trimestre selon nombre d'analystes.

Le vice-président Tareck El Aissami a déjà annoncé que M. Maduro, élu en 2013, briguerait un second mandat l'an prochain, malgré sa faible popularité, dans un contexte de grave crise économique et de réprobation de sa gestion de la crise politique par la communauté internationale.

Ces élections municipales lui servent de dernier test grandeur nature avant le rendez-vous de 2018.

"Le message est très clair, c'est par la voie du vote que nous voulons des solutions pour le pays", géant pétrolier ruiné notamment par la chute des cours du brut, a lancé M. Maduro.

La participation était faible dans la capitale Caracas et d'autres villes comme San Cristobal, frontalière avec la Colombie, ont observé des journalistes de l'AFP. Les élections municipales sont généralement peu populaires, et en 2013 seuls 42% des électeurs s'étaient déplacés.

Le politologue Luis Salamanca entrevoit ainsi une "victoire quasi-certaine du gouvernement, accompagnée d'une forte abstention".

"Pour la participation, nous sommes en bonne voie", a cependant assuré le ministre de la Communication Jorge Rodriguez, également directeur de campagne du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) au pouvoir.

- L'opposition a déçu -

Près de 20 millions de Vénézuéliens étaient appelés aux urnes pour élire les maires de 335 villes pour quatre ans. Actuellement le PSUV en gouverne 242 et l'opposition 76 seulement, le reste étant aux mains d'indépendants.

Après la colère au printemps, avec trois mois de manifestations exigeant le départ du président Maduro et qui ont fait 125 morts, l'heure semble être au découragement dans le pays, face à une crise économique qui provoque de graves pénuries d'aliments et de médicaments, ainsi qu'une inflation galopante, attendue à plus de 2.300% en 2018 par le FMI.

Victor Torres, chauffeur à Macaraibo (nord-est), soupire: "je suis allé acheter l'autre jour une banane: elle coûtait le matin 1.900 bolivars, et 3.000 l'après-midi. On ne peut vivre ainsi. Les politiques me déçoivent".

Car c'est aussi l'opposition qui a déçu: deux ans après sa victoire historique aux élections législatives, où elle avait remporté pour la première fois depuis 1999 la majorité au Parlement, elle se déchire entre partisans du dialogue et adeptes d'une ligne plus dure.

Et si les trois principaux partis de la Table de l'unité démocratique (MUD) ont renoncé à présenter des candidats aux municipales, certaines formations y participent de façon indépendante.

La coalition peine à se remettre de sa gifle électorale aux régionales d'octobre, largement remportées par le camp présidentiel malgré les nombreuses accusations de fraudes.

Les opinions négatives à son égard ont grimpé de 46,1 à 65,7%, selon un sondage Venebarometro réalisé entre octobre et novembre, pendant que la popularité du président Maduro remontait de 24,4 à 31,1%.

La MUD se rend compte aussi qu'aucune stratégie - confrontation dans la rue ou négociation - ne semble ébranler le chavisme (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013), qui garde la mainmise sur la quasi-totalité des institutions.

Emblème de cette hégémonie: l'Assemblée constituante, aux pouvoirs très étendus, a confisqué ceux du Parlement, unique instance contrôlée par l'opposition.

Les maires élus dimanche devront d'ailleurs, pour pouvoir exercer leur mandat, prêter allégeance devant cette institution rejetée par une grande partie de la communauté internationale. (AFP)
 
 
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