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Nicolas Sarkozy a-t-il eu droit à un traitement de faveur en étant autorisé à rentrer chez lui pendant sa garde à vue ?

Mercredi 21 Mars 2018

La levée de la garde à vue de l'ancien président de la République pendant la nuit permet aux enquêteurs de ne pas "gaspiller" de précieuses heures d'interrogatoire.


 
En permettant à Nicolas Sarkozy, placé en garde à vue mardi 20 mars, de rentrer chez lui pour la nuit avant de l'auditionner à nouveau le lendemain, le juge d'instruction a-t-il octroyé un traitement de faveur à l'ancien président de la République ? Certains lecteurs de franceinfo s'interrogent. Parmi les commentaires reçus dans notre live, @fjc59 dénonce le fait que "Sarkozy rentre chez lui alors que le lambda dort en cellule". "La justice doit être juste pour tous", poursuit-il, alors qu'un autre se dit "révolté" par ces "privilèges".
 
Mais Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment bénéficié d'un privilège d'ancien chef de l'Etat dans la nuit de mardi à mercredi ? "Pour le commun des mortels, ça peut paraître choquant mais tout dépend en réalité du contexte", expliquent en substance deux avocats interrogés par franceinfo.
"On sait très bien qu'il ne va pas s'évaporer dans la nature"
 
"Dans une affaire de stupéfiants par exemple, il est évident que les enquêteurs ne vont pas s'amuser à autoriser la personne à rentrer chez elle car elle pourrait en profiter pour fuire, détruire ou modifier des preuves ou se concerter avec ses complices", convient Jérôme Goudard, avocat pénaliste à Paris. Concernant Nicolas Sarkozy, "on sait très bien qu'il ne va pas s'évaporer dans la nature", estime l'avocat. Quant à la possibilité d'altérer des preuves ou d'entrer en contact avec d'autres protagonistes pour ajuster ses déclarations, elle apparaît assez improbable.
 
En matière financière, les choses sont un peu différentes par rapport au droit commun", confirme Stéphane Babonneau, avocat spécialisé en droit pénal des affaires. Si la levée de garde à vue pendant la nuit n'est certes "pas la pratique habituelle", l'avocat affirme avoir déjà connu ce cas de figure pour certains de ses clients.
 
Une façon de "maximiser" le temps de la garde à vue
 
Mais surtout, en permettant à Nicolas Sarkozy de dormir chez lui, les magistrats semblent avoir cherché à maximiser le temps consacré aux auditions. "Il faut bien comprendre qu'une garde à vue peut durer jusqu'à 48 heures, et pas une minute de plus. Or, dans ce type de dossiers extrêmement complexes, on n'a pas de temps à perdre", explique Stéphane Babonneau.
 
La levée de la garde à vue pendant la nuit permet ainsi aux juges d'interrompre le compteur de la durée de la garde à vue. Quand Nicolas Sarkozy est revenu mercredi matin pour répondre aux enquêteurs, après une quinzaine d'heures d'interrogatoire mardi, la garde à vue a donc repris là où elle a été suspendue, à partir de la quinzième heure. "Cela permet au juge de maximiser le temps nécessaire pour le bombarder de questions", commente Jérôme Goudard.
 
Ce placement en garde à vue n'est pas une première pour Nicolas Sarkozy, qui a déjà dû affronter cette mesure le 1er juillet 2014 dans le dossier du trafic d'influence présumé mis au jour notamment par des écoutes téléphoniques entre lui, alias Paul Bismuth, et son avocat. La garde à vue avait alors duré quinze heures et Nicolas Sarkozy avait été mis en examen par le juge dans la foulée, vers 2 heures du matin. (francetvinfo)
 
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